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Top 14: le Stade français "extrêmement impacté", estime Lombard

Thomas Lombard, directeur général du Stade français, est inquiet: "Le club est extrêmement impacté" par la crise sanitaire et économique, estime-t-il dans un entretien à l'AFP. Il dit s'attendre à une baisse du budget de 20%.

Q: Quel bilan tirez-vous de cette saison?

R: "Elle restera très insatisfaisante. Il y a eu une première partie sous le sceau de problèmes humains et internes qui ont amené un changement (départ de l'entraîneur Heyneke Meyer remplacé par le duo Sempéré-Arias, nomination de Lombard comme directeur général, ndlr). Ce changement a permis de retrouver un esprit d'équipe. On a été assez irréguliers. On s'arrête à neuf matches de la fin, dont six à domicile. C'est un élément très important car on était invaincus à domicile depuis ce changement."

Q: Financièrement, où en est le club?

R: "La situation est préoccupante. On n'a pas pu jouer l'intégralité de nos rencontres à domicile: on était en droit d'espérer des affluences plus importantes et des rentrées billetterie, sponsoring... plus importantes. Le club, comme l'ensemble du Top 14, est extrêmement impacté. Même si on a des aides gouvernementales, il n'en reste pas moins que, selon ce qui va se passer à la reprise, dans quelle configuration on pourra utiliser notre stade, les choses vont aller doucement en s'améliorant... ou bien s'aggraver encore. Le budget va être en baisse, forcément. Aujourd'hui, on n'est pas capables de le donner totalement car nous discutons encore. D'ici trois semaines-un mois, on ira une idée plus claire mais il sera à la baisse, à hauteur de 20%."

Q: Comment préparer la saison prochaine alors que vous êtes dans le flou?

R: "C'est la grande difficulté. Les présidents se réunissent pour envisager comment sortir. Au début, on a été optimistes. Ensuite un peu moins. Aujourd'hui, on envisage le pire car on se rend compte de l'impossibilité de fixer une conduite et d'avoir une vision à moyen terme. Le pire, c'est le huis clos ou la jauge partielle. Car cela nous coupe de la quasi-totalité de nos revenus. On conservera les droits TV mais cela ne pèse pas tant que ça dans le budget. Les pertes sèches de billetterie, l'incapacité à exploiter nos loges... auront un impact financier très lourd. On aura des réductions de nos partenaires, de nos sponsors qui sont ou seront impactés par la crise. On l'a estimé autour de 25% pour la billetterie et autour de 30% pour le sponsoring. Ca, ce n'est que sur une hypothèse favorable, c'est-à-dire l'ouverture des stades début septembre."

Q: Un club comme le vôtre, qui dispose d'un propriétaire mécène (l'homme d'affaires suisse Hans-Peter Wild), pourrait sembler à l'abri...

R: "A partir du moment où tous les efforts sont supportés par la même personne, ça peut aussi limiter les choses. Il a déjà signé un certain nombre de chèques. De notre côté, nous avons aussi la nécessité de répondre aux attentes, notamment sportivement. On était 14e, on ne peut pas dire que ce soit le cas. Il faut essayer de développer ce qui peut l'être: quand on est le Stade français, avec sa notoriété, son image, on doit faire mieux sur des secteurs comme les partenariats ou le sponsoring. On doit aussi recréer quelque chose autour du match. On était précurseurs, il faut qu'on soit à la page et qu'on refasse des choses à hauteur de ce que les gens attendent... dans un environnement qui ne sera peut-être pas propice au retour du rugby. Il faudra démontrer qu'on peut venir regarder du rugby dans des conditions normales."

Q: Les baisses de salaires sont-elles actées?

R: "On est en train de discuter. Les joueurs sont parfaitement au courant de la situation du club. On leur a donné des éléments, il y a une volonté de participer à l'effort. On ne les brusque pas. On est sur un échange constructif. D'ici une dizaine de jours, on devrait pouvoir arriver à quelque chose de concret."

Q: Le recrutement aussi va être affecté par la crise.

R: "Le recrutement sera limité parce que la crise nous obligera à revoir les choses. On perd cinq joueurs, il faut les compenser. Les transferts, les recrutements sont plutôt à l'arrêt alors que, d'habitude, tout est déjà fait. On n'est pas dans une urgence absolue: il faut clarifier les choses, savoir comment on va reprendre la saison, de quelle manière on va être soutenus par les pouvoirs publics... Ensuite, on verra comment on peut ajuster l'effectif pour être le plus compétitifs possible."

Propos recueillis par Nicholas Mc ANALLY

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