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Judo: en bronze au Masters, Agbégnénou sur "la bonne voie" olympique

En bronze samedi au Masters à Budapest, après son sixième or mondial en mai, Clarisse Agbégnénou "emprunte la bonne voie" pour "être championne olympique à la maison" après Tokyo, "doublement fatiguée" mais "fière" de son rôle de mère judoka, explique-t-elle à l'AFP.

Q: Quel bilan tirez-vous de cette compétition ?

R: "Je suis contente, je sais qu'elle n'était pas facile. Le Masters réunit les meilleures mondiales donc on n'a pas de répit. Je travaille d'arrache-pied pour revenir au plus haut niveau. D'accord, j'ai gagné aux +Monde+, mais pour moi ce n'était pas une finalité. Je veux continuer à perdurer, et là j'avais besoin de retrouver des repères. Savoir où j'en suis et voir sur quels axes je dois travailler. Je suis très contente mais maintenant je vais bien travailler parce que j'adore être sur le podium, mais je préfère être sur la première marche".

Q: Quels sont ces axes de travail?

R: "Le tactico-technique, la force, l'endurance de force, ce qui m'a manqué lors du Golden score (prolongation, NDLR) sur la demi-finale (contre la Japonaise Miku Takaichi) et travailler surtout pour faire tomber la Japonaise. En fait, tout simplement, que ce soit aussi plus facile pour moi".

Q: Avez-vous manqué de lucidité ?

R: "Je ne pense pas que c'était ça, je pense que c'était la force, l'endurance pour continuer jusqu'à ce que mort s'ensuive. Voilà, on a déjà fait des Golden score de onze minutes ensemble et là, ça s'est arrêté un peu plus vite (neuf minutes). Au sol, quand je suis sortie de la première immobilisation, j'ai laissé beaucoup de jus. C'est à moi d'aller la chercher et de la faire tomber avant. Donc je ne pense que c'est de la lucidité, c'est juste de l'entraînement, pour retrouver un peu ma forme d'antan".

Q: Cette forme d'antan, pensez-vous pouvoir la retrouver avant les Jeux ?

R: "Je vais tout faire pour, mais c'est déjà pas mal ! Je ne vais pas faire la rabat-joie. Quelques mois après la naissance de ma fille (en juin 2022, NDLR), je ne pensais pas revenir comme ça et accrocher à chaque fois des médailles mondiales. Donc j'en suis très fière".

Q: Le tout en ayant votre fille avec vous en compétition.

R: "Oui, tout le monde me dit +comment tu fais pour faire ça avec ton enfant?+, Athéna, que j'allaite toujours, jour et nuit, à la demande. Elle demande beaucoup et je suis quand même fière de pouvoir continuer, même en période de compétition. Cette nuit j'étais avec ma fille, elle a tété au moins 3-4 fois. Mais pour moi ce sont des choses qui n'ont pas de prix".

Q: Cela doit aussi être une fatigue.

R: "Oui, car là on a fait pas mal d'entraînement, beaucoup de charges, donc j'étais déjà très fatiguée. Et doublement fatiguée avec ma fille! Ca fait quand même plus d'un an que je n'ai pas dormi quatre heures d'affilée donc ça doit jouer. Et puis des fois, elle tète entre des combats, c'est quand même de l'énergie, mais j'arrive à être là, à pas trop me blesser, à accrocher des médailles. Donc pour l'instant je garde cette organisation, ça me plaît. Ce sont des choses qui me permettent d'avancer et qui me maintiennent".

Q: De la voir avec vous, jouer avec votre médaille autour du cou sur le tatami d'entraînement, quelques minutes après votre combat, cela doit être incroyable.

R: "C'est génial ! Et quand j'étais en difficulté, je me disais +fais-le pour Athéna+. C'était très dur, mais ça me maintient. J'ai des ressources et c'est grâce à elle que j'ai envie de faire ça, aussi pour lui montrer, lui inculquer des valeurs, c'est très important".

Q: Etre à moins d'un an des Jeux, qu'est-ce que cela change ? Cela ne devient pas une obsession ?

"En vérité, quand on a un enfant, il y a tellement de choses qu'on fait pour eux en premier... Donc quand on me parle des Jeux, je me dis +ouais c'est cool, c'est bientôt+, mais direct je suis là, je change des couches, je donne la tétée et c'est sorti de ma tête. Peut-être que c'est bien parce que ça me permet de décharger, d'y aller crescendo. Mais peut-être que quand l'année 2024 va sonner, ça sera autre chose. Pour l'instant je profite. J'ai encore le temps pour revenir en forme et aller chercher des petites choses qui me manquent pour être championne olympique à la maison. J'emprunte la bonne voie".

Propos recueillis par Olivier LEVRAULT à Budapest

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