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La Cour d'appel de Paris a confirmé jeudi la condamnation à cinq ans de prison ferme contre Papa Massata Diack pour corruption dans le scandale du dopage russe en 2011, une affaire qui avait ébranlé le monde du sport et précipité la chute de son père, l'ex-patron de l'athlétisme mondial Lamine Diack.
La cour a en revanche réduit de moitié, à 500.000 euros, l'amende infligée en première instance à l'ancien consultant marketing de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), devenue depuis World Athletics, qui n'a assisté ni au procès, ni à l'audience de jeudi.
Elle a également confirmé la peine d'amende de 100.000 euros contre Habib Cissé, l'ex-conseiller juridique de Lamine Diack. Mais elle a assorti de sursis sa peine de trois ans de prison, alors que Cissé avait été condamné à un an ferme et deux avec sursis en première instance.
La cour a aussi réduit de moitié les montants alloués à World Athletics, qui réclamait 10,5 millions d'euros au titre du préjudice moral.
En janvier, le parquet général avait requis la confirmation des condamnations de première instance contre les deux hommes.
L'avocate de M. Diack, Marie-Sophie Goldschmidt, a exprimé sa "stupéfaction" face à cette condamnation en appel. Elle a dénoncé un jugement "inique" qui est un "copier-coller" de celui de première instance. Elle a précisé qu'elle discuterait avec son client d'un éventuel pourvoi en cassation.
Les avocats de World Athletics et de M. Cissé n'ont pas souhaité s'exprimer.
- Passeports biologiques -
Papa Massata Diack avait été reconnu coupable en septembre 2020 de complicité au sein d'un système de pots-de-vin visant à cacher des cas de dopage sanguins chez des sportifs russes en 2011, un an avant les Jeux olympiques de Londres.
En faisant traîner les procédures de sanctions contre ces athlètes aux passeports biologiques suspects, la Fédération internationale avait permis à certains d'entre eux de participer à ces Jeux.
En contrepartie, les grands parraineurs russes avaient renouvelé leurs contrats de partenariat avec l'IAAF, devenue depuis World Athletics, en vue des Mondiaux-2013 à Moscou.
Surnommé "PMD", Diack fils avait également été jugé coupable d'avoir détourné des fonds à hauteur de 15 millions d'euros sur des contrats de parrainage, via un montage de sociétés écrans.
Agé de 57 ans, il a toujours clamé son innocence depuis le Sénégal, pays qu'il dit ne pas pouvoir quitter car il est sous contrôle judiciaire dans cette même affaire.
L'avocat de la fédération internationale, Me Régis Bergonzi, avait lui dénoncé lors du procès en appel une "organisation bananière" de l'IAAF du temps de Lamine Diack, entre 1999 et 2015, un président entouré de fidèles et qui monnayait les loyautés.
En première instance, cinq autres protagonistes, dont Lamine Diack, avaient été condamnés. Diack père et l'ancien chef de l'antidopage de l'IAAF, le Français Gabriel Dollé, sont morts en 2021 et les poursuites les visant se sont éteintes. Deux responsables sportifs russes à l'époque des faits, Valentin Balakhnitchev et Alexeï Melnikov, n'ont pas fait appel.
- "Protection totale" -
En janvier, seul Habib Cissé s'était présenté devant la cour d'appel. Il avait également nié avoir été complice dans l'affaire russe.
L'ancien conseiller personnel de Lamine Diack, âgé de 52 ans, a ainsi assuré à la barre que les notifications concernant plusieurs athlètes à la fédération russe (ARAF) avaient été traitées au "cas par cas", en fonction du degré de soupçons de dopage, soulignant que tous les sportifs soupçonnés avaient finalement été suspendus.
Habib Cissé avait aussi été reconnu coupable d'avoir reçu 3,45 millions d'euros, soutirés à des athlètes russes en échange d'une "protection totale", c'est-à-dire leur disparition de la liste des sportifs soupçonnés de dopage.
Les enquêteurs avaient retrouvé chez lui une liste comportant les noms de plusieurs sportifs et des sommes d'argent. Ils avaient aussi exhumé une conversation par SMS avec "PMD" où il était question de "remboursement".
L'affaire, qui avait ébranlé le monde du sport, avait été révélée par l'agent de la marathonienne russe Liliya Shobukhova, qui avait payé 450.000 euros pour disparaître de la liste. Finalement suspendue en 2014, elle avait demandé un remboursement et reçu 300.000 euros provenant d'un compte à Singapour qui a permis de remonter à "PMD".