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Fonds Marianne: Mohamed Sifaoui, acteur clivant de la lutte contre l'islamisme

Omniprésent sur les réseaux sociaux, le journaliste franco-algérien Mohamed Sifaoui, entendu mercredi par la police dans le cadre de l'enquête sur la gestion controversée du fonds Marianne, est un acteur provocateur et clivant de la lutte contre l'islamisme, qu'il dit avoir "chevillée au corps".

Né le 4 juillet 1967 à Kouba près d'Alger, reconnaissable à ses grandes lunettes et sa barbe poivre et sel, il a été l'un des deux porteurs du projet de l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire (USEPPM).

Cette association est la principale bénéficiaire du fonds Marianne, lancé après le choc causé par l'assassinat en 2020 du professeur Samuel Paty, dont la gestion controversée fait aujourd'hui l'objet d'une enquête judiciaire.

La coquette somme perçue par l'USEPPM, 355.000 euros, aurait seulement alimenté un site internet et des publications peu suivies sur les réseaux sociaux, selon des informations de presse.

Réfugié politique en France, Mohamed Sifaoui a échappé à quatre attentats en Algérie dans les années 1990 et demeure la cible de menaces de morts récurrentes.

Volontiers provocateur, très présent sur les réseaux sociaux, il a, du fait de ces menaces, été placé sous protection policière.

L'auteur de livres et réalisateur de documentaires sur l'islam politique et le terrorisme s'est fait connaître en 2003 avec son ouvrage "Mes frères assassins: comment j'ai infiltré une cellule d'Al-Qaïda".

- Pourfendeur du voile -

Vibrionnant, le personnage est loin de faire l'unanimité. Lors d'une audition au Sénat, le responsable de la gestion du fonds Marianne, le préfet Christian Gravel, avait évoqué à son propos un "expert" qui "fait autorité".

La sénatrice UDI Nathalie Goulet avait pourtant refusé de l'auditionner lorsqu'elle présidait en 2015 une commission d'enquête sur les réseaux jihadistes, évoquant "une génération d'experts qui, au motif qu'ils étaient musulmans, pouvaient critiquer l'islam et raconter ce qu'ils voulaient".

"Mon engagement contre les extrémismes, notamment contre l'islamisme, est chevillé au corps", affirmait-il sur Twitter début avril, après les premières révélations sur le fonds Marianne.

Le journaliste de bientôt 56 ans collabore ponctuellement avec des médias de presse écrite engagés sur le front laïque, Marianne un temps ou Franc-Tireur plus récemment, ou sur certains plateaux de télévision comme éditorialiste.

Éphémère directeur-fondateur en 2018 d'une revue baptisée Contre-Terrorisme, il a lancé en septembre 2020 une chaîne web sur l'islam et l'islamisme, islamoscope.tv.

Depuis la révélation d'une enquête judiciaire visant la gestion du fonds Marianne, les personnes qui l'ont côtoyé de près ou de loin interrogées par l'AFP préfèrent garder le silence: "non merci" ou "rien à dire".

Mohamed Sifaoui est farouchement opposé au voile islamique. Invité sur CNews en 2018, il avait critiqué le foulard de Latifa Ibn Ziaten, mère d'une des victimes de Mohamed Merah, selon lui "incompatible avec les valeurs qu'elle dit défendre".

Poursuivi en diffamation, il avait été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris, qui avait estimé que ses propos relevaient "de la simple expression d'une opinion, fût-elle polémique".

A partir d'octobre dernier, il a fait un passage éclair dans le monde du football professionnel en prenant la direction de la communication du SCO d'Angers qui, à l'issue d'une saison 2022-2023 catastrophique, a été relégué en Ligue 2.

Il s'est rapidement mis à dos l'environnement autour de l'équipe, à commencer par les journalistes "qui se laissent entraîner parfois dans des manœuvres sournoises visant à déstabiliser le club", disait-il sur Twitter, après des mises en cause du président du SCO Saïd Chabane.

Il n'a pas épargné non plus les supporters angevins, triant entre les faux et les "vrais", "ceux de la vie réelle (...), positifs", qui "viennent encourager nos joueurs".

Mohamed Sifaoui quittera finalement le SCO sur des mots de Winston Churchill: "Il n'y a rien de mal dans le changement, si c'est dans la bonne direction. S'améliorer, c'est changer, alors être parfait, c'est changer souvent".

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