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Hugo Clément: "Je n'ai pas envie de ce monde-là pour ma fille"

Hugo Clément était l'invité du RTL INFO Avec Vous ce mercredi. Le journaliste est venu parler de son livre, "Journal de guerre écologique".

Olivier Schoonejans: Dans votre livre "Journal de guerre écologique", il y a beaucoup de termes assez forts comme "combat", "résistance", "nouvelle Guerre Mondiale"... C'est voulu, j'imagine.

Hugo Clément: "Oui, c'est voulu et ça correspond malheureusement à la situation dans laquelle on se trouve. C'est ce que disent les scientifiques. On est dans une urgence climatique, dans un effondrement généralisé de la biodiversité, qui a des conséquences dramatiques sur les autres espèces, mais sur la notre également. Je parle de guerre parce qu'il y a des victimes. Il y a non seulement les gens qui meurent en défendant la nature, qui sont tués. Mais aussi les millions de personnes qui subissent les conséquences de ce dérèglement climatique et de l'effondrement de la biodiversité. Donc il y a malheureusement beaucoup de points communs avec une guerre et l'enjeu auquel on fait face, c'est simplement de savoir si on va pouvoir continuer en tant qu'espèce humaine à habiter cette planète de manière acceptable."

Dans votre livre, vous faites le tour du monde des situations dramatiques pour l'environnement. Il y a beaucoup d'ennemis. Comment pointer un problème à résoudre en priorité ?

"C'est compliqué parce que ce n'est pas blanc et noir, ce ne sont pas les gentils et les méchants. C'est aussi une guerre qu'on mène contre nous-mêmes, contre notre mode de vie, contre notre mode de consommation. Il faut qu'on change collectivement, qu'on sorte de nos habitudes, qu'on consomme globalement moins, moins de viande, qu'on brûle moins de pétrole, moins de charbon. Ce n'est pas facile, effectivement. Et j'en parle dans le livre, les gens qui détruisent l'environnement, les groupes qui se rendent coupables de certaines exactions, ce ne sont pas forcément des grands méchants qu'on voit dans les films. C'est pour ça que dans ce livre, je vais aussi leur parler. Je vais voir les cartels mexicains qui sont responsables du braconnage, les grandes entreprises qui exploitent le charbon en Australie, je vais voir les gens qui exploitent les forêts en France. Il faut parler à tout le monde, il faut essayer de comprendre d'où vient le problème et essayer de convaincre d'avancer dans le bon sens."

Mais chacun rejette un peu la faute sur l'autre...

"On a tendance à regarder chez notre voisin ce que lui ne fait pas assez bien ou pas assez vite. Je pense qu'il faut être dans la bienveillance, encourager toutes les bonnes actions et surtout voir, nous à notre niveau, ce qu'on peut faire et ce qu'on peut demander aussi à nos dirigeants. Parce que tout le monde n'a pas la même responsabilité. On n'a pas la même responsabilité quand on prend sa voiture pour aller travailler que quand on est président d'une grande puissance mondiale ou d'une grande entreprise."

Ce sont de petites actions mais mises bout à bout par des millions de personnes, ça a un gros impact

Vous donnez des conseils en fin de livre. Ils ne sont finalement pas si compliqués à mettre en place dans la vie de tous les jours et peuvent, selon vous, changer les choses ?

"Je donne des pistes d'action. Ce n'est pas exhaustif, ce n'est pas ce qu'il faut absolument faire. On peut agir à travers notre alimentation, à travers ce qu'on met dans notre assiette, ce qu'on achète ou pas. Les scientifiques le disent, il faut manger moins de viande, moins de poisson, consommer des fruits et légumes qui ont été cultivés localement, idéalement sans produits phytosanitaires, dans la mesure du possible. Ça peut être au travers de la manière dont on s'habille, peut-être acheter moins d'habits. On a tous dans nos placards des habits qu'on a mis une fois ou deux puis qui restent là et ne servent pas à grand-chose. On peut donc peut-être en acheter moins et accepter de mettre un prix un tout petit peu supérieur pour acheter des vêtements fabriqués par des entreprises belges ou européennes. Ça peut être aussi à travers nos déchets, essayer d'éviter d'acheter des produits suremballés, de recycler au maximum le plastique. Ce sont de petites actions mais mises bout à bout par des millions de personnes, ça a un gros impact."

Changer nos habitudes, c'est parfois le plus difficile. Vous y croyez, malgré tout ?

"Malgré tout, je crois en l'espèce humaine. L'écologie, que je défends et mets en lumière dans ce livre, ce n'est pas de l'anti-humanisne. Ce n'est pas de dire qu'on est le cancer de la planète. La vie est toujours la plus forte et me concernant, j'ai envie que mes enfants puissent avoir la possibilité d'être heureux, de vivre sur une planète où le bonheur est possible. Et je commence le livre en parlant de ma fille qui est née le 3 janvier 2020 parce que je me suis dit: elle aura 80 ans le 3 janvier 2100. Nous, ça nous parait très loin parce qu'on ne sera plus sur cette Terre donc on a du mal à se projeter. Mais elle, à la fin de sa vie, elle connaitre ce monde-là et ce que nous prédisent les scientifiques pour l'année 2100 si on continue sur notre trajectoire, ce n'est pas un monde qui fait rêver. C'est un monde où un tiers de l'humanité vit dans des zones aussi chaudes que le Sahara aujourd'hui. C'est un monde où il y a plus de plastique que de poissons dans l'océan. C'est un monde où il n'y a plus de glacier et de montage, où il y a des milliers d'espèces qui auront disparu. Je n'ai pas envie de ce monde-là pour ma fille."

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