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Attentat de Strasbourg : le bilan s'alourdit, Macron attendu sur place

Trois jours après l'attentat contre le marché de Noël de Strasbourg, le bilan s'est alourdi vendredi avec le décès de l'un des blessés qui se trouvait dans un état critique, portant à quatre le nombre de morts, alors qu'Emmanuel Macron est attendu dans la soirée sur les lieux du drame.

Le nouveau bilan provisoire s'élève ainsi à quatre morts, une victime en état de mort cérébrale et onze blessés, selon le parquet de Paris, doté d'une compétence nationale en matière de terrorisme.

En fin d'après-midi, le président Macron doit rejoindre Strasbourg en provenance d'un sommet européen à Bruxelles pour un hommage aux victimes, rencontrer la population sur le marché de Noël et saluer les forces de l'ordre.

Ce sera sa première sortie publique depuis sa visite la semaine dernière au Puy-en-Velay, où il avait été accueilli par des huées, en pleine crise des "gilets jaunes".

Dans la journée, Strasbourg a retrouvé peu à peu son animation avec la réouverture de son marché de Noël, fermé depuis mardi et l'équipée meurtrière de Chérif Chekatt, tué jeudi soir par la police.

Les quelque 300 chalets ont rouvert à 11H00. "Ce marché de Noël, c'est notre histoire, c'est notre commun qui appartient à tous les Français", a souligné le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, lors d'une longue déambulation à l'ombre de la Cathédrale.

"J'ai entendu du soulagement, du bonheur, de la fierté pour nos forces de police", a énuméré le ministre qui a "voulu montrer que toujours nous savons redresser la tête".

La mort de Chérif Chekatt, après 48 heures de traque, libère d'une "épée de Damoclès" les Strasbourgeois et les nombreux touristes qui fréquentent le marché, a dit le maire Roland Ries.

En fin de matinée, les effluves de vin chaud et de cannelle emplissaient déjà les allées, et les commerçants vendaient à nouveau "bredele" et souvenirs de Noël.

Cécile, 44 ans, s'est dite "contente que la vie reprenne. Cette traque était pesante". Jean-Louis Hubert, qui vend des bonnets de Père Noël et des décorations, s'est dit "content de rouvrir. Espérons que les gens reviennent, qu'il n'y aura pas de psychose".

Sur la place Kléber, l'immense sapin de Noël de 30 mètres de haut était de nouveau illuminé, tandis que quelques mètres plus loin, au pied de la statue du général Kléber, des anonymes déposaient toujours bougies, fleurs ou mots d'hommage aux victimes.

- Eventuels complices -

Venu à Strasbourg, le procureur de Paris, Rémy Heitz a indiqué vendredi que deux autres personnes de l'entourage de l'assaillant avaient été placées en garde à vue la nuit dernière, portant à sept le nombre de gardes à vue.

"L'enquête va désormais se poursuivre pour identifier d'éventuels complices ou coauteurs susceptibles de l'avoir aidé ou encouragé dans la préparation de son passage à l'acte", a-t-il ajouté.

Chérif Chekatt a été tué jeudi vers 21H00 par des policiers au pied d'un immeuble du quartier du Neudorf, là même où sa trace s'était perdue après l'attentat.

"C'est une patrouille de police qui a remarqué à 21H00, marchant rue du Lazaret, un homme, un individu, dont le signalement pouvait correspondre à l'auteur des faits", a rapporté Rémy Heitz. "Celui-ci, qui a détecté la présence du véhicule de police, (...) a alors fait mine de rentrer dans l'immeuble au numéro 74 de cette rue", sans succès, a-t-il ajouté.

Les policiers se sont signalés et "l'individu s'est retourné pointant son arme - semblable à celle utilisée mardi soir - dans leur direction, pour tirer", selon le procureur. "Un projectile a atteint le véhicule de la police au-dessus de la portière arrière-gauche. Deux des trois policiers ont alors riposté, tuant l'auteur".

"Les enquêteurs ont saisi sur lui un revolver ancien chargé de six munitions dont cinq étaient percutées. Ils ont par ailleurs retrouvé sur lui un couteau et huit autres munitions de calibre 8mm dans la poche intérieure de sa parka", toujours selon le magistrat.

L'homme "faisait partie des soldats" du groupe État islamique, a affirmé Amaq, son média de propagande. Une revendication "totalement opportuniste", a estimé vendredi le ministre de l'Intérieur.

- Appels à témoins -

La police à Strasbourg a reçu quelque 800 appels après la diffusion mercredi soir d'un appel à témoins.

Selon une source proche de l'enquête, une femme avait vu jeudi après-midi un homme ressemblant au fugitif, blessé au bras. Des traces de sang et des images vidéo ont permis aux policiers d'acquérir la certitude qu'il s'agissait bien de lui.

Mardi soir, peu avant 20H00, il était entré dans le centre historique de la ville et avait ouvert le feu à plusieurs reprises sur les passants, en blessant d'autres à coups de couteau. Des témoins l'avaient entendu crier "Allah Akbar".

Il avait ensuite échangé des tirs avec les forces de l'ordre et avait été blessé à un bras, avant de réussir à s'enfuir à bord d'un taxi, à qui il avait raconté ce qu'il venait de faire.

Né à Strasbourg, Chérif Chekatt, avait été condamné 27 fois, en France, en Allemagne et en Suisse et était fiché "S" ("sûreté de l'État") pour sa radicalisation islamiste.

À chacun de ses séjours en prison, il avait été repéré pour son prosélytisme "parfois agressif". Selon une source proche de l'enquête, il était suivi activement par les services de renseignements intérieurs depuis sa sortie de prison, sans que des velléités de passage à l'acte ne soient détectées.

Le jour de l'attaque, il devait être interpellé par les gendarmes dans le cadre d'une enquête de droit commun.

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