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Son fils agressé dans un parc à Forest, Zohir dénonce le manque de sécurité dans la commune: est-ce une réalité?

"Mon fils s'est fait agresser au parc du Bempt à Forest (…) On se sent vraiment en insécurité", nous écrit Zohir via le bouton orange Alertez-nous. Au moment de nous contacter, cet habitant de la commune de Forest (région bruxelloise), est toujours abasourdi par ce qu'il s'est passé dans son quartier le dimanche 3 octobre. Il était 19 h lorsque son fils Mohamed, âgé de 16 ans, est sorti de chez lui pour acheter du pain. Sur son chemin, il croise deux jeunes hommes qui le suivent et le forcent à entrer dans le parc à proximité, celui du Bempt à Forest. "Après l'avoir mis à terre, Ils ont commencé à prendre son téléphone, ses airpods (des écouteurs sans fils, ndlr), sa carte bancaire, son portefeuille et sa ceinture. Ils l'ont ensuite tabassé", nous raconte son papa. Après 30 minutes, il parvient à s'enfuir et à rejoindre son domicile, complètement étourdi par les coups reçus au visage. "Il est revenu avec le visage en sang, il était défiguré. On ne le reconnaissait plus", décrit Zohir. Une scène qui choque toute la famille. "Ma femme est tombée dans les pommes et moi j'ai failli m'évanouir aussi", ajoute le papa. Inquiets, ils se rendent à l'hôpital pour faire un examen clinique. Après consultation, le médecin constate que Mohamed a une fracture du nez, une tuméfaction aux niveaux des joues et de nombreux hématomes sur le visage et sur le cuir chevelu. Il place le jeune homme, scolarisé à l'école d'Uccle, sous certificat médical pendant 7 jours le considérant dans l'incapacité de fréquenter les cours.

Il en fallait peu pour pousser Mohammed et son père à porter plainte le soir même au commissariat de la police de Forest. "Mon fils a raconté l'histoire et a fait sa déposition. La police nous a dit qu'elle allait nous recontacter", explique Zohir. Sans témoins, ils espèrent que les caméras installées sur le territoire de la commune de Forest permettront d’identifier rapidement les auteurs de l’agression.

Aucune nouvelle une semaine après l'agression

Une semaine après l'agression, le père n'a toujours pas été recontacté. Une situation qui devient de plus en plus difficile à gérer à domicile. "Actuellement, on se sent en insécurité totale", déplore-t-il. Habitant dans la commune depuis 20 ans et travaillant comme technicien dans une entreprise à proximité, Zohir, 44 ans, n'avait jamais connu de problèmes dans le quartier. "On a toujours été un peu tranquille", nous dit-il.

Il est traumatisé psychologiquement

Par ailleurs, il ne comprend pas pourquoi son fils a été victime d'agression. "Il est connu pour être quelqu'un de calme. Il ne traîne pas dans les parcs et n'a jamais eu de problèmes avec la police ni même les voisins". Aujourd'hui, il est inquiet pour son fils, qui a encore quelques bleus au visage. "Il est traumatisé psychologiquement. Il est beaucoup plus calme qu'avant. Ça ne me plaît pas. Je connais mon fils et il n'est pas comme ça", constate-t-il. Par ailleurs, cette agression a aussi chamboulé le quotidien de Zohir. "Je me réveille la nuit en voyant mon fils par terre se faire tabasser. J'ai mal au ventre quand j'y pense", raconte-t-il. Néanmoins, le jeune homme de 16 ans a réussi à surmonter ses peurs en accompagnant son père à effectuer le même trajet que le jour de son agression. 

   

La police parviendra-t-elle à identifier les auteurs de l’agression ? A ce stade, il est difficile de connaitre les avancées du dossier. Après le dépôt d’une plainte, la police rédige un PV qui est systématiquement envoyé au parquet. "C'est le parquet qui décide de la suite. Soit le parquet décide de clôturer le dossier s'il n'y a pas assez d'éléments ou si ce n'est pas prioritaire, soit il décide qu'on continue l'enquête pour avoir d'autres éléments de preuves à envoyer au tribunal", réagit Sarah Frederickx, porte-parole de la zone de police Bruxelles midi (Anderlecht, Saint-Gilles et Forest). Ainsi, l'enquête judiciaire est menée en concertation avec le magistrat. 

