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NBA: "Utah est l'équipe à battre, c'est nouveau pour nous", savoure Rudy Gobert

"Utah est l'équipe à battre, c'est nouveau pour nous", confie Rudy Gobert à l'AFP dans un entretien où le pivot français du Jazz évoque aussi le regard des autres équipes qui change, la fatigue physique à dépasser, le sentiment d'être un basketteur parfois déprécié.

QUESTION: Utah domine la saison régulière, comment expliquer cette réussite?

REPONSE: "Notre progression est constante chaque année, mais cette saison, l'effectif est complet, il y a beaucoup de talent, on a un banc expérimenté, un très bon coach... On a toutes les pièces pour construire une bonne équipe. On veut continuer à progresser, pour jouer notre meilleur basket quand les play-offs arriveront."

Q: 2020 a été difficile, le Covid vous a affecté vous et d'autres joueurs, l'élimination en play-offs contre Denver dans la bulle a été frustrante. Mais on sent depuis qu'un cap a été franchi mentalement...

R: "Toutes les difficultés rencontrées l'an passé auraient pu nous détruire. Elles nous ont rendus plus forts. On a traversé des moments que peu d'équipes ont dû vivre. On est plus soudés, oui."

Q: C'est l'union sacrée avec Donovan Mitchell, après votre brouille sur fond de transmission du coronavirus ?

R: "Cet épisode nous a tous les deux fait grandir. Or nous voulons la même chose: gagner des titres. C'a été important que chacun se comprenne, car sur le terrain, du coup, on s'entend mieux."

Q: Sentez-vous que le regard des autres équipes a changé ?

R: "On voit qu'elles donnent vraiment le meilleur d'elles-mêmes chaque soir contre nous, car nous avons l'étiquette d'équipe à battre. Pour nous, c'est nouveau, c'est une approche différente par rapport aux saisons précédentes. A ce niveau-là aussi, on a franchi un cap au niveau mental, qui fait qu'on se concentre encore plus sur nous-mêmes, peu importe contre qui on joue. Nous avons notre destin en mains. Nous commençons à le comprendre collectivement."

Q: Cette saison est dense, plus exigeante physiquement...

R: "Je touche du bois, je n'ai pas encore raté de match. Il y a des soirs où la fatigue est grande, où j'ai mal ici ou là. Mais je sais que mon équipe a besoin de moi, et ça me conditionne psychologiquement, quand tout ne va pas forcément bien. On a tous cette mentalité dans l'équipe."

Q: Vous venez de signer un gros contrat, cela génère-t-il plus de pression ?

R: "L'argent n'a jamais été source de pression. Mon objectif a toujours été, depuis mes débuts, d'être le meilleur possible. Quand on évoque évidemment les sommes en jeu, ça change le regard des gens, mais je reste quelqu'un qui joue au basket d'abord parce que j'aime ça. J'aime la compétition, j'ai beaucoup de fierté à défendre mon honneur, celle de mon équipe, de mon pays."

Q: Vous avez été deux fois meilleur défenseur de la saison (2018, 2019). Cette distinction reste-t-elle un objectif?

R: "Essayer d'être le meilleur défenseur du monde chaque année est un objectif récurrent, oui."

Q: Vous venez de réussir 9 contres dans un match. Quelle sensation ce geste vous procure ?

R: "Quand tu réussis un contre, l'adrénaline te gagne, c'est ta domination qui s'exprime. Ca fait un effet de surprise à l'adversaire qui pensait marquer. Après, l'acte défensif ne se résume pas à ce geste qui est évidemment visuel et retient l'attention. A chaque match il y a des joueurs qui viennent et qui font demi-tour quand ils me voient, quand ils ne font pas un marcher ou une perte de balle. Cet impact dissuasif, c'est le plus important pour moi."

Q: Dans quels domaines pensez-vous avoir progressé ?

R: "Je me sens plus à l'aise dans la finition, je suis aussi plus patient sous le panier, je gagne en efficacité, j'améliore mon jeu de passe, ma lecture du jeu. Les gens ne le voient pas toujours, mais le nombre de victoires de l'équipe en témoigne. Surtout, je sais que je suis loin d'avoir atteint mon +prime+ (sommet)."

Q: Avez-vous le sentiment d'être mal considéré ou déprécié?

R: "J'ai parfois ressenti de la frustration ces dernières années, me disant qu'on ne connaissait pas ma valeur. Mais j'ai fini par accepter le fait que les fans préfèrent voir les belles actions plutôt que de se focaliser sur les moindres détails. Ce travail de l'ombre me procure du plaisir. Pour comprendre l'impact d'un joueur comme moi, il faut plus de connaissance basket que pour apprécier un joueur à 30 points par match. Ca ne me dérange pas et c'est normal! La vraie récompense pour moi est dans la victoire à laquelle je contribue."

Propos recueillis par Nicolas PRATVIEL

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