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"Toute notre administration est ébranlée": nous avons rencontré la directrice du centre d'aide qui suivait Yassine Mahi

Depuis les attentats de Bruxelles, de nombreuses initiatives ont été menées pour tenter de déradicaliser les jeunes qui ont été sensibles aux appels du jihad. C'est le cas du Caprev. C'est par ce centre d'aide que Yassine Mahi était suivi. La directrice du centre accepte de s'exprimer pour RTL INFO. Selon elle, déradicaliser une personne est très difficile, voire impossible.

C’est une institution qui travaille dans l’ombre derrière les murs des prisons, aux domiciles de personnes radicalisées ou dans des bureaux discrets. La directrice adjointe du centre d’aide aux personnes concernées par des extrémismes violets nous reçoit pour nous dire d’abord son désarroi. Le personnel a suivi de près Yassine Mahi, l’auteur de l’attaque au couteau contre les deux policiers à Schaerbeek.

"Je ne peux pas m'empêcher de penser que l'on est vendredi et qu'ont lieu ces funérailles. Toute notre administration est ébranlée. On ne peut pas se contenter de se dire 'On a fait ce que l'on pouvait faire, on a fait notre job'. On ne peut pas s'arrêter là. On est un service public et la majorité de notre personnel est terriblement engagé dans son métier. Donc ça nécessite une remise en question", indique Marie-Nathalie D’hoop, directrice générale adjointe du CAPREV (centre d’aide aux personnes radicalisées et extrémistes violents).

Le drame aurait-il pu être évité ? Une question qui revient sans cesse aux oreilles du personnel composé de criminologues, d’éducateurs, de psychologues. Ces experts doivent accompagner des personnes à la santé mentale fragile. C'est de toute évidence le cas de Yassine Mahi.

Nous ne sommes pas des robots, donc nous ne sommes pas programmables

"Quand il s'agit de personnes qui sont avec un potentiel violent ou qui sont fragilisées par une problématique de santé mentale, c'est clair que l'on travaille encore plus en eaux troubles. Je ne peux pas dire si, à ce stade-ci, si quelque chose aurait pu être évité. Mais on ne peut pas s'arrêter là. Et il faut se remettre en question sur les zones d'amélioration. Ces zones auraient-elles évité quelque chose ? Je n'en sais rien. Cela aurait-il évité qu'à un autre moment, il y ait un passage à l'acte ? Je n'en sais rien, mais je défie quiconque de le savoir. On reste avec la nature humaine, nous ne sommes pas des robots. Donc nous ne sommes pas programmables et pas déprogrammables", précise la directrice adjointe du Caprev. 

L’accompagnement d’un extrémiste est-il efficace ? Incontestablement, selon cet organisme public, crée en 2017 après les attentats de Paris et de Bruxelles. Mais une personne potentiellement déradicalisée n’est-elle plus dangereuse pour la société ? "On ne peut pas se permettre ce genre de réflexions. Quand on parle de nature humaine et d'accompagnement, on ne peut travailler que brique par brique. On n'est jamais à l'abri de l'effondrement de l'immeuble", argumente Marie-Nathalie D’hoop.

Parmi les 70 personnes actuellement suivies par cet organisme de la Fédération Wallonie-Bruxelles, se trouvent des extrémistes religieux, politiques, mais aussi des militants complotistes : un nouveau type de radicalisme et un nouveau défi pour le personnel.

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