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Tennis: la justice épingle un licenciement "brutal" de l'ère Moretton en Rhône-Alpes

Les prud'hommes de Grenoble ont condamné la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de tennis pour avoir procédé, en 2018, à un licenciement injustifié, qui plus est "brutal et vexatoire", sous la présidence de Gilles Moretton, désormais patron de la fédération nationale.

Dans une décision rendue le 8 juillet, que l'AFP a pu consulter mardi, les juges prud'homaux ont conclu que le licenciement pour motif économique de François Bardin, qui occupait alors le poste de directeur de la ligue régionale, était dépourvu de "cause réelle et sérieuse".

La ligue a été condamnée à lui verser 108.000 euros de dommages et intérêts, ainsi qu'à rembourser aux organismes sociaux six mois d'allocations chômage versées à M. Bardin. Elle a fait appel.

Ce licenciement est intervenu au printemps 2018, alors que Gilles Moretton venait de prendre la présidence de la nouvelle ligue Auvergne-Rhône-Alpes (ARA), née de la fusion des ligues d'Auvergne, du Lyonnais et de Dauphiné-Savoie.

L'ancien joueur, reconverti dans l'événementiel sportif, avait été élu le 20 janvier 2018 face à Stephan Post, président sortant de la ligue Dauphiné-Savoie, dont François Bardin était salarié depuis 1996.

MM. Post et Bardin travaillaient en étroite collaboration et en octobre 2017, lors d'une période transitoire ayant précédé l'élection du président, M. Bardin avait été nommé directeur de la nouvelle Ligue ARA.

Mais le 13 mars 2018, il était convoqué à un entretien préalable par Gilles Moretton, en vue d'un licenciement - effectif un mois plus tard.

"On a contesté le motif économique en plaidant que ce licenciement était, en réalité, le fruit d'un règlement de comptes", a déclaré à l'AFP l'avocat de M. Bardin, Me Jacques Thoizet. "Moretton a estimé que Bardin n'était pas un homme à lui et il l'a viré", abonde une source proche du dossier.

Gilles Moretton, élu à la tête de la FFT en février, a fait savoir à l'AFP qu'il ne souhaitait plus "intervenir sur ce dossier".

Contactée également, l'avocate de la Ligue ARA, Me Flore Patriat, a évoqué un dossier "parfaitement classique" de licenciement pour motif économique, dans lequel il n'y avait "rien de personnel".

Selon elle, la ligue régionale a pris "une mesure qui s'imposait" face à une situation financière "très préoccupante", souhaitant aussi "supprimer un échelon" dans l'encadrement, "pléthorique".

Les prud'hommes ont cependant rejeté l'analyse économique présentée par la ligue pour justifier le licenciement de M. Bardin, en pointant que certaines données fournies étaient "erronées". "Sans cause réelle et sérieuse", le licenciement a été jugé en outre "brutal et vexatoire".

"Après 22 ans d'ancienneté sans reproche", M. Bardin a été "dispensé d'activité" et "prié de rentrer immédiatement chez lui le jour de la convocation à un entretien préalable", relèvent les conseillers, ajoutant qu'on lui a reproché d'être revenu à deux reprises dans son ancien bureau, "alors qu'il souhaitait récupérer des effets personnels".

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