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Devant les députés, CNews tente d'esquiver les critiques

Sur le gril de la commission d'enquête sur les fréquences TNT, les figures de la chaîne CNews et sa maison-mère Canal+ ont tenté d'esquiver les critiques jeudi.

Propriété de Vivendi, contrôlé par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré, le groupe Canal+ est dans le viseur de cette commission lancée par les députés LFI, avec lesquels les échanges ont été à couteaux tirés.

Sans surprise, ils ont été particulièrement tendus avec CNews, dont pas moins de huit représentants étaient autour de la table, ses vedettes Pascal Praud, Laurence Ferrari et Sonia Mabrouk en tête.

L'avortement y a été présenté dimanche comme la "première cause de mortalité dans le monde", ce qui a suscité un tollé et provoqué des excuses de la chaîne. C'est "une erreur impardonnable" et une enquête interne est en cours, a souligné le directeur général de CNews, Serge Nedjar.

Au-delà, la chaîne d'info n'est-elle pas devenue chaîne d'opinion? Ses responsables se sont abrités derrière une décision récente du Conseil d'Etat pour répondre par la négative.

- Ingérence -

A la suite d'un recours de Reporters sans frontières, le Conseil d'État a demandé mi-février à l'Arcom, le régulateur des médias, de renforcer son contrôle de CNews, et au-delà de toutes les télés et radios.

"Le média précisément ciblé, c'est CNews", a asséné Pascal Praud. "Nous ne sommes pas dupes", a appuyé Laurence Ferrari.

Créée en 2017 sur les cendres d'iTélé et deuxième sur le podium des chaînes d'info, CNews entend continuer de se démarquer par le "décryptage" de l'actualité, ce qui se traduit, selon ses dirigeants, par de nombreuses heures en plateau et non sur le terrain.

Sur le pluralisme, "si les règles changent, nous nous y conformerons" mais "je serais curieux de voir la France, qui serait sans doute la seule démocratie au monde, à commencer à ficher les journalistes, les éditorialistes" selon leur couleur politique, a lâché Maxime Saada, PDG de Canal+.

Tropisme pro-russe ou pro-Israël, censure des sujets pouvant mettre en difficulté Vincent Bolloré: ces hypothèses soulevées jusque par la majorité présidentielle ont été balayées. Et M. Nedjar d'observer: "On reproche à CNews beaucoup de choses".

Les responsables de la chaîne en ont profité pour convier les députés à venir sur son antenne, souvent boycottée à gauche.

Autre sujet brûlant, l'interventionnisme supposé de M. Bolloré. "Je n'ai jamais eu d'intervention directe ou indirecte de Vincent Bolloré sur les programmes", a soutenu M. Saada.

M. Nedjar non plus n'a "jamais subi aucune pression" de sa part. Mais il l'a au téléphone "pratiquement quotidiennement ou tous les deux jours pour parler des audiences", au beau fixe.

Le milliardaire, qui sera entendu le 13 mars par la commission d'enquête, est régulièrement accusé d'ingérences dans les médias qu'il contrôle.

- Hanouna, "un risque" -

L'audition de jeudi intervenait au lendemain du lancement par l'Arcom du processus de renouvellement des fréquences TNT en 2025.

"Nous avons pour ambition de candidater pour l'ensemble de nos chaînes payantes et gratuites" (C8, CNews, CStar, Canal+, Canal+ Sport, Canal+ Cinéma et Planète+), a sans surprise déclaré Maxime Saada.

"Nous sommes conscients de la responsabilité qui nous incombe d'avoir des fréquences publiques", a-t-il assuré.

Et de plaider: "Nous nous sommes toujours efforcés de respecter nos obligations sur l'ensemble de nos chaînes" et "avons accepté les rares sanctions lorsque ce n'était pas le cas".

Le rapporteur, l'insoumis Aurélien Saintoul, demande ce qu'il se passe, alors, lorsque l'animateur controversé Cyril Hanouna cause une amende record de 3,5 millions d'euros pour C8.

"Sa nature, sa spontanéité" peuvent "donner lieu, quand on est en direct, à des débordements", a reconnu M. Saada. "Nous prenons un risque, que nous assumons pleinement", a-t-il ajouté, en mettant en question "l'impartialité" de la commission d'enquête.

Les chaînes de son groupe "contribuent au pluralisme des médias et ont démontré leur intérêt auprès du public", a affirmé le dirigeant, n'osant imager un non-renouvellement de leurs autorisations.

"Nous sommes sur toutes nos obligations de bons élèves", a abondé son numéro 2 Gérald-Brice Viret.

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