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Propulsé comme un des visages phares de la natation française par son podium mondial sur 100 m en 2017, Mehdy Metella a connu un nouvel hiver chaotique, motivation et envie évaporées.
Pour lui, déjà qualifié pour les Mondiaux-2019 en juillet en Corée du Sud, les Championnats de France, où il nage le 100 m vendredi, marquent un "point de départ".
Depuis qu'il s'est révélé sur la scène internationale il y a deux ans en s'offrant le bronze de la course reine et en devenant le Français le plus rapide sur la distance hors combinaisons, en 47 sec 65, le fragile équilibre a pas mal vacillé.
La saison passée déjà, rien n'a été simple. Ses ennuis commencent dès septembre 2017, quand le Guyanais de 26 ans se blesse sérieusement à la cheville droite au cours d'un exercice de musculation, ce qui lui vaut trois mois loin des bassins. Suivent une tendinite à une épaule finalement maîtrisée par une infiltration, une bataille pied à pied contre le poids, et des soucis personnels.
A un mois des Championnats d'Europe 2018, Metella nage en plein doute à Chartres, loin de ses chronos de l'été précédent. "J'ai du mal... C'est très dur, je n'y arrive pas. Ca ne répond plus", lâche-t-il alors. Tout haut, il envisage même l'éventualité de renoncer au rendez-vous estival.
- "Je me suis perdu" -
A Glasgow toutefois, le sprinter marseillais, en bronze sur 100 m puis en argent sur 100 m papillon, sort la tête de l'eau à point nommé. A l'époque, il explique avoir "vécu une année horrible", "espère ne jamais en revivre des comme ça" et, sa deuxième médaille individuelle encore autour du cou, évoque son rêve de doublé olympique 100 m-100 m papillon.
Mais, quand la nouvelle saison s'ouvre, rien ne va plus.
"J'ai connu un hiver peu chamboulé. Je me suis perdu, je me suis posé dix mille questions. On va dire que ça arrive à tous les adolescents de mon âge..., raconte Metella, qui subit en plus deux infiltrations à la cheville. Ca a parfois été très difficile de trouver la motivation".
Au point de déclencher en février, lors d'un stage en Afrique du Sud, une réunion de crise avec son entraîneur, Julien Jacquier, Romain Barnier, le manager du club marseillais, ainsi que ses préparateurs physique et mental.
"Il y avait une forme d'ultimatum parce qu'on sentait qu'on ne pouvait pas l'aider plus longtemps dans cette voie-là, qu'il aurait peut-être fallu changer de voie si ça avait continué", explique Jacquier.
- Cassure -
"C'était urgent parce qu'on avait atteint une vraie cassure. On avait un athlète esseulé qui ne comprenait plus pourquoi on ne communiquait plus, pourquoi on n'arrivait plus à échanger. Pour la première fois, on était tous assez fâché, lui comme moi et le staff. On a réussi à dire les choses. On a mis les choses à plat", complète-t-il.
La mise au point est salutaire.
"Il ne fallait pas laisser (la situation) durer. Je sentais que c'était important pour ma carrière. Je voulais réellement me remotiver. Ca va mieux. On a remis la machine sur les bons rails", témoigne Metella.
"Le lendemain, il avait pris la décision de se remettre au travail. Il a retrouvé le chemin de l'entraînement dans un premier temps, et après l'envie", retrace Jacquier.
Dans le bassin breton, sans la pression d'avoir à se qualifier pour les Mondiaux-2019 grâce à ses médailles individuelles européennes remportées l'été dernier, il s'agira pour Metella de "prendre la température", "savoir ce qu'il vaut avec peu de travail et voir les manques qu'il a", résume son entraîneur à l'AFP.
"Dans le contexte, on va se servir de cette compétition comme point de départ pour jauger certains domaines de ses courses, de sa nage, de sa condition physique", précise-t-il.
A quinze mois des JO-2020, Metella n'a plus le temps de s'éparpiller. Pour l'instant, ce n'est pas lui le Français le plus rapide sur 100 m en 2019 mais son camarade d'entraînement, Clément Mignon (48.84 contre 49.18), revenu en début d'année sur sa décision d'arrêter sa carrière.