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Pourquoi y a-t-il autant de permis motos? "Mon fils en a passé et réussi quatre, mais il ne peut plus rouler avec la moto de ses rêves", dénonce Olivier

A seulement 22 ans, le fils d’Olivier a déjà passé quatre permis différents. Et il devra encore en réussir au moins un autre pour pouvoir conduire un engin plus puissant. L’objectif derrière cette multiplication des épreuves, et donc aussi des coûts, est à rechercher du côté de la sécurité routière.

Olivier a choisi de partager son incompréhension, via le bouton orange Alertez-nous. Il dénonce les règles liées à l’obtention des différents permis de conduire pour les deux roues en Belgique. Son fils, Eliott, en a fait les frais. A 22 ans, le jeune homme a déjà passé et réussi six fois son permis théorique et pratique. A savoir, les permis théorique et pratique pour les cyclomoteurs à 16 ans, les permis théorique et pratique pour conduire une voiture à 18 ans, puis les permis théorique et pratique pour rouler avec une moto d’une cylindrée maximale de 125 cc.

Le jeune homme a réussi son permis théorique pour la catégorie supérieure A2, soit pour les motos d’une puissance maximale de 35 kW (47 ch). Il était jusqu’ici couvert par un permis provisoire obtenu après un nouvel examen, mais avec la crise covid, il a laissé passer le délai pour passer l’examen pratique final. Pour rouler avec sa moto 650 cc, il devrait donc repasser théorie et pratique. Sachant qu’à 24 ans, il devra passer son permis A (requis pour les motos dont la puissance dépasse 35 kW), il a donc choisi de renoncer au permis A2 et de patienter deux ans.

Ça me fend le cœur qu’il doive laisser sa moto sous une bâche

"Jusqu’ici, il avait tout réussi. Il n’a jamais eu d’accident. Ça me fend le cœur qu’il doive laisser sa moto sous une bâche", confie Olivier. "On est au printemps. Sa moto, c’est sa liberté. Il a passé assez de théoriques et de pratiques. Et il est étudiant, il travaille pour se payer les examens". Pour ce papa, la pilule est d'autant plus difficile à avaler que l'engin de son fils, c'est en fait sa moto qu'il avait déjà à la naissance d'Eliott (voir photo ci-dessus): "Je l'ai retapée et je lui ai offerte pour ses 18 ans. C'est un rêve pour lui depuis qu'il est bébé".

Le père critique le nombre de permis qu’il faut passer pour conduire une moto : "Je comprends que la moto est dangereuse et qu'il faut des règles"... mais pour lui, c'est quand même trop: "C'est un véritable scandale, une vraie pompe à fric pour l'Etat et les auto-écoles".

Motard lui-même, il ne comprend pas l’utilité d’avoir des examens théoriques différents : "C’est le même code de la route". Et tous ces examens à passer s’additionnent et cela finit par représenter un certain coût. Il faut compter 15 euros environ pour la théorie et entre 50 et 70 euros pour la pratique. Sans oublier le prix des cours de conduite qui peut atteindre plusieurs centaines d’euros, en fonction de la formule et du nombre d’heures suivies. Olivier a fait les comptes: son fils a déjà dû débourser plus de 2.100 euros en tout.

Quatre permis différents

Il existe en effet quatre permis de conduire différents pour les cyclomoteurs et les motos. Et pour chaque catégorie, il y a un examen théorique et pratique.

Le permis de la catégorie AM est requis pour les conducteurs de cyclomoteurs, scooters ou quadricycles légers d’une cylindrée maximale de 50 cc ou d’une puissance maximale nominale inférieure ou égale à 4 kW (motos électriques) et dont la vitesse maximale n’excède pas 45 km/h. Il peut être passé à partir de 16 ans.

Dès 18 ans, le permis A1 est requis pour les conducteurs de motos d’une cylindrée maximale de 125 cc, qui présentent une puissance maximale de 11 kW (15 ch) et un rapport puissance/poids de 0,1 kW/kg maximum.

Le permis A2 est nécessaire pour les conducteurs de plus de 20 ans pour les motos d’une puissance maximale de 35 kW (47 ch), qui présentent un rapport puissance/poids de 0,2 kW/kg.

Pour les conducteurs de plus de 24 ans, le permis A est requis pour les motos dont la puissance dépasse 35 kW. Ceux qui détiennent le permis A2 depuis 2 ans au moins peuvent le passer à 22 ans.

Qu’est-ce qui justifie le fait qu’il y ait quatre permis différents ?

Ces différents permis sont nécessaires, d’après Virginia Li Puma, la porte-parole du groupe Autosécurité qui organise les examens du permis de conduire, selon les critères établis par la législation. "Même pour l’examen théorique, il y a une base commune, des règles qui s’appliquent à tous, comme la priorité de droite ou les feux, mais aussi des spécificités pour chaque catégorie, par exemple en termes de vitesse", dit-elle.

Benoît Godard, le porte-parole de l’Institut Vias en charge de la sécurité routière, précise : "Le but, c’est d’avoir un permis progressif".

Avant la réforme de la réglementation européenne, un jeune de 18 ans qui passait son permis pouvait conduire une moto de n’importe quelle puissance. Depuis la transposition dans le droit belge de nouvelles règles européennes en 2013, il faut procéder par étape, une augmentation progressive de la puissance pour arriver à des motos de tout type. "Cela peut paraître embêtant", concède Benoît Godard, mais "ce n’était pas normal de pouvoir conduire une toute grosse moto quand on avait 18 ans à peine".

L’objectif de ce changement était donc d’améliorer la sécurité routière. Benoît Godard rappelle que c’est à moto que le risque d’être tué est le plus élevé. "Par rapport aux cyclistes, il y a la vitesse en plus et s’il faut comparer aux autres véhicules, l’absence d’habitacle rend les motards plus vulnérables".

Près de 10 ans après l’adoption de ces différentes catégories, quel est le bilan ?

Il y a un impact positif sur la sécurité routière. Selon des chiffres de l’Institut Vias, en 2013, on dénombrait 104 personnes tuées à moto et 3.112 accidents impliquant une moto. En 2021, 61 personnes ont été tuées à moto et 2.355 accidents ont été recensés. "Il y a une réduction de 40% du nombre de tués malgré une augmentation des immatriculations de motos de l’ordre de 15% environ", note Benoît Godard. Et pour lui, "le changement de règles a clairement joué un rôle dans cette baisse, même s’il y a d’autres facteurs, comme les contrôles plus nombreux".

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