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Un champ bientôt transformé en lotissement à Ramillies: "L'été, je voyais les cheminées flamboyantes de la centrale", déplore Philippe

Une urbanisation, "inévitable" selon certains, perturbe la quiétude de quelques dizaines de riverains de l'est du Brabant wallon. La zone est bâtissable, et vu la pression immobilière que connait la province, les promoteurs s'activent. Au grand dam de Philippe, qui aimait jouir d'une vue dégagée...

Philippe a 59 ans et habite Ramillies, en province du Brabant wallon. Et aujourd'hui, il est inquiet. Il a appuyé sur le bouton orange Alertez-nous pour nous livrer son tourment quant à ce qui allait advenir du vaste terrain de 2 hectares et demi situé derrière son habitation. Ce terrain déclaré "zone d'habitat" par le plan de secteur était jusqu’à présent une prairie. Elle devrait être prochainement modifiée en lotissements, comme le veut sa destinée. Philippe nous détaille qu’une réunion de concertation a eu lieu fin décembre pour discuter du permis d’urbanisation. Des modifications qui vont impacter les habitants de la Frète et de la rue du Village…

On s'est inquiété de voir apparaître une équipe de géomètres

Et de nous décrire la vue dont il jouit à présent: "Derrière chez moi, il y a un champ à perte de vue. Mon épouse et moi sommes installés ici depuis l’année 2004 et de mon jardin, la vue était tellement dégagée que j’aimais raconter à mes amis qu’il m’arrivait de voir en plein été les cheminées flamboyantes de la centrale nucléaire de Tihange située à 50 kilomètres d’ici", nous explique notre interlocuteur, qui nous envoie ce cliché en nous expliquant que les réacteurs sont visibles entre l’arbre et la maison.

"Il y a quelques années, nous avons dû accepter qu’un projet d’éoliennes viennent s’implanter à quelques centaines de mètres de chez nous, la localisation de cette vaste plaine étant idéale pour l’énergie éolienne", poursuit Philippe. Mais plus récemment c’est un autre projet d’envergure qui est envisagé sur la parcelle adjacente à celle de la maison du Ramillois.

Et de nous raconter avec amertume: "Tout a commencé il y a une bonne année, on s’est inquiété de voir apparaître une équipe de géomètres prendre un tas de mesures". Le promoteur immobilier Cumberland et Company, devenu propriétaire du terrain, souhaitait y implanter 17 maisons et 1 immeuble composé de 10 appartements, ainsi que de construire une voirie pour accéder à ce lotissement.

67 réclamations des riverains

Comme le veut la procédure, une enquête publique concernant la demande d’urbanisation (soit plus communément appelé le permis de lotir) a alors été réalisée au sein de la population du 17 novembre au 16 décembre dans la commune. 67 réclamations sont parvenues aux autorités communales. Une réunion de concertation a donc eu lieu entre le bureau d’architecte en charge du permis de lotir, des autorités communales et de 5 riverains. Et selon l’architecte Michael Lenchant en charge du projet, les riverains n’avaient qu’une seule idée en tête: "A la base on était là pour évoquer le morcellement de ce lotissement et la construction de la voirie, mais les riverains ont tenu absolument à aborder le futur des immeubles."

A la base, on nous avait présenté cela comme une résidence pour personnes âgées

Les riverains sont effectivement très inquiets de la taille des futures constructions, comme nous l’évoque d’ailleurs Philippe: "Je ne suis pas formellement contre ce projet mais ce qui me dérange c’est la taille de celui-ci. On nous détaille des immeubles à appartements, composés de 3 ou 4 chambres, alors qu’à la base, on nous avait présenté cela comme une résidence pour personnes âgées."

De plus, les riverains estiment que le village n’est pas adapté à cette densité de population: "Il n’y a pas de transports en commun à proximité, ni de commerce. Les nouveaux arrivants devront se rendre en voiture partout et on peut compter que cela va représenter en moyenne un trafic de 80 voitures supplémentaires", redoute Philippe.

Cette inquiétude est également vive du côté des autorités communales. L’échevin de l’Urbanisme, Daniel Burnotte, contacté par nos soins, reste sceptique. "Le projet étant en cours de traitement, il m'est difficile de me prononcer. Je peux cependant vous indiquer qu'aujourd'hui, en l'état (comprenant cette densité et les appartements), je ne suis pas favorable au projet et ne le défendrai pas", nous dit-il.

L'idée d'ériger un immeuble à appartements a été abandonnée

Mais voilà, lors de notre enquête, nous obtenons une information qui devrait rassurer les Ramillois. Suite à cette réunion, le bureau d’architecte Lenchant nous confirme que plusieurs amendements ont été apportés à ce projet. "Il n’y aura plus de dispositif à appartements, nous allons supprimer l’espace communautaire prévu au centre et il y aura une réduction globale du nombre de maisons".

Cette urbanisation est inévitable

Michael Lenchant souhaite également apporter des précisions. "Certains riverains s’étonnent qu’on installe des maisons, à proximité de leurs biens, alors qu’eux-mêmes ont été un jour l’objet d’inquiétudes d’autres personnes quand ils sont venus s’installer. Ce qu’ils oublient, c’est que cette urbanisation est inévitable, surtout si on devient propriétaire d’un bien à côté d’une zone classée comme habitat", explique l’expert.

Et de philosopher sur le phénomène: "Mais pourquoi construit-on de nouvelles maisons ? Parce que premièrement la balance démographique est positive. On est de plus en plus nombreux. Deuxièmement, on vit de plus en plus vieux et longtemps et troisièmement, les familles sont de plus en plus fragmentées : il y a plus de divorces, des gens qui vivent seuls. On ne fait pas des logements pour décorer les bords des rues", tient à préciser l’architecte.

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