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Giro: une histoire souvent contrariée pour les Français

Entre les Français et le Tour d'Italie, l'histoire d'amour a souvent été contrariée au point que, si Thibaut Pinot parvenait à gagner l'édition qui débute vendredi à Jérusalem, il serait seulement le quatrième lauréat depuis plus d'un siècle (1909).

En cent éditions, les seuls à avoir inscrit leur nom au palmarès sont le Normand Jacques Anquetil (1960, 1964), le Breton Bernard Hinault (1980, 1982, 1985) et le Parisien Laurent Fignon (1989), le dernier à avoir ramené en France le célèbre maillot rose.

- UNE SUCCESSION D'ECHECS -

Si ces trois grands noms du cyclisme ont atteint leur but, ils ont été bien plus nombreux à échouer sur les routes de la péninsule. A toutes les époques puisque dès 1920, le titi parisien Jean Alavoine, le premier à accéder au podium, se contenta de la troisième place. En tant que vainqueur d'étape, "Gars Jean" avait été précédé par Jean-Baptiste Dortignac, alias la "Gazelle", qui avait gagné à Bologne en 1910, et le champion de l'époque, Lucien Petit-Breton, victorieux à Turin l'année suivante.

Dans les années 1950, Louison Bobet, triple lauréat du Tour de France, effleura la victoire. A 19 secondes près! Le Breton porta à plusieurs reprises le maillot rose. Mais, pour avoir attaqué Charly Gaul lors d'un arrêt-pipi dans l'étape du Monte Bondone, il s'exposa à la vengeance du Luxembourgeois qui se dévoua ensuite à la cause de l'Italien Gastone Nencini.

Jean-François Bernard, lui, fut piégé par le froid dans le col du Gavia en 1988 avant d'abandonner sur chute. Deux ans plus tard, Charly Mottet dut s'incliner face à l'Italien Gianni Bugno alors que pointait l'ère du dopage sanguin.

Plus récemment, Laurent Jalabert (4e en 1999) et John Gadret (3e après le déclassement de Contador en 2011) ont bouclé le Giro en bon rang. Comme Thibaut Pinot en mesure de gagner l'an passé jusqu'à la veille de l'arrivée à Milan, avant de terminer son parcours à la quatrième place.

- LE SANS-FAUTE DE HINAULT -

Même Laurent Fignon et, précédemment, Jacques Anquetil, ont eu leur lot de contrariétés. "Je me suis fait voler", a souvent dit le Parisien, non sans arguments, à propos de l'édition 1984 qu'il avait terminée à la deuxième place.

Quant à Anquetil, ses deux victoires doivent être complétées par quatre autres podiums (deux fois deuxième, deux fois troisième) significatifs surtout des arrangements qui le pénalisèrent du strict point de vue du palmarès.

"L'Italie, pour les vacances, c'est bien mais, pour la course cycliste, je connais des coins plus peinards", résuma par la suite le truculent Raphaël Géminiani, directeur sportif de "Maître Jacques".

Seul, Bernard Hinault a rendu une copie sans faute. Trois participations, trois succès. "Aucun n'a été facile. Mais l'avantage dans un grand tour, c'est qu'on a 21 jours pour gagner", disait l'an dernier à l'AFP le Breton, aujourd'hui âgé de 63 ans.

- DEUX EQUIPES FRANCAISES AU DEPART -

Cette année, quatorze coureurs français sont engagés. La plupart répartis dans les deux équipes françaises du WorldTour, AG2R La Mondiale (Geniez, Bidard, Chérel, Dupont, Jaurégui, Venturini) et Groupama-FDJ (Pinot, Bonnet, Ladagnous, Roux, Roy) qualifiées d'office. Deux autres, Rémi Cavagna et Florian Sénéchal, découvrent le Giro sous les couleurs de Quick-Step et Kenny Elissonde se met au service du favori, le Britannique Chris Froome, dans l'équipe Sky.

"L'objectif, c'est le podium", annonce Sébastien Joly, le directeur sportif de Groupama-FDJ toute entière axée sur le grimpeur de Haute-Saône. Chez AG2R La Mondiale, l'ambition est moins élevée pour Alexandre Geniez qui est déjà entré dans les dix premiers du classement final (2015). "Il a les capacités pour refaire un top 10", estime son directeur sportif Laurent Biondi.

A suivre aussi Clément Venturini, le routier-sprinteur de poche (1,65 m pour 60 kg) qui découvre le Tour d'Italie à l'âge de 24 ans, l'élégant Mikaël Chérel, en quête d'un succès d'étape, et Hubert Dupont, le grimpeur d'expérience (37 ans) qui compte 10 participations à son compteur personnel. Depuis son premier Giro en 2006, beaucoup de choses ont changé, sauf le départ éloigné. Cette année-là, la course était partie de... Belgique.

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