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Vendée Globe, le journal de bord d'Armel Tripon: "D'une longitude à l'autre à un rythme effréné"

A la barre d'un bateau flambant neuf équipé de foils, Armel Tripon pose un regard "reconnaissant" sur ces appendices qui le propulsent "d'une longitude à l'autre à un rythme effréné", comme il le livre à l'AFP dans son journal de bord du Vendée Globe.

Le marin nantais de 45 ans, qui participe à son premier tour du monde en solitaire, est aux portes de l'océan Indien, qu'il va donc découvrir en capitaine d'un bateau noir et jaune avec lequel il va très, très vite. Lors de la quatrième semaine de course, il a grimpé de six places au classement général. Au 28e jour, il est classé 15e.

"Salut mes foils !

Depuis que nous avons attrapé ce front froid qui nous propulse à grande vitesse vers le Cap de Bonne-Espérance, le si bien nommé en ce qui me concerne, je vous suis extrêmement reconnaissant. Déjà je vous trouvais beaux, fiers, et vaillants, dressés vers les cieux, mais en plus vous vous révélez redoutables. Vous êtes une machine de guerre, je ne me lasse pas de vous voir pourfendre sauvagement l'eau, et de toute votre force, votre volonté et votre rêve me faire passer d'une longitude à l'autre à un rythme effréné que je n'avais jamais connu en monocoque jusqu'alors.

Vous coupez l'écume à la serpe, rien ne semble vous freiner, le vent mollit je vous redonne du panache en allongeant votre course, et je vous vois alors souriant et beaux joueurs, mon bateau accélérant.

La mer se forme, le bateau tape, s'envole incontrôlable. Qu'à cela ne tienne, je vous rétracte sagement pour un quart temps de repos, en jouant sur le palan (système de levage avec cordage et poulies) dans une fluidité et un rythme parfait.

Nous sommes complices dans cette aventure et je sais bien que je dois vous ménager pour aller loin. Je sais aussi que votre robustesse est un atout de mon jeu, à moi de trouver le bon dosage, comme un funambule en équilibre. J'avance mille après mille, jamais rassasié.

Je vais bientôt flirter avec la Zone Exclusion Antarctique (ZEA). C'est assez barbare ce nom, ça fait même peur cette ligne infranchissable pour cause de pénalité. Je l'imagine comme un mur dressé, comme un continent ou plutôt comme un gouffre, là où s'arrête le monde.

Je prends donc mes distances par rapport à cette limite, même si le routage m'entraîne chaque jour un peu plus près car l'anticyclone et ses vents erratiques m'écrasent contre cette ligne pour fuir vers l'est. J'ai depuis douze heures rangé mes foils, le vent est parti, +pffff+... D'un seul coup, j'en profite pour faire le tour du bateau, poser mes yeux bienveillants sur chaque pièce mécanique, scruter l'usure, anticiper la casse. Dans 24 heures mes foils et moi volerons à nouveau vers l'océan Indien que je vais découvrir !"

Propos recueillis par Sabine COLPART

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