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Les enquêteurs ont chiffré à au moins 608.000 euros le montant de l'opération destinée à obtenir que l'intermédiaire Ziad Takieddine retire ses accusations contre Nicolas Sarkozy sur un présumé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, a indiqué mardi une source proche de l'enquête, confirmant une information de Mediapart.
Ce chiffrage a été réalisé dans le cadre de l'information judiciaire sur des soupçons de paiements à Ziad Takieddine, avec l'éventuel aval de Nicolas Sarkozy, afin qu'il retire ses accusations visant l'ancien chef de l'Etat.
Le Franco-Libanais, qui accusait ce dernier depuis 2012, avait opéré une spectaculaire volte-face en novembre 2020 sur BFMTV et Paris Match en déclarant que Nicolas Sarkozy n'avait en fait pas bénéficié de financement de Mouammar Kadhafi, avant de revenir sur ses propos deux mois plus tard.
Dans ce volet de l'affaire, neuf personnes sont mises en examen pour subornation de témoin, association de malfaiteurs ou escroquerie en bande organisée.
L'argent, essentiellement mobilisé par le financier Pierre Reynaud, a été reversé à différents protagonistes présumés de l'opération, dont l'intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, un publicitaire, à Ziad Takieddine et à un Libanais proche de ce dernier.
Par ailleurs, les enquêteurs ont mis la main sur l'interception d'une conversation téléphonique entre Arnaud Lagardère et Hervé Gattegno, respectivement propriétaire et directeur de publication de Paris Match, ce qu'a confirmé une source proche du dossier.
Dans cet enregistrement, Hervé Gattegno semble ne pas exclure que Mimi Marchand, la "papesse" des paparazzi qui est aussi mise en examen dans cette affaire, ait pu convenir d'un arrangement financier avec Ziad Takieddine, selon Mediapart.
Il raconte aussi qu'elle aurait prévenu Nicolas Sarkozy de ce projet d'article, estimant que cela était "une erreur".
Sollicitée par l'AFP, l'avocate de M. Gattegno, Jacqueline Laffont, n'a pas souhaité réagir.
Selon des informations de Mediapart, confirmées par la source proche du dossier, M. Gattegno, entendu en audition libre par les enquêteurs en décembre 2021, a assuré qu'il ne souhaitait pas que Nicolas Sarkozy soit prévenu de ce reportage et qu'il n'avait de son côté pas opéré de tractation financière.
Contactés, les avocats de l'ancien président, Me Thierry Herzog, de Mimi Marchand, Me Caroline Toby, et du financier Pierre Reynaud, Me Margaux Durand-Poincloux n'ont pas souhaité faire de commentaire.
Par ailleurs, selon des sources proches du dossier et une source judiciaire, le parquet national financier (PNF) a élargi l'enquête à des faits de "recel de subornation de témoin".
alh-clw-mk-gd-edy/pa/cbn