Un silence de plomb régnait dans la salle d'audience jeudi matin au procès des attentats à Bruxelles du 22 mars 2016, alors que des photos, parfois très dures à voir, des victimes décédées étaient diffusées par les enquêteurs.
Ces derniers ont chaque fois pris le soin d'avertir les personnes présentes dans la salle de l'apparition prochaine de clichés difficiles. Si ce ne sont les frères Farisi, les deux accusés comparaissant libre devant la cour d'assises, peu de gens ont décidé de quitter la salle. Les accusés détenus restés dans le box ont regardé, pour certains attentivement, pour d'autres de manière plus détachée, les images. Quant aux jurés, tous se montraient très attentifs et concernés. De nombreuses photos ont en effet émaillé les témoignages du responsable de la coordination des activités au niveau de la recherche tactique de la section criminelle de la police fédérale (DR6) et d'un inspecteur du laboratoire de la police scientifique et technique. La cour a pu y voir les corps mutilés et brûlés des victimes décédées après la première explosion, survenue à 7h58 près du guichet d'enregistrement de la compagnie américaine Delta Airlines. Certains avaient parfois perdu une partie de leurs vêtements à cause du souffle de l'explosion. Les images du buste, d'un bout de doigt et d'une partie du bras du kamikaze, Ibrahim El Bakraoui, ont étalement été montrées à la cour. Outre les clichés des victimes et de l'auteur, de nombreuses images du chaos créé par l'explosion ont été diffusées, avec des débris partout, des impacts de projectiles sur les murs, des sièges ayant littéralement volé en l'air et un plafond effondré dans lequel ont été retrouvés des morceaux de vêtements et même des bagages.
Dans leur témoignage, les enquêteurs sont notamment revenus sur la découverte du corps sans vie d'une femme, dont il s'est avéré ensuite que les deux enfants jouaient dans une zone qui leur est dédiée dans le terminal où a eu lieu la première détonation. Le père de famille était allé aux toilettes juste avant la déflagration et a ensuite retrouvé son épouse agonisante. Il s'est alors mis à la recherche de ses filles et les a retrouvées, l'une en état de choc dans les bras d'une autre femme, l'autre en train d'être soignée parmi les blessés.
Les enquêteurs ont encore expliqué avoir rencontré, durant leur travail, qui n'a pu commencer qu'aux alentours de 11h30, au moins 10 à 20 personnes passant encore sur les lieux en panique. Certains venaient d'un autre étage, d'autres s'étaient cachés dans les bandes de transport des valises et n'en sont sortis que bien après, une fois qu'ils se pensaient en sécurité, ont-ils raconté. "Ce n'était pas une situation idéale." Les deux enquêteurs disent, enfin, avoir dû prendre, avec leurs équipes, "des risques" pour effectuer leurs premières constatations, ne sachant pas si une bombe était encore enfouie sous les décombres.

