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Déçus par des offres plus basses qu'espérées, alors que le club semble sur une pente ascendante sportivement, la vente de Manchester United par Avram et Joel Glazer ne paraît plus acquise, malgré des divergences de vue avec le reste du groupe familial.
Douze jours après le dépôt des premières offres, ce qui devait être la plus grosse transaction de l'histoire des sports collectifs semble au point mort.
Si la presse britannique ne parle, pour le moment, que d'une temporisation, le maintien des Glazer à la tête des Red Devils -- qui paraissait totalement inenvisageable à l'annonce de la mise en vente du club, fin novembre --, est aujourd'hui une hypothèse parmi d'autres.
La vente d'un club comme Manchester United, dont l'image de marque, le passé et la dimension véritablement mondiale n'est égalée que par des mastodontes comme le Real Madrid ou Barcelone en football et une poignée de franchises américaines dans les autres sports collectifs, devait pourtant affoler les compteurs.
Sans doute encouragés par la banque d'affaires Raine, à qui ils ont confié le pilotage de la vente, les Glazer avaient placé la barre très haut avec une valorisation proche des 7 milliards d'euros.
Mais les deux seuls candidats connus, le président de la Qatar Islamic Bank (QIB), le cheikh Jassim Bin Hamad Al Thani, et le milliardaire britannique Jim Ratcliffe, propriétaire du groupe pétrochimique Ineos, se sont montrés bien plus prudents, l'estimant autour de 5 mds EUR.
- Investissements et endettement -
Ce premier coup de froid s'est traduit sur le cours de l'action du club.
L'action, cotée à New York, végétait autour de 13 dollars (12,20 EUR) avant l'annonce de la mise en vente. Elle avait flambé pour atteindre 27 dollars (25,32 euros) le 17 février mais a reperdu depuis 25% de sa valeur à 20,76 USD (19,47 EUR) mercredi.
"Les fluctuations du prix de l'action reflètent aussi les rumeurs sur le fait que les offres sur la table ne correspondent pas totalement au prix auquel aspiraient les vendeurs potentiels", a confirmé à l'AFP Russ Mould, directeur de l'investissement chez le courtier AJ Bell.
Leurs attentes semblent d'autant plus optimistes que le prix d'achat ne serait qu'une partie de ce que le club coûterait à un acquéreur.
Si "un prix à plusieurs milliards de livres peut paraître assez raisonnable compte tenu du potentiel commercial de Manchester United (...) tout acheteur devra sans doute investir massivement dans un effectif déséquilibré, un centre d'entraînement obsolète et un stade qui doit être rénové", avertit ainsi Russ Mould.
Les Red Devils ont, en outre, 580 M EUR de dettes et 340 M EUR d'indemnités de transfert encore à régler.
- Une fin de saison riche en enjeux -
Sky Sports a aussi souligné mercredi que les six membres de la fratrie Glazer sont divisés: Avram et Joel, co-présidents du club, n'excluent pas de rester aux manettes quand Kevin, Edward, Bryan et Darcie veulent en sortir totalement.
"Des spéculations vont grandissantes sur le fait que si le redressement des résultats sous Erik Ten Hag (...) continue, la famille pourrait être moins encline à vendre", a également souligné le directeur de la recherche d'AJ Bell.
Présent à Wembley dimanche, pour la victoire en finale de la Coupe de la Ligue, le premier trophée du club depuis six ans, Avram Glazer s'est affiché aux côtés de son équipe et des grandes gloires du club comme le mythique entraîneur Alex Ferguson.
Troisième en championnat, toujours en lice en Coupe d'Angleterre et en Ligue Europa, les Red Devils ont une fin de saison riche en enjeux.
L'annonce, la semaine dernière, d'une hausse du prix des abonnements pour la saison prochaine, la première en 11 ans, a aussi renforcé le doute: quel intérêt pour un propriétaire sur le départ de prendre une telle décision ?
Tout cela pourrait n'être que tactique pour faire monter le prix, bien que les Glazer aient averti dès le lancement du processus qu'il ne pouvait "y avoir aucune assurance (qu'il) débouchera sur une transaction".
Mais même si l'on croit à la sincérité de l'attachement au club d'Avram et Joel Glazer, la défiance, pour ne pas dire la haine, qu'ils suscitent chez les supporters provoquerait certainement des réactions violentes en cas d'annonce de leur maintien.