Accueil Actu

Un couple de Seraing surpris par la taxe poubelle: "Qu'est-ce qui justifie un passage de 98 à 146 euros?"

Mauvaise nouvelle pour le portefeuille de Roger et Bernadette (prénoms d'emprunt car ils veulent rester anonymes). Ce couple qui habite Seraing depuis 7 ans a découvert début février que la taxe poubelle a augmenté. "Pourquoi notre forfait immondices annuel est passé de 98,30 euros à 146,72 euros? Est-ce normal ?", s'interrogent-ils. La commune et Intradel, l'intercommunale liégeoise de gestion des déchets, expliquent les raisons de la modification de cette taxe.

La Ville de Seraing avait annoncé une première fois la modification de sa taxe poubelle en novembre 2019. Une hausse des prix qui a eu un impact considérable sur la taxe payée par Roger et Bernadette (prénoms d'emprunt car ils veulent rester anonymes), surpris au moment de découvrir le montant de la facture.

"Les années précédentes, nous devions payer 98 euros et d’un coup ça passe à 146", souligne Bernadette. "Ce n’est pas la période idéale pour amener des augmentations pareilles, en pleine période de crise. S’ils ont constaté maintenant qu’ils ne prélevaient pas assez les années précédentes sur le tarif de base, c’est un peu de l’ingérence."

Le couple qui vit depuis 7 ans dans la commune, "ne s’attendait pas à ça. Certainement comme la plupart des Sérésiens. Je n’avais pas été prévenue, j’ai juste reçu la facture", fustige encore Bernadette.

Seraing a en effet mis en place de nouveaux tarifs indexés. La taxe "socle" ou "déchets" passe ainsi de 72,48€ à 94,38€ pour un ménage d’une personne, de 87,95€ à 125,76€ pour un ménage de 2 personnes, de 98,30€ à 146,72€ pour un ménage de 3 personnes, de 103,47€ à 157,20€ pour un ménage de 4 personnes et de 108,64€ à 157,20€ pour un ménage de 5 personnes et plus.

>LIRE AUSSI Les Wallons payent davantage pour leurs poubelles depuis 2020

Seraing modifie ses tarifs qui étaient beaucoup plus bas qu’ailleurs dans la région

Une augmentation moyenne de 80 centimes par mois, par habitant

"Seraing modifie ses tarifs qui étaient beaucoup plus bas qu’ailleurs dans la région. La comparaison est difficile car tout le monde n’organise pas sa taxe de la même façon", explique la commune.

"Par mois et par habitant, c’est en moyenne une augmentation de 80 centimes en fonction de la composition de ménage", précise la commune sur son site internet.

Baisse des suppléments pour ceux qui génèrent trop de déchets 

La taxe socle augmente, mais la taxe proportionnelle a diminué. Les suppléments pour les personnes qui dépassent leur quota de déchets diminuent de 50%.

Les Sérésiens peuvent par ailleurs mettre plus de types d’emballages dans leur sac PMC (P + MC) (en savoir plus). Selon la commune, les citoyens pourraient ainsi "faire des économies". 

Des aides toujours maintenues

La commune offre également des "amortisseurs sociaux". "Ce sont par exemple des quotas de déchets supplémentaires pour des familles avec enfants qui portent des langes, notamment concernant les gardes alternées ou des gardes chez les grands-parents", nous explique-t-on. "On tient aussi compte de la forme de l’habitat et des gens qui n’auraient pas l’habitation pour stocker des poubelles. Il y a aussi des aides pour les personnes qui ont des revenus d’intégration ou équivalents. Ces aides sont indexées."

La commune dit être "consciente" que l'augmentation de cette taxe déchets "peut poser des problèmes". Les ménages ont été informés que, comme les autres années, des aides sont toujours maintenues. Des plans de paiement sont disponibles ainsi qu'une assistance tant des services des taxes et des services du CPAS pour trouver des solutions aux problèmes les plus aigus.

"Les problèmes aigus peuvent ne pas être des problèmes financiers mais des problèmes de mauvaise compréhension du tri, de générer beaucoup de déchets. Dans ce cas-là, je me rends personnellement avec la conseillère environnement auprès des ménages qui en font la demande pour essayer de comprendre où se situe le problème et pouvoir le régler", explique la commune.

