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Béatrice et Alain, parents d'accueil, s'occupent d'Eloïse, 12 mois: "On est sa cinquième maison"

En région Wallonie-Bruxelles, 4000 enfants sont pris en charge en familles d’accueil ou en institution. Mais l’an dernier, 600 enfants n’ont pas trouvé de foyer d’accueil de long terme. Ils ont dû changer de lieu de vie chaque mois. Cela représente beaucoup d’instabilité pour des enfants en manque de repères.

En région bruxelloise, une soixantaine d’enfants de 0 à 7 ans vivent à la pouponnière Notre Abri. Chloé, Rahim ou encore Meghan ont chacun une histoire familiale compliquée. "Les enfants vont bien et on fait en sorte de panser leurs blessures en équipe", explique Estelle Sohier, directrice pédagogique de "Notre abri".

Ces enfants sont retirés de leur environnement familial par décision de justice pour les protéger. Près d’un enfant pris en charge sur deux a été victime de négligence et 1 sur 3 de maltraitance.

Troubles psychologiques des parents, alcoolisme, toxicomanie, violences conjugales... Les motifs sont multiples.

Alexis ne pleure jamais

Durant les premiers mois de sa vie, Alexis, 6 mois, a dû apprendre à se faire oublier, ne pas déranger. Lorsqu'il se réveille, il ne fait aucun bruit. Il a faim, mais pas de cris, ni de larmes. Mélissa Verpaele, puéricultrice, lui parle tendrement, car Alexis doit réapprendre à être un bébé qui a le droit de pleurer.

"Il a été hospitalisé il y a trois semaines et l'infirmière nous disait que c'était facile, car il ne pleurait jamais. Et quand il était réveillé, il était très calme dans son lit. Il regardait autour de lui", détaille Mélissa Verpaele, puéricultrice. "Pour nous, ce n'était pas facile, c'est problématique. Il doit appeler pour manger, pour les bras et ne pas se faire oublier", ajoute-t-elle.

Apprendre des repères

Les puéricultrices tentent de rassurer, remettre en place des rituels, donner des repères. Elles s’adaptent à chaque enfant, à chaque histoire. Et leur travail est parfois étonnant.

"Dans un premier temps c'est vraiment leur apprendre les repères les plus basiques comme dormir dans un lit la nuit", confie la puéricultrice. "Une petite va tous les soirs se mettre sur le tapis près de son lit. C'est basique, mais ça n'a pas été une habitude à la maison et donc ici, il faut repartir à zéro et donner toutes ces petites habitudes".

"Ils errent entre services d'urgence"

4000 enfants sont accueillis en institution et dans des familles en région Wallonie Bruxelles. Mais au moins 600 petits n’ont pas trouvé de foyer d’accueil l’an dernier. Ils doivent changer de lieu de vie chaque mois, faute de place. Julie Blondiau, directrice d’un centre d’accueil d’urgence, parle de maltraitance institutionnelle.

"Quand il n'y a vraiment aucune solution, les enfants se retrouvent parfois hospitalisés sans aucune raison médicale alors que ce n'est pas le lieu le