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"Vous jouez!" est la phrase prononcée le plus souvent par Benoît Bastien pendant Lyon-Rennes (3-1), où l'AFP était équipée des oreillettes des arbitres, pour un quasi sans-faute du trio, dimanche.
Au coeur du match. Dans une rencontre "jouée dans un excellent état d'esprit", selon Bastien, seuls deux points litigieux ont demandé une vraie pause pour vérifier auprès des arbitres vidéo, Thomas Léonard et Christian Guillard.
Il y a d'abord un potentiel penalty pour un accrochage de Lovro Majer sur Alexandre Lacazette (59e). Bastien lance à ses assistants: "J'ai demandé aussi qu'on vérifie s'il y a main."
"Main le long du corps", juge Léonard en cabine. L'arbitre central répète la formule aux joueurs. Et sur l'action d'après, Corentin Tolisso trouve la lucarne de Dogan Alemdar (60e) et égalise.
Puis une dizaine de minutes plus tard, il faut plus d'une minute pour vérifier que Lacazette n'est pashors-jeu sur le but du 2-1 (68e). "J'attends, laissez-lui faire le travail. Moi, je l'ai jugé, on attend", explique Bastien aux Rennais. "Le but est valable, tranche Léonard. Couvert par le 5 (Théate)."
"J'étais sûr de mon coup", raconte après le match Hicham Zakrani, l'arbitre assistant présent le long de la ligne de touche . "Il vaut mieux laisser jouer, on a une sécurité avec la vidéo", dit-il, justifiant de ne pas avoir levé son drapeau.
Il n'y a aucun doute sur le but de Bradley Barcola (79e, 3-1). L'ouverture du score par le Rennais Amine Gouiri avait été elle rapidement été contrôlée (11e).
- "Ne sortez pas le coude" -
Le ton monte aussi quand les Rennais réclament un deuxième carton jaune pour Saël Kumbedi (47e), déjà averti un quart d'heure plus tôt.
Benoît Bastien repousse la latéral norvégien Birger Meling: "Non, je ne veux pas de ça!"
"Ce joueur vient mettre la pression, explique l'arbitre après le match, il est trop véhément, il encourage ses partenaires à venir, cela pourrait créer un attroupement, il faut arrêter tout de suite ce genre de scène qui nuit au football."
Il va voir ensuite le jeune latéral lyonnais pour le mettre en garde: "Il va falloir faire très attention." Mais plus un seul jaune ne sortira de sa poche, dans un match à quatre avertissements, deux de chaque côté (Barcola 26e, Kumbedi 32e, Théate 34e et Majer 39e).
L'arbitre fait aussi preuve de pédagogie, il prévient les joueurs avant ce coup franc à la 15e minute: "Le mur est dans la surface, s'il y a main c'est penalty, OK les gars? Rangez bien vos bras, ne faites pas comme M. Lacazette à Lille, ne sortez pas le coude bêtement."
Le trio a préparé son match en visionnant les rencontres précédentes des deux équipes et sait que le capitaine rhodanien a coûté un penalty à son équipe il y a un mois à Lille (3-3).
Enfin, sur un des rares points chauds, quand Nicolas Tagliafico se retrouve à terre (83e), l'arbitre appelle les deux capitaines, Lacazette et Hamari Traoré: "C'est fait, c'est sanctionné, on arrête, les gars, c'est bon? Voilà, c'est le foot qu'on aime voir, ça, merci."
- Vers la sonorisation des arbitres -
La sonorisation des sifflets "enrichirait le spectacle", estime le président de la Commission fédérale des arbitres, Eric Borghini, partisan de cette expérience avec l'AFP dimanche, comme le directeur de l'arbitrage, Antony Gautier.
"Indéniablement ça peut apporter au spectacle mais ça ne dépend pas des arbitres mais de l'Ifab", prolonge Benoît Bastien en évoquant le Conseil international du football, qui détermine les règles du football.
La Fédération française de foot (FFF) insiste auprès de ce "gardien de lois" du foot pour pouvoir sonoriser ses arbitres pour les téléspectateurs, comme dans d'autres sports. "Mais ce sera long", tempère Borghini.
"Ce serait intéressant pour le public de savoir pourquoi on va voir la vidéo plutôt que de le laisser au ressenti des commentateurs", estime pourtant Bastien.
Pour l'autre arbitre assistant, Aurélien Berthomieu, "ça peut éclairer le spectateur, mais il ne faudrait pas entendre l'arbitre tout le long!"
On aurait pourtant pu y entendre cet échange tout en cordialité entre Lacazette et Bastien, qui a oublié un corner pour l'OL (56e):
"Aucune idée, Monsieur, le joueur me tourne le dos, avoue l'arbitre.
- Y'a pas de souci, vous ne pouvez pas tout voir, répond Lacazette.
- C'est sympa, merci", conclut Bastien. La seule fois où il s'est trompé, il est pardonné.