La taxe déchets augmente pour deux raisons principales à Seraing: il faut atteindre de manière obligatoire le coût-vérité de 100%(c'est-à-dire le coût réel du traitement des déchets) et s'adapter à l’augmentation des tarifs d’Intradel.

>LIRE AUSSI Pourquoi êtes-vous concerné par le coût-vérité ?

Une taxe qui ne rapporte pas aux différentes communes

En d'autres termes, la commune de Seraing n'a pas vraiment eu de marge de manœuvre, car un arrêté wallon impose le calcul de la taxe. Une taxe qui ne rapporte pas aux différentes communes étant donné qu'elle sert à payer les intercommunales (ndlr: 7 en Wallonie) qui s'occupent de ce service.

Les communes doivent payer le coût réel du traitement des déchets

Des intercommunales qui sont aussi sous pression financièrement, comme l'explique Jean-Jacques De Paoli, le porte-parole Intradel. Il détaille l'augmentation des tarifs. 

"C’est une obligation pour les intercommunales de facturer aux communes le coût réel du traitement. Dans ce qu’on appelle le service minimum, il y a tout une série de services qui sont repris : accès au recyparc, les actions de prévention, la collecte en porte-à-porte, le traitement et la gestion des déchets récoltés... Pour certaines communes, on peut même y inclure la collecte des sapins de Noël. Ce service minimum a un coût et ce coût dit coût vérité, Intradel le facture aux communes chaque année au coût réel de l’exploitation à toutes les sorties moins toutes les rentrées."

"Au bout d’une année, les entrées moins les sorties nous donne un coût réel d’exploitation qui nous sommes obligés de facturer aux communes", poursuit Jean-Jacques De Paoli. "De leur côté, les différentes entités sont obligées de taxer le citoyen sur base du coût vérité dans une fourchette de pourcentage qui se situe entre 95% et 110 % du coût vérité. La commune est tout à fait libre de choisir une politique communale entre 95 et 110% du coût qu’Intrabel facture à la commune."

Quelles sont les nouvelles dépenses pour Intradel?

"On a perdu une série de subsides de la région wallonne, comme ceux relatifs à l’incinération. Ils ont baissé. Finalement, ça nous a coûté plus cher d’incinérer les déchets ménagers résiduels", détaille le porte-parole. "La région wallonne subsidiait par ailleurs la reprise et le traitement des déchets spéciaux des ménages comme les pots de peinture, pots de produits de bricolage (colle à bois…), silicone... L’abandon de la prise en charge de ces déchets spéciaux dans les recyparcs coûte à présent 1,2 million d’euros par an à Intradel. Pas la collecte mais le traitement nous coûte ce montant-là. Précédemment, la Région wallonne prenait en charge ce traitement."

Autre type d’augmentation subie: les augmentations relatives aux transports. "Si on remonte 5 ans en arrière, la Région wallonne a décidé que les camions (en fonction des kilomètres et du carburant utilisé) allaient avoir une taxe supplémentaire. Chez Intradel, ce sont les transporteurs qui doivent l’assumer. Il est évident que par effet rebond, nous en avons subi les conséquences aussi. Il y avait tout une série de raisons qui faisait qu’à un moment donné, le coût de collecte et de traitement de déchets allait augmenter. Pendant 4 ans, on a absorbé cette augmentation sur base de notre trésorerie et la 4e année, on a dit aux communes qu’on devait augmenter de 4%."

Suite à cette décision, les communes ont dû s'adapter en fonction de leur situation. "Dans la même année où on a augmenté de 4%, des communes n’ont pas bougé à leur taxe urbaine. Seraing l'a fait mais est une des communes qui a le plus de mesures sociales et offre à certains citoyens des facilités. C’est une commune qui travaille beaucoup avec des mesures sociales. Qui dit mesure sociale, dit mesure de solidarité. C'est-à-dire qu’à un moment donné, il faut rééquilibrer par rapport à des citoyens qui ont une maison 4 façades avec un grand jardin. Il y a un équilibre social sur la commune."

À lire aussi

Sélectionné pour vous