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JO-2020/Athlétisme: pour Belocian, l'heure de faire parler la technique

Le hurdleur Wilhem Belocian, au coeur de la meilleure saison de sa carrière, semble prêt à utiliser sa technique soyeuse pour monter sur le podium olympique et perpétuer la tradition française sur 110 m haies, dont la finale est programmée jeudi.

Il y a cinq ans, lors de sa série des Jeux olympiques de Rio, Belocian était sorti sur faux départ, un crève-coeur pour cette jeune pousse de l'athlétisme français, champion du monde et recordman du monde junior en 2014.

"Par rapport à 2016, je suis différent sur tous les points", assure le Guadeloupéen, 26 ans désormais. Plus costaud, plus rapide, plus constant, Belocian dégage sur la piste la sérénité des champions.

En six courses cette saison il n'a pas fait moins bien que 13 sec 38. Il a même amélioré son record en finale des Championnats de France en 13 sec 15, de quoi le positionner premier européen des bilans, au 6e rang des engagés aux Jeux de Tokyo.

"Pour éviter de me rajouter de la pression je préfère me dire que tous les compteurs sont à zéro. Je ne me place pas en position de favoris mais plutôt d'outsider pour jouer un podium, je préfère rester focus sur moi", avance le médaillé de bronze européen en 2016, prudent.

- "Un perfectionniste" -

"Physiquement et mentalement je suis bien, je n'ai plus qu'à m'exprimer. Toute ma préparation s'est bien déroulée, mon état de forme a tenu jusqu'à maintenant."

Libéré de toute blessure, Belocian peut exprimer son plein potentiel et faire parler sa principale force: la technique du passage de haies.

"Techniquement il est très coordonné. Il possède à la base toutes les qualités physiques, techniques, athlétiques. Comme c'est un perfectionniste, il travaille pour peaufiner cette technique. Il sait que c'est un de ses points forts par rapport à sa taille (1,78 m, modeste pour un hurdleur)", explique à l'AFP Ketty Cham, son entraîneure depuis dix ans.

"Il bosse énormément. Quand il sent que le franchissement n'est pas bon, il revient, il recommence, il bosse. A leur niveau (aux JO), le vainqueur sera celui qui sera le plus solide physiquement, qui n'aura pas d'affaissement entre les haies, celui qui ne fera pas de faute", annonce-t-elle.

Malgré son niveau actuel, pas question d'arrêter de travailler son point fort.

"Il a encore des points d'amélioration. Il a encore des petits problèmes au niveau de la préparation de l'impulsion. C'est la base du 110 m haies, refaire ses gammes comme un musicien", image la CTN (conseillère technique nationale) responsable des Antilles.

- Avec Caristan -

L'enfant des Abîmes, champion d'Europe en salle du 60 m cet hiver, possède un fonctionnement bien rôdé: il habite en Guadeloupe environ la moitié de l'année, et s'envole pour la métropole deux mois l'hiver et entre trois et quatre mois l'été.

Là, à l'Insep, il peut bénéficier des conseils du champion du monde 2015 du 110 m haies Ladji Doucouré, en plus de sa coach qui l'accompagne une bonne partie du temps.

En 2018, après une blessure, il a retapé son physique avec le champion d'Europe 1986 Stéphane Caristan dans le temple du sport français. Et récemment, il a pris sous son aile l'espoir des haies françaises Sasha Zhoya, qui espère toujours lui piquer son record du monde junior.

Belocian a bien le sens de l'héritage, dans une discipline qui n'en manque pas en France.

Il rêve de devenir à Tokyo le 5e médaillé olympique tricolore sur les haies hautes après Guy Drut (argent en 1972, or en 1976), Michèle Chardonnet (bronze en 1984), Patricia Girard (bronze en 1996) et Dimitri Bascou (bronze en 2016).

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