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Peter Sagan dispute samedi son ultime Milan-Sanremo, une course qui lui était promise mais qui lui a toujours échappé. Si l'excentrique Slovaque ne fait plus partie des top favoris, il se dit prêt à tenter le coup, une dernière fois.
C'est l'histoire d'une anomalie. Avec son punch et ses qualités de sprinteur, il était écrit que "la Primavera" se donnerait un jour au showman de Zilina. Mais, au crépuscule de sa carrière, la superstar de la dernière décennie, qui a annoncé en janvier qu'il raccrocherait son vélo en fin de saison, à 33 ans, n'a en fin de compte jamais levé les bras sur la Via Roma.
Partout ailleurs, il a martyrisé la concurrence. Triple champion du monde, septuple vainqueur du maillot vert sur le Tour de France, le coureur de TotalEnergies a remporté deux autres Monuments, le Tour des Flandres en 2016 et Paris-Roubaix deux ans plus tard, pour se forger un palmarès aussi long que les 294 km qui amèneront le peloton samedi au bords de la Riviera.
Mais, à San Remo, "Hulk" est toujours resté fanny, malgré des stats incroyables: neuf Top 10 en douze participations, deux fois deuxième et cinq fois quatrième!
"J'ai échoué pour plein de raisons différentes. Des fois, j'ai sous-estimé mes rivaux. D'autres fois, j'ai connu des ennuis mécaniques", a-t-il raconté la semaine dernière devant la presse lors de Tirreno-Adriatico où, comme souvent ces dernières années, il est resté pour l'essentiel dans l'anonymat du peloton.
Les regrets sont là. Son échec en 2017, épaule contre épaule avec le Polonais Michal Kwiatkowski, reste sa plus grande déception. Le soir même, il avait assuré, comme d'habitude, le spectacle en postant sur les réseaux sociaux une photo de lui devant une affiche dans les toilettes proclamant: "on passe notre vie à essayer d'atteindre de grands objectifs alors que ce serait un bon début de simplement viser au milieu". Succès assuré.
- "Nouveaux projets" -
Cette défaite lui a pourtant fait, avoue-t-il aujourd'hui, "très mal". "Je me sentais fort ce jour-là, mais je n'ai pas eu les bonnes infos des directeurs sportifs et j'ai fait une erreur tactique. Sur Milan-Sanremo, tout se joue en une seconde, si vous manquez votre chance, vous n'en aurez pas d'autre."
Il lui reste une dernière cartouche avant qu'il ne remise définitivement son vélo au garage. L'ambianceur slovaque a annoncé fin janvier que cette saison serait sa dernière, avant de se consacrer à son nouvel objectif: les JO-2024 de Paris en VTT, son sport d'origine.
"Je pense que c'est le bon moment. Je vais arrêter de courir au niveau World Tour mais je vais continuer à faire quelques courses pour rester en forme en vue de mes nouveaux projets. Certains coureurs s'accrochent, deviennent des gregarios (de simples équipiers, NDLR) ou restent dans le peloton pour transmettre leur expérience aux plus jeunes. Mais, pour moi, le moment est venu de faire autre chose."
Depuis son arrivée en 2022 chez TotalEnergies, le Slovaque peine à renouer avec sa gloire d'antan. Miné par plusieurs infections au Covid, il n'a gagné que deux courses l'année dernière, une étape du Tour de Suisse et son championnat national, bloquant son compteur à 121 victoires en carrière.
Mais à l'approche de la Primavera, il veut croire à un dernier coup d'éclat.
"Si je gagne Milan-Sanremo, je prends ma retraite direct", a-t-il lancé la semaine dernière dans une boutade, avant de reprendre son sérieux: "non je plaisante. Voyons déjà ce qui va se passer. Essayons de gagner d'abord, je déciderai ensuite."