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La carrière de l'ex-international de rugby Christophe Dominici, retrouvé mort mardi à 48 ans en région parisienne, a épousé la trajectoire sinueuse de sa vie, du sublime essai face aux All Blacks lors du Mondial-99, jusqu'au désespoir le plus sombre, qui le hantait.
"La vie est bien faite. Dans les drames que tu vis, quand tu décides d'aller chercher les choses, tu les atteins. Quand tu n'as plus envie d'aller les chercher, tu es fini."
Ainsi parlait Dominici, au soir de sa riche carrière avec le XV de France (67 sélections, 25 essais, 4 victoires dans le Tournoi dont deux Grand Chelem, finaliste de la Coupe du monde 1999).
Mardi, celui qui avait tenté en vain pendant l'été de racheter le club de Béziers (Pro D2), a été vu monter sur le toit d'un bâtiment désaffecté à l'entrée du parc de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) en début d'après-midi avant de sauter, a précisé une source policière.
Le président de la Fédération Bernard Laporte, qui l'avait entraîné au Stade français puis en équipe de France, a salué mardi soir sur Twitter la mémoire de son "frère".
"Tu es mon ami et à jamais, je t'aimerai. Le monde du Rugby te pleure. Tu deviens notre légende", a-t-il ajouté.
Visage connu du grand public, Dominici a fait rentrer une certaine idée du French flair dans les foyers français un après-midi de 1999, en réussissant une percée puis un essai d'anthologie, après rebond favorable, pour renverser les All Blacks, le match et mener les Bleus en finale de Coupe du monde (43-31). Une finale perdue une semaine plus tard contre l'Australie (12-35).
"Petit par la taille, mais un titan sur le terrain, Christophe Dominici, nous ne t'oublierons jamais", ont tweeté les All Blacks, pas rancuniers.
Peu après ce coup d'éclat, Dominici connaîtra un épisode dépressif, puis une éclipse en sélection entre novembre 2001 et juin 2003.
Le quintuple champion de France s'y est ensuite refait une place -certains disent à la faveur de ses bonnes relations avec Bernard Laporte- pour en devenir un des cadres.
L'insouciance du jeune Toulonnais peroxydé aux crochets déroutants avait laissé la place à la réflexion d'un homme de 35 ans, mûrie au gré d'épreuves personnelles (décès de sa sœur, rupture avec sa femme, dépression) relatées dans son autobiographie-thérapie "Bleu à l'âme", parue au printemps 2007.
"Ça m'a permis d'évacuer beaucoup de choses, expliquait-il alors, quelques mois avant le Mondial. J'ai joué deux Coupes du monde avec des élastiques dans le dos et je n'ai jamais gagné. Je les ai enlevés. J'espère que ça me permettra de courir plus vite."
Lors du Mondial-2007, conclu à une décevante 4e place à domicile, il n'est plus un titulaire incontestable (3 titularisations en 7 matches) mais devient le meilleur marqueur français en Coupe du monde (8 essais) avec ses deux derniers essais en Bleu, inscrits contre la Géorgie.
- "Injustice" -
Après sa carrière, Dominici a multiplié les expériences: bref entraîneur des lignes arrières du Stade Français, dont il était devenu actionnaire (1%), il a également été consultant rugby sur différents médias (RTL, L'Equipe 21, France Télévisions), acteur, et a participé à "Danse avec les stars".
Ces derniers mois, Dominici était revenu sur le devant de l'actualité avec le projet de rachat de Béziers, porté par des Emiratis et finalement tombé à l'eau.
Lui qui voulait faire de l'ancien géant du rugby français "le plus grand d'Europe" "avait alors évoqué "une injustice, une offense"...
Il avait récemment été visé par une plainte pour vol et violences après un incident cet été dans un commerce de Saint-Tropez.
Rapidement, mardi, les hommages se sont multipliés.
A l'Assemblée nationale, les députés ont salué "une légende du XV de France", terme repris par le vice-président de la FFR Serge Simon, qui fut son équipier au Stade français, ou le manager du XV de France, Raphaël Ibañez.
Le sélectionneur Fabien Galthié, qui a comme Ibanez côtoyé Dominici en Bleu, a promis de lui "rendre hommage" ce week-end face à l'Italie, en Coupe d'automne des nations.
Un hommage lui sera également "rendu ce week-end lors de matches de Top 14 et Pro D2", selon la Ligue nationale de rugby.
"Il laisse un grand vide dans notre grande famille", a pour sa part réagi le Stade Français.
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