Partager:
Tracés sinueux, routes étroites et barrières mal placées: une partie du peloton professionnel a de nouveau réclamé plus de sécurité sur les courses après la lourde chute samedi du Colombien Alvaro Hodeg au Tour de l'Eurométropole.
Dans les derniers mètres de l'épreuve, le coureur de l'équipe Deceuninck a été projeté au sol après avoir violemment heurté les pieds d'une barrière de sécurité. Il souffre de multiples fractures.
"Ce type de barrières devrait être banni PARTOUT!", a réagi sur Twitter le coureur italien Matteo Trentin, avant d'ironiser dans un second message sur l'importance accordée par l'Union cycliste internationale à d'autres règles, telles... la longueur des chaussettes des coureurs.
Retweetés par plusieurs coureurs, dont le Français Warren Barguil et l'Irlandais Sam Bennett, ses publications cristallisent un sentiment d'insécurité, alimenté par nombre d'incidents cette saison.
La chute de Hodeg rappelle en effet celle, tout aussi spectaculaire, du Belge Wout van Aert lors de la 13e étape du dernier Tour de France: à un kilomètre de l'arrivée du contre-la-montre de Pau, l'ancien spécialiste du cyclo-cross s'était encastré dans une barrière, qui avait occasionné une blessure profonde à la jambe.
Le Belge Bjorg Lambrecht a, lui, laissé sa vie sur les routes du Tour de Pologne le 5 août.
En cause, selon les médias polonais: une structure de béton, que le coureur de la Lotto-Soudal aurait heurtée avant de tomber dans un fossé.
Une dizaine de jours plus tard, les Cyclistes professionnels associés (CPA), une association chargée de défendre les intérêts des coureurs, publiaient un communiqué dénonçant les lacunes d'une autre épreuve, le BinckBank Tour, en matière de sécurité.
"Les participants se plaignent uniformément des rues étroites, des obstacles non signalés, des courbes brusques et des trous au sol à proximité des arrivées (...) Les coureurs sont confrontés à une course d'obstacles en ville", avait alors déploré les CPA.
Et les craintes des coureurs sont aussi celles de leurs proches.
- Les CPA montent au front -
"On me demande parfois si j'ai peur quand Edward Theuns roule", a tweeté la compagne du coureur belge, Lien Crapoen.
"Voici la réponse. C'était (à nouveau) atroce de voir quelqu'un heurter les barrières si violemment. (...) Souciez-vous de la sécurité des coureurs."
Accusée par les CPA de ne "pas changer grand-chose" en matière de sécurité, malgré des mises en garde répétées, l'UCI a réagi lors des Championnats du monde dans le Yorkshire, fin septembre.
A cause de "conditions météorologiques extrêmes", l'épreuve reine - la course élites masculine - a été raccourcie d'environ 25 kilomètres.
Plus classique, des messages enjoignant les spectateurs à la prudence ont par ailleurs été diffusés pendant l'épreuve.
Un nouveau front aurait pu s'ouvrir quand Jumbo-Visma, l'équipe de Wout van Aert, a envisagé fin septembre de porter plainte contre l'organisateur du Tour de France, ASO.
Mais la menace ne s'est pour l'heure pas concrétisée, peut-être à cause d'une franche discussion entre le coureur et la légende belge des classiques Tom Boonen, retraité depuis 2017.
"Je crains que ça (une éventuelle plainte, ndlr) ne soit un peu la mort du cyclisme", a affirmé le quadruple vainqueur de Paris-Roubaix à la télévision flamande.
"Si ça tourne à ton avantage, on aura 350 affaires de ce genre par saison et plus aucun organisateur ne voudra organiser de course", a poursuivi Boonen à l'adresse de son compatriote.
"Ce sont mon équipe et mon management qui jugent important de ne pas laisser les choses en l'état", a réagi un van Aert crispé. "Mais les dommages que j'ai subis ne sont pas minces."
Maintenant que la fin de la saison approche, la balle est dans le camp des CPA, qui doivent rencontrer l'UCI mercredi.
Parmi les idées sur la table, "une distance minimale obligatoire entre les véhicules et les coureurs, des zones de ravitaillement différentes, des barrières et des arrivées plus sûres pour toutes les courses", propose l'association sur son site.