Le match de mardi "a une très grande importance psychologique, il ne faut pas se voiler la face, le 7-1 du Mondial est un fantôme qui nous hante", reconnaît Tite, dans une interview vérité publiée lundi par le magazine allemand du football Kicker. "La blessure est encore ouverte (...) ce match de Berlin fait partie du processus de cicatrisation", dit-il, avant d'admettre sans gêne ressentir "de la peur" avant cette rencontre.
"Nous n'avons pas le droit de nous laisser intimider ou de céder à la panique. Ce sera un match difficile, oui, qui va nous demander beaucoup émotionnellement. Mais notre préparation a visé à cela", assure le coach, qui a pris en main l'équipe aux cinq étoiles en juin 2016.
Forcément plus relax, son homologue allemand Joachim Löw admet lui aussi que la partie de Belo Horizonte a marqué sa vie: "Ce match, c'est un sujet de conversation pour le siècle. Il m'arrive moi-même de revoir les buts, avoue-t-il. Quand on gagne 7-1 en demi-finale d'un mondial contre le pays organisateur, oui, ça reste en mémoire..."
"En faisant semblant..."
Au Brésil, la presse et les réseaux sociaux se chargent de garder vivante la mémoire d'une humiliation qui a secoué le pays du football-roi. "Nous allons suivre Allemagne-Brésil en buvant une bière et en faisant semblant que le 7-1 n'a jamais existé", essaie par exemple de se convaincre @cabcuda sur Twitter.
A la douleur de la défaite s'ajoute celle du ridicule. "Quand les blagues vont-elles s'arrêter?", s'interroge le site Folha Vitória, qui goûte assez peu l'humour du net autour du match historique. Ces derniers jours, des journaux ont rapporté que le défenseur Dante, qui jouait au Bayern Munich à l'époque, avait souffert des taquineries de Thomas Müller dans le vestiaire.
En public, les joueurs allemands font preuve cependant du plus grand respect pour leurs adversaires: "Quand je regarde leur équipe par rapport à 2014, ils sont deux divisions au dessus", a mis en garde Toni Kroos, auteur de deux buts lors du carton de Belo Horizonte. "Ils ont de très bons joueurs, un bon collectif, et sont à coup sûr l'un des favoris du Mondial".
"Le 7-1? On n'en parle pas entre nous", promet Ilkay Gündogan: "Pour nous c'est du passé lointain, nous nous concentrons sur le duel de mardi". "Contrairement à 2014, leur équipe est plus équilibrée", analyse le milieu de Manchester City, "des joueurs comme Paulinho et Casemiro leur apportent quelque chose qu'ils n'avaient pas à l'époque. Ils sont redevenus le Brésil que tout le monde connaît".
Tout sauf amical
Pour les deux entraîneurs, qui visent tous les deux une victoire en finale le 15 juillet, le match sera donc tout sauf amical, d'autant qu'il sera le dernier avant la publication des listes des 23 au mois de mai.
Côté allemand, Löw devrait procéder à au moins cinq changements par rapport à l'équipe qui a fait match nul contre l'Espagne vendredi: Plattenhardt jouera arrière gauche pour Hector, Gündogan prendra la place de Khedira comme milieu défensif, et le jeune attaquant de ManCity Leroy Sane succédera à Julian Draxler sur l'aile gauche. Müller et Özil ont pour leur part déjà quitté la sélection, et leur absence offre à Löw la possibilité de tester une animation offensive totalement différente.
Pour Tite, le premier match contre l'Allemagne après le "Mineirazo" n'est évidemment pas propice à des expérimentations. Le coach a confié qu'il n'effectuerait qu'un seul changement par rapport à l'équipe vainqueur de la Russie 3-0 vendredi à Moscou. Fernandinho devrait prendre la place de Douglas Costa, ce qui modifiera légèrement le schéma du départ: Coutinho sera replacé sur l'aile gauche tandis que Willian occupera le couloir droit, Fernandinho et Paulinho étant plus centraux, devant le pivot Casemiro.
Thiago Silva devrait être titulaire en défense centrale, et Marquinhos de nouveau sur le banc au coup d'envoi.