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L'ancien patron du patinage français, Didier Gailhaguet, demande 300.000 euros d'indemnisation à la ministre des Sports, l'accusant de l'avoir traité en "bouc émissaire" pour le contraindre à démissionner en février à cause d'un scandale de violences sexuelles.
Dans un recours administratif consulté mardi par l'AFP, Didier Gailhaguet dénonce les pressions et déclarations de la ministre Roxana Maracineanu jusqu'à sa démission, début février, de la tête de la Fédération française des sports de glace (FFSG).
En cas de refus ou de non réponse du ministère d'ici deux mois, il pourra saisir le tribunal administratif.
Quinze jours avant sa démission, plusieurs anciennes patineuses, dont Sarah Abitbol dans son livre "Un si long silence", avaient accusé de viol et agressions sexuelles leurs anciens entraîneurs, notamment Gilles Beyer.
Didier Gailhaguet, qui présidait la FFSG depuis 1998 - à l'exception d'une parenthèse entre 2004 et 2007 - a été accusé d'avoir maintenu ce dernier dans le circuit du patinage, malgré des soupçons en 2000, ce dont il se défend.
"Je n'ai bien sûr pas l'intention d'être la victime expiatoire des dysfonctionnements évidents de l'administration", insistait-il dans un courriel obtenu mi-mai par l'AFP, dans lequel il refusait aussi de quitter son poste au sein du comité olympique français.
Dans son recours administratif, il rappelle avoir demandé au ministère des Sports de diligenter une enquête sur M. Beyer dès 1999 après le signalement par une patineuse de "comportements équivoques". Et que le ministère a accordé son agrément aux stages organisés par M. Beyer avec des mineurs de 2000 à 2019.
Le recours dénonce aussi la menace du ministère de retirer son agrément à la fédération, qualifiée d'"arme atomique" pour le contraindre à partir.
Auprès de l'AFP, ses avocats Mes William Bourdon et Vincent Brengarth dénoncent le "comportement fautif de la ministre des Sports qui, pour obtenir la tête de Didier Gailhaguet, s'est saisie d'un climat médiatique abrasif sur les violences sexuelles, le désignant comme bouc émissaire pour échapper à ses propres turpitudes et ce alors qu'aucune enquête n'avait été effectuée".
"L'éviction brutale et forcée de Didier Gailhaguet s'inscrit dans une logique de fait du prince, comportement qui doit être étranger à tout responsable dans une démocratie", attaquent-ils.
Dans le détail, Didier Gailhaguet réclame 152.550 euros correspondant aux 27 mois d'indemnités qu'il aurait touchées selon lui s'il était allé au bout de son mandat, ainsi que 150.000 euros de préjudice moral.