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Tour d'Espagne: Primoz Roglic, des tremplins aux podiums

Le Slovène plane et n'est pas prêt d'atterrir: à bientôt 30 ans, Primoz Roglic devrait remporter la Vuelta dimanche, son premier grand Tour, lui qui s'est mis en selle sur le tard après avoir commencé sa carrière sur les tremplins de saut à ski.

Venant d'un pays où le sport rime avec neige, Roglic place la Slovénie sur la carte mondiale du cyclisme. Celui qui se présente encore comme un ancien sauteur à ski sur son compte Instagram devrait, sauf accident, offrir à son pays une toute première victoire dans une course cycliste de trois semaines, dimanche dans les rues de Madrid.

"C'est une belle journée pour le cyclisme slovène, c'est vraiment chouette", a-t-il déclaré samedi, maillot rouge sur les épaules, sans se départir de son habituelle impassibilité.

Cette victoire est une prouesse pour ce garçon discret de 1,77, 65 kg, qui n'a réellement déchaussé les skis qu'en 2012.

Né en octobre 1989 à Trbovlje, il a grandi en basse montagne à Kisovec, à une heure de route du tremplin de Planica, haut lieu du saut à skis. Champion du monde junior par équipes dans cette discipline en 2007, c'est paradoxalement une chute qui met le vélo sur sa route.

Le cyclisme? "Je l'ai commencé dans le cadre d'une rééducation après un accident de ski. Mais je n'aurais jamais pensé en arriver là", expliquait-il lors de ses premières victoires sur des courses World Tour (1re division). "Arriver là", c'est lever les bras lors de deux étapes du Tour de France, en 2017 sur le mythique Galibier et en 2018 à Laruns.

Fort de cette victoire dans les Pyrénées, il signe à Paris une 4e place sur la Grande Boucle 2018. Déjà un coup de force. Mais ce brun tatoué au bouc soigné, mutique à souhait, ne compte pas s'arrêter au pied du podium. Son plan de vol est tracé, simple et ambitieux: remporter un grand Tour.

- Joker contre-la-montre -

Il faut dire que Roglic, rouleur puissant et grimpeur tenace, a dans son jeu deux cartes joker pour course de trois semaines: celle du descendeur intrépide et, surtout, celle du spécialiste du contre-la-montre.

"Rogla" le prouve dès sa première saison dans l'élite, en 2016, avec la formation néerlandaise LottoNL, devenue Jumbo-Visma. Alors âgé de 26 ans, il remporte dans les vignobles de Toscane un contre-la-montre du Tour d'Italie, lors de sa première participation à un grand Tour.

Une arrivée très tardive parmi les meilleurs et un faire-part de bienvenue amer: cette année-là, il est soupçonné d'utiliser un moteur caché.

Trois ans plus tard, c'est en favori qu'il revient sur le Giro 2019. Il fait honneur à sa réputation et s'adjuge le prologue puis le contre-la-montre. Un temps porteur du maillot rose, il finit 3e derrière l'Equatorien Richard Carapaz et l'Italien Vincenzo Nibali.

"J'ai eu plaisir à monter sur le podium avec Richard, Vincenzo et leurs enfants. Dans quelques jours, je deviendrai papa et qui sait, peut-être ferai-je de même avec mon futur enfant lors des prochains grands Tours. Sur la plus haute marche ? On verra ce que l'avenir réserve", disait-il, patient, à la fin du Giro.

Pour lui, l'avenir s'est finalement paré de rouge sur la Vuelta, où il est arrivé frais, après l'impasse sur le Tour de France, et en famille, avec sa femme et son bébé.

C'est tout de même du côté français des Pyrénées, à Pau, qu'il a pris le maillot rouge en survolant le "chrono" de la 10e étape. Les jours suivants seront ceux de la résistance face aux Alejandro Valverde, Miguel Angel Lopez et Nairo Quintana, pour grimper en haut du podium à Madrid et envisager de faire de même un jour sur le Tour de France: "Oui, pourquoi pas ?", s'est-il interrogé samedi.

Avec Roglic, la Slovénie tient son premier héros cycliste. Mais le deuxième pointe déjà son nez avec le prodige Tadej Pogacar. Vainqueur samedi de sa troisième étape sur cette Vuelta et 3e du général final, avec à la clé le maillot blanc du meilleur jeune, Pogacar s'est fait un nom. Le tout à 20 ans. A cet âge, Roglic était encore sauteur à ski.

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