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César 2024: le cinéma français crèvera-t-il l'abcès sur les violences sexuelles?

Censés représenter le cinéma dans sa diversité, les César ont évolué depuis la cataclysmique édition 2020 où Roman Polanski, accusé de viol, avait reçu le prix du meilleur réalisateur pour "J'accuse", provoquant le départ de l'actrice Adèle Haenel.

Les regards se tournent ce vendredi 23 février vers l'Olympia, à Paris, où se tient la 49ᵉ soirée des César, sur fond de libération de la parole autour des violences sexuelles dans le 7ᵉ art. Mais à priori, aucun des nommés n'est visé par des accusations.

Beaucoup attendent des mots de Judith Godrèche, devenue figure de proue du #MeToo français après avoir porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques pendant son adolescence, que ces derniers nient. "Que j'aille aux César ou pas, on s'en fiche bien", a coupé l'actrice, à deux jours de la cérémonie, appelant plutôt à "entendre" les victimes. "Notre milieu souffre en silence. Nos jeunes filles souffrent en silence. Et une fois de plus, une fois encore, le gouvernement se tait, les politiques se taisent, et les acteurs, les réalisateurs se taisent".

À quelques heures de la cérémonie, la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, a justement pris la parole pour dénoncer un "aveuglement collectif" qui "a duré des années" dans le milieu du cinéma, lors d'un entretien avec la revue Le Film français. Judith Godrèche "a dit des choses tellement simples. Elle a dit : J'étais une enfant. Vous avez tout vu et personne n'a rien dit, personne ne m'a tendu la main", a ajouté la ministre, avant d'insister : "La liberté de création est totale, mais ici, on ne parle pas d'art, on parle de pédocriminalité. Avoir une relation sexuelle avec un mineur de moins de quinze ans est un crime".

La CGT a de son côté prévu un rassemblement avant la cérémonie prévue à 20H45, donnant rendez-vous à 19H00 devant la salle de spectacle. Le collectif 50/50, en pointe dans ces luttes, y sera également.

Dans la salle aussi, le sujet a des chances d'éclipser la course aux prix entre le favori "Anatomie d'une chute" et ses concurrents, comme l'hommage à l'actrice Micheline Presle, doyenne du cinéma français, décédée mercredi à 101 ans. Car, de la mise en examen pour viols et agressions sexuelles de Gérard Depardieu aux accusations portées par Judith Godrèche, suivies par d'autres comédiennes, les violences sexuelles hantent plus que jamais le cinéma français.

Jeudi, Isild Le Besco a, à son tour, annoncé qu'elle "envisage" de porter plainte contre Jacques Doillon et Benoît Jacquot, dénonçant une "emprise destructrice" et des "violences". Et l'acteur Aurélien Wiik a lancé sur Instagram le hashtag #MeTooGarçons. M. Doillon, lui, entend déposer une plainte pour "diffamation" contre Mme Godrèche.

 

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