Les images des caméras comme éléments de preuve

Pour compléter le dossier, les images des caméras installées peuvent servir d’éléments de preuve. Depuis la loi caméra de 2007, le service de police a en effet accès à ces images. Mais elles ne leur sont accessibles que pendant 1 mois à compter de leur enregistrement et à condition de pouvoir prouver un intérêt opérationnel. Les images sont ensuite utilisées à des fins de police judiciaire, moyennant l’autorisation du procureur du Roi. Elles peuvent être conservées pour un délai maximal de 1 an. 

Dans l'espace public de la Région bruxelloise, on compte plus de 1300 caméras de surveillance. Cette technologie a vraiment pris son essor dans la ville en 2003, lorsque les communes ont bénéficié d'un budget pour mettre en place un dispositif de vidéosurveillance sur leur territoire respectif.

Sur la commune de Forest, il y a aujourd'hui 21 caméras mais aucune ne se trouve dans le parc du Bempt. "Sur le territoire de Forest, il y a 18 caméras gérés par la police, 3 caméras communales mobiles qui sont au service la propreté et des caméras régionales mobiles pour la sécurité routière. La seule caméra de police à proximité du parc du Bempt se trouve sur la chaussée de Neerstalle mais elle ne donne pas directement sur le parc", nous informe Estelle Toscanucci, attachée de communication auprès du cabinet du bourgmestre de Forest. Pour la commune de Forest, le nombre de caméras présentes sur le terrain est pour l’instant suffisant pour la sécurité des habitants. Elle n’a donc pas l’intention d’installer d’autres caméras dans les années à venir. "On collabore constamment avec la police. On vérifie les besoins mais ici, il n’y a pas de volonté particulière (…)". Néanmoins, Zohir nous confirme que les agresseurs ont suivi son fils sur le chemin de la boulangerie vers le parc. Il est dès lors possible d'utiliser les images des caméras installées dans le quartier. 

En 2020, il y a eu 110 vols avec violence sans arme à Forest

L’insécurité ressentie par Zohir est-elle pour autant partagée par d’autres citoyens du quartier ? Lorsque nous posons la question à certains commerçants du coin, les avis sont mitigés. "Ça a bien changé en 35 ans. On ne sort plus après 21h", nous raconte un gérant d’une station-service. Une opinion similaire à celle de Jean, dont le commerce est à moins de 100 mètres du parc du Bempt. "Je promène mon chien tous les matins dans le parc et je vois de plus en plus de personnes qui zonent, ce n’est pas rassurant", nous communique ce tapissier décorateur. A l’inverse, Simon, gérant d’une boucherie depuis 1 an et demi donne un point de vue différent. "Je travaille de 7h à 21h dans ma boucherie. Je me sens en sécurité, c’est un quartier paisible", nous confie-t-il.

La commune n’a d’ailleurs pas confirmé ce sentiment d’insécurité général. "Sur base des mails reçus par les citoyens, on n’a pas reçu de signalements concernant un sentiment d’insécurité général à Forest", déclare Estelle Toscanucci, attachée de communication du cabinet du bourgmestre de Forest.

Que disent les chiffres ? Sur le site de la police fédérale, nous avons consulté les statistiques de criminalité par commune. En référençant le délit "vol avec violence sans arme", la commune de Forest en a connu 110 sur l’année 2020, un chiffre 3 fois moins élevé que la commune d’Anderlecht (427) ou que la commune de Saint-Gilles (407), et 14 fois moins élevé que la commune de Bruxelles (1547).

A l'heure d'écrire ces quelques lignes, Zohir et son fils sont toujours sans nouvelles de la police ni du parquet.

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