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"Je ne perds jamais. Je gagne ou j'apprends". Porté par cette devise de Nelson Mandela, Benjamin Pavard fait mentir les sceptiques qui lui promettaient une adaptation difficile au Bayern Munich, dont il est devenu en quelques mois un titulaire indéboulonnable.
En août dernier, lors de son transfert de Stuttgart vers le club aux cinq Ligues des champions, un "expert du foot allemand" d'une radio française avait tranché avec assurance: "On sait que Pavard va passer son année sur le banc".
La réponse du champion du monde est cinglante: il a disputé à ce jour l'intégralité de 36 des 39 matches du club cette saison (3 buts, 5 passes décisives). Seuls le capitaine et gardien Manuel Neuer et la star Joshua Kimmich ont passé plus de temps que lui sur la pelouse!
Une surprise? "Pour les gens qui me critiquaient, oui, pour moi, non", rétorquait cette semaine dans le quotidien l'Equipe l'ancien Lillois de 24 ans: "Je suis venu dans l'un des plus grands clubs du monde, si ce n'est le meilleur, pour jouer, je me +tape+ chaque jour pour ça. Ça me réussit bien".
Avant la réception de Francfort samedi (18h30/16h30 GMT), le Bayern est en tête avec quatre points d'avance sur Dortmund. Il reste huit matches à celui que ses coéquipiers surnomment "Benji" pour décrocher son premier titre de champion d'Allemagne.
- Après-Mondial difficile -
Certes, les sceptiques pourront toujours avancer que les blessures graves en début de saison des deux centraux titulaires Niklas Süle et Lucas Hernandez n'étaient pas prévisibles. Mais Pavard a su saisir cette chance à bras le corps, grâce notamment à sa polyvalence.
Défenseur axial de métier, ce droitier a joué sur les deux ailes et au centre, selon les besoins. Depuis novembre, l'entraîneur Hansi Flick l'a stabilisé au poste de latéral droit, comme l'a fait Didier Deschamps en équipe de France.
"Certaines personnes vont dire qu'il n'y a pas d'arrière droit, qu'ils ont mis Kimmich au milieu... Mais si je n'étais pas bon à ce poste, je pense qu'ils auraient trouvé une solution pour me mettre sur le banc", a lâché Pavard récemment sur RMC, en réponse aux critiques.
"Ça veut dire que je suis performant, que j'ai la confiance du club, du coach. Ça se ressent que je prends du plaisir sur le terrain", ajoute le natif de Maubeuge.
Dimanche, son but de la tête sur corner contre l'Union Berlin (2-0), pour la reprise de la Bundesliga, a démontré son retour en forme après la longue période sans compétition due au coronavirus.
Le scepticisme avait été suscité par son "après Mondial-2018". Revenu fatigué de Russie, Pavard avait eu une saison difficile avec Stuttgart, conclue par une descente en deuxième division qui l'avait atteint moralement.
- "Ici, tu sens l'Histoire" -
Mais l'homme a de la ressource, et de la profondeur. La devise de l'ex-président sud-Africain Mandela, "Je ne perds jamais. Je gagne ou j'apprends" est inscrite sur son protège-tibia: "Cette citation m'inspire. A chaque match, à chaque entraînement et dans beaucoup de situations dans la vie je me dis toujours: tu apprends plus de tes défaites que de tes victoires".
Dans cette interview au site du Bayern Munich, publiée au début du confinement en mars, Pavard évoquait aussi son père, son premier entraîneur: "Il me disait tout le temps ce que je devais améliorer. C'est de lui que je tiens cet état d'esprit, de ne jamais être satisfait. J'ai été élevé comme ça: la réflexion sur soi-même te rend plus fort".
Pour l'heure, c'est surtout l'aspect offensif de son jeu que Pavard cherche à améliorer, alors que la saison dernière à Stuttgart, il dépassait rarement la ligne médiane...
Le jeune homme, qui avait déjà apprécié à Stuttgart la mentalité allemande, a rapidement trouvé sa place à Munich: "C'est un club qui me correspond. Les valeurs sont les miennes, dit-il. C'est la rigueur. C'est carré. Quand tu entres, tu sens l'Histoire. Quand je vois les Français rester aussi longtemps, cela me renforce dans l'idée qu'ici, c'est une vraie famille".
Uli Hoeness, l'ex-président du Bayern, en était convaincu dès octobre: "Pavard a déjà montré qu'il sera l'un des meilleurs transferts que nous ayons jamais fait", avait lancé le vieux dirigeant, qui avait recruté jadis les Papin, Lizarazu, Sagnol et autre Ribéry, devenues des légendes du club.