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Quand les supporters font plus de bruit hors des stades que dans les tribunes: l'arrêt anticipé du football français a contraint les clubs à plancher sur la manière de dédommager leurs abonnés, à travers des modalitées variées, mais pas toutes acceptées par les supporters.
- Un cadre légal à l'avantage des clubs ? -
Le ministère des Sports a fixé les règles du jeu. Une ordonnance en date du 7 mai offre la possibilité aux clubs de proposer aux détenteurs d'abonnements au stade à l'année "un avoir en vue de bénéficier d'une prestation de même nature et d'une valeur équivalente" en cas d'annulation de la compétition.
Le texte donne aussi la liberté de rembourser les abonnés pour les matches non-disputés, mais après un délai de 18 mois. C'est un coup de pouce consenti aux clubs dont les comptes ont basculé vers le rouge en raison de l'arrêt du Championnat.
"Rembourser les billets, les abonnés et les +hospitalités+ représentait 2,4 M EUR, c'est difficile dans ce contexte", admet auprès de l'AFP le président de Reims Jean-Pierre Caillot.
Mais pour les consommateurs, "cette réglementation est défavorable, parce qu'elle revient à restreindre leurs droits pour sauver ou protéger des acteurs économiques en difficulté et leur trésorerie. Ca revient un peu pour les supporters à faire crédit à leur club, sans intérêt", analyse Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint du magazine de défense des consommateurs 60 millions de consommateurs.
D'autant qu'il y a des supporters désireux de récupérer leur mise: "Certains abonnés ont besoin d'être remboursés. Mais les gens sont patients et savent que la situation est compliquée", estime Thierry Boirivent, vice-président de l'Amicale des Rouge et Bleu, à Lyon.
- Des options variées -
A l'image de Lyon ou du Paris-SG, qui comptent le plus grand nombre d'abonnés (près de 35.000), la majorité des clubs de L1 peaufinent leur plan de compensation - signe que le sujet est complexe, et même politique dans certains stades.
Pour le tiers de formations de L1 qui ont dévoilé leurs options, les choix diffèrent. Mais deux idées font consensus: le report de l'avoir vers la saison prochaine et la possibilité de faire un don.
Le club peut garder l'argent, comme Reims, Strasbourg et Dijon, ou le reverser à la fondation qui lui est rattaché, comme Montpellier ou Marseille (qui reverse 20%). Saint-Etienne laisse le choix à ses fans. Le club rémois, comme le DFCO ou le MHSC, propose aussi de transformer l'avoir en bon d'achat pour sa boutique.
Toulouse, lanterne rouge, se singularise de son côté en donnant l'option d'indemniser dès à présent ses abonnés, et non après la période de 18 mois.
- Des supporters divisés -
Ces plans de dédommagements sont d'autant plus un exercice d'équilibriste que les supporters n'ont pas tous les mêmes exigences.
A Lens, où le futur promu n'a pas encore dévoilé ses offres, les supporters s'accordent pour faire un geste envers le Racing: "La situation n'est pas évidente pour le club. Je trouve donc logique de réaliser une sorte de don. D'autant plus qu'à Lens, la tarification n'est pas chère", explique Loïc Willer, président des North Devils.
A Reims, "on constate que 26% des abonnés ont décidé de faire un don sec au club, 30% ont choisi un avoir en boutique et le reste un avoir en billetterie pour la saison prochaine. C'est assez incroyable et ça fait chaud au coeur", dévoile Jean-Pierre Caillot.
Même situation à Strasbourg, l'un des stades les plus remplis du Championnat: "Renoncer au remboursement n'est pas le plus grand sacrifice. Des milliers de personnes sont privées de leur passion et c'est l'absence de matches, l'impossibilité d'aller à la Meinau depuis début mars qui constitue la grande difficulté actuelle", estime Philippe Wolff, président de la Fédération des supporters du Racing.
Ailleurs, là où les supporters sont en conflit avec la direction, la question devient inflammable.
Les Ultramarines de Bordeaux veulent être remboursés tout de suite, et reverser eux-mêmes l'argent à l'antenne locale de Médecins du monde. "Nous ne comptons pas faire de cadeaux à la direction du club", ont-ils écrit sur leur site.
Les mêmes tensions affleurent à Marseille, où les groupes d'ultras, dans un communiqué commun, estiment que donner l'argent à l'OM "n'apparaît plus comme une évidence".
Mais tous se posent la question de leur date de retour dans les stades. Avec la forte probabilité de débuter la saison prochaine à huis clos, la cacophonie risque de perdurer.
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