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Deux couronnes mondiales sont passées sous le nez des escrimeurs français. L'or du fleuret féminin et de l'épée masculines ont été chipées en finale par les Italiens transcendés par leurs tifosi à Milan samedi.
La bande d'Ysaora Thibus a fait douter un temps la "dream team" italienne du fleuret avant de s'incliner (45-39) face à la maestria d'Arianna Errigo et Alice Volpi. Romain Cannone et les épéistes sont eux passés à côté de leur finale (45-31) enflammée par les "Azzurri".
Ces deux médailles d'argent portent le compteur tricolore à cinq avant les deux dernières armes en lice par équipes dimanche, le fleuret masculin et le sabre féminin où l'escrime française compte deux des meilleures tireuses du monde avec Sara Balzer, N.1 mondial, et Manon Apithy-Brunet, médaillée de bronze à Tokyo.
"A froid, le positif apparaitra. Mais là, je suis dégouté d'avoir perdu", accuse le coup en attendant Pauline Ranvier.
Le fleuret féminin français attend un titre mondial depuis 1951 (72 ans!) et il devra encore patienter au moins deux années de plus. Mais entre temps, une échéance autrement plus importante attend les Bleues, les Jeux olympiques de Paris 2024.
"On arrive à les faire douter, c'est le point positif de cette saison", observe Ysaora Thibus à propos des Italiennes, nation N.1 du fleuret féminin. "Il nous reste un an pour progresser et être là au bon moment, aux Jeux olympiques, c'est l'objectif qu'on a."
- "Le vrai objectif est un peu plus loin" -
Même projection vers l'échéance d'une vie chez les épéistes qui visaient le triplé samedi après leurs titres de 2019 et 2022. "Perdre une finale face à l'Italie, ça fait mal", grimace Yannick Borel. Mais "le vrai objectif est un petit peu plus loin", rappelle Romain Cannone, médaillé d'argent, sa deuxième après le bronze dans l'épreuve individuelle.
Les hommes de Hugues Obry, quatrièmes des Championnats d'Europe le mois dernier, se sont rassurés aussi avec le retour de Yannick Borel, touché à une cheville et encore loin de son plein potentiel.
"On était un peu dans une phase de doute, on peut le dire", reconnait Alexandre Bardenet. "On avait enchaîné deux contre-performances lors des deux dernières étapes de Coupe du monde par équipes." A savoir une sortie en quart de finale et une autre en huitième.
Samedi, le contexte aussi à jouer son rôle. Il y avait une atmosphère de San Siro dans les tribunes branlantes du palais des Congrès de Milan fêtant chaque touche comme un but dans la cathédrale de Giuseppe-Meazza, sise un peu plus loin sur la même ligne de métro. Présent pour entendre résonner deux "Fratelli d'Italia" --ce à quoi il a eu droit-- le public est allé jusqu'à conspuer les revirements arbitraux après consultation de la vidéo.
"Ca leur donne du feu, de l'énergie. Les Italiens se sont fait porter", livre le champion olympique Romain Cannone. "A Paris, ce sera des Français et j'ai hâte de voir ce que ça va donner."
"C'était un bon test aussi pour préparer les Jeux de Paris", juge Pauline Ranvier. "En tant que sport de niche, on n'a pas l'occasion d'être confronté à cette dimension ajoutant de la difficulté au sport."