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Marine, un médecin généraliste, au bord de l’épuisement: "On ne fait plus notre boulot de base, on est vraiment épuisés"

Les médecins généralistes sont eux aussi en première ligne face à la crise sanitaire. Marine, jeune médecin de 34 ans, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. Elle affirme être au bord de l’épuisement et demande plus d’aide de la part des autorités. Elle est passionnée, mais n’a plus l’impression de faire son métier.

Marine travaille comme médecin généraliste au Centre médical VitaSanté à Mont-Saint-Guibert, créé il y a un an. Sa profession, elle la pratique depuis 6 ans, mais ces deux dernières années, il a l'impression que la médecine n’est plus la priorité.

"Nous sommes au bord de l’épuisement", confie-t-elle. "Pour l’instant, on fait beaucoup de gestion covid et la gestion administrative, et finalement on a moins de temps pour les soins classiques. On aimerait pouvoir écouter le patient plus longtemps."

Elle estime travailler 15h par jour et pourtant, à cause de la charge administrative, elle sent que son métier de base est oublié.

"On a envie d'aider tout le monde. On n'a pas assez d'heures dans une journée. On met totalement notre vie privée de côté. C'est difficile de trouver la bonne gestion. On est fatigués, épuisés. Cela fait deux ans qu'on tient mais ça devient difficile."

Pour tenter d’absorber le travail, de sa propre initiative, ce médecin a installé un mini centre de dépistage où elle travaille et le tout à ses frais. Les infirmiers ont été appelés en renfort. Plus de 150 tests sont effectués en une heure. 

"On met vraiment de côté les soins de base. On fait tout rapidement et beaucoup de choses à distance. J’ai envie de revenir à notre métier de base qui est l’écoute du patient, prendre le temps, être là pour tout le monde et là, ça n’est pas vraiment le cas. On est sur le qui-vive tout le temps pour absorber la charge de travail et ça c’est dommage", regrette-t-elle.

On compte 10.000 médecins généralistes en Belgique. Ce sentiment est largement partagé. "Toutes les obligations administratives, sur 10h de travail par jour, me prennent plus d'une heure", indique le docteur David Simon, administrateur de l'Association Belge des Syndicats Médicaux (ASByM). "Mes journées sont trop complètes. Cela veut dire que je dois donc reporter en moyenne 5 patients au lendemain. Des patients qui nécessitaient des soins. Je devrais engager une secrétaire pour ne faire que ça toute la journée. Mais je n'ai pas les moyens."

Cette situation inquiète les associations syndicales de médecins. Pour David Simon, deux craintes: le nombre de patients qui n'ont pas accès aux soins de leur médecin traitant et le découragement des nouveaux praticiens. "J'ai de plus en plus de témoignages d'assistants en médecine générale qui voient ce qu'on fait avec leur maître de stage et qui décident de ne pas faire la médecine générale et d'opter pour une autre spécialité: chirurgie, gynécologie,... quelque chose d'autres." 

Les autorités fédérales rappellent que la stratégie de test a déjà été adaptée pour tenter de faire "respirer" ce personnel soignant.

"Notre stratégie de test a été adaptée pour que la situation - au milieu de cette quatrième vague - reste viable pour nos médecins généralistes et nos centres de test, et pour alléger la pression sur eux. Dans ce même objectif, nous introduisons un certain nombre d'applications sur maSanté.be et via l'appli Coronalert", indique Jan Eyckmans, le porte-parole du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke

Des mesures prises par les autorités fédérales

- Adaptation de la stratégie de testing pour les personnes ayant eu un contact à haut risque.

- L'outil d'auto-évaluation sur maSanté.belgique.be permet d’évaluer si un test PCR est nécessaire. Si c'est le cas, vous pouvez immédiatement télécharger un code de test en ligne, ainsi qu'une attestation d'absence pour votre employeur pendant le temps nécessaire pour vous faire tester. 

- Sur le site maSanté.belgique.be, les citoyens contaminés peuvent communiquer eux-mêmes leurs contacts à haut risque en indiquant leur adresse e-mail ou leur numéro de GSM. Ces personnes reçoivent alors automatiquement une notification et un code de test pour passer un test PCR. 

- Une personne qui utilise l'appli Coronalert et qui a eu un contact à haut risque (et qui obtient donc un écran rouge) peut cliquer sur un lien vers un site web en dehors de l'application pour obtenir un code de test pour un dépistage gratuit. Le site maSanté.be permet également d’enregistrer d’autres personnes lorsqu’on pense qu’elles ont eu un contact à haut risque. 

- Réservation d’un test PCR sur maSanté.belgique.be après autotest positive sans passer par son médecin.

- Envoi automatisé du certificat de quarantaine ou "Demande de certificat de quarantaine" online.

Pour Jan Eyckmans, le porte-parole du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, ces applications permettent de réduire la pression sur les médecins généralistes et le suivi des contacts. "Ce qui libère de la capacité pour les personnes qui ne peuvent pas utiliser ces systèmes. Ces dernières peuvent encore appeler le 02/214.19.19 pour demander un code de test", indique-t-il. "Actuellement, nous voulons diminuer la multitude d’attestations pour absence de maladie et nous voulons simplifier l'introduction d’un certificat électronique."

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