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La fin d'une ère: Manchester United (enfin) vendu, en partie, à un ogre du sport mondial

La famille Glazer a enfin vendu, après un an d'atermoiements, une partie de Manchester United au milliardaire britannique Jim Ratcliffe, fondateur du groupe pétrochimique Ineos, désireux de redonner son lustre d'antan au géant anglais, au palmarès défraîchi), a annoncé le club dimanche.

Les propriétaires américains restent aux commandes, certes, mais la cession de 25% des parts à l'industriel de 71 ans représente un premier désengagement significatif depuis leur arrivée en 2005. Avant, peut-être, un retrait plus important?

Le patron d'Ineos, déjà propriétaire de l'OGC Nice entre autres, a déboursé 1,25 milliard de livres (environ 1,44 milliard d'euros) pour entrer dans le capital, selon le communiqué du club.

L'accord prévoit qu'Ineos aura "la responsabilité de la gestion" des affaires liées au football. Ratcliffe avait déclaré récemment qu'il voulait voir Manchester United, actuellement en difficulté sportive, "retrouver la place qui est la sienne".

Le club est huitième de la Premier League à 12 points du leader Arsenal après sa défaite samedi à West Ham (2-0), sa huitième en 18 journées. En Ligue des champions, il a été éliminé au premier tour, à la dernière place du groupe A.  

Ce n'est pas l'épilogue dont rêvait le nouvel actionnaire minoritaire, désireux de racheter le club intégralement, ni les supporters des Red Devils, fâchés par près de deux décennies d'une gouvernance décriée et synonyme, dans leur esprit, de déclin sportif.

Ces derniers reprochent aux Glazer d'avoir endetté le club au moment de son rachat et de n'avoir pas suffisamment investi pour permettre à l'institution mancunienne de rester compétitive.

Gloire passée, attractivité intacte

Ils avaient donc accueilli avec soulagement et optimisme l'annonce, en novembre 2022, d'une réflexion concernant "toutes les alternatives stratégiques, y compris un nouvel investissement dans le club, une vente ou d'autres transactions impliquant la société".

L'année écoulée a été animée par les offres successives de Ratcliffe, une des plus grosses fortunes de Grande-Bretagne, et du cheikh Jassim Ben Hamad Al Thani, président de la Qatar Islamic Bank (QIB).

L'accord prévoit un investissement de 300 millions de dollars (272 millions d'euros) pour la rénovation du célèbre stade d'Old Trafford. Ratcliffe avait aussi promis d'améliorer le centre d'entraînement de Carrington et d'attirer des joueurs capables de replacer les Red Devils au centre de l'Europe.

La poussière a en effet commencé à recouvrir l'armoire à trophées de Manchester United, un des plus titrés du royaume, mais dont le dernier sacre en championnat remonte à dix ans (2013) et la dernière de ses trois Ligues des champions, à quinze ans (2008).

L'ancien club de Bobby Charlton, David Beckham et Cristiano Ronaldo vit désormais sportivement dans l'ombre du voisin Manchester City (détenu par la famille régnante des Émirats arabes unis), mais il conserve malgré tout une attractivité certaine à travers le monde.

Fin octobre, il avait annoncé un chiffre d'affaires à 648,4 millions de livres (744 millions d'euros) pour la saison passée, lors de laquelle il avait remporté la Coupe de la Ligue et terminé à la quatrième place du championnat.

D'après la presse, les propriétaires réclamaient un chèque de 6 milliards de livres (6,9 milliards d'euros) pour la cession totale d'un club acquis par feu Malcolm Glazer, le père, en 2005 pour 790 millions de livres (environ 910 millions d'euros).

Ratcliffe, riche "Brexiter"

La somme demandée et les tergiversations ont eu raison de la patience du cheikh Jassim. Et Ratcliffe, supporter déclaré des Red Devils qui a grandi, enfant, dans un logement social près de Manchester, est resté seul en lice dans la dernière ligne droite.

L'entrepreneur anobli par la reine Elizabeth II, en 2018, a fondé vingt ans plus tôt la compagnie Ineos, devenu un géant industriel employant plus de 26.000 personnes dans 29 pays, au prix de rachats multiples d'entreprises et de réductions des coûts à tout-va.

Négociateur féroce, notamment avec les syndicats, il a défendu le "Brexit" en le jugeant favorable au Royaume-Uni, "une nation très créative et travailleuse". "On n'a pas besoin que des gens en Europe nous disent comment gérer notre pays", avait-il dit.

Ce parti pris politique serait moins dû à un patriotisme assumé qu'à sa volonté de contourner les normes environnementales européennes, selon des ONG qui pointent les ravages causés par son entreprise pétrochimique (pollution de l'air et de l'eau, déchets plastiques, etc).

Ineos, dont il possède 60% des parts, a multiplié les investissements dans le monde du sport, que ce soit dans le football (Lausanne, Nice), le cyclisme (Ineos Grenadier, ancienne Team Sky), la Formule 1 (participation chez Mercedes) ou encore la voile (Ineos Britannia).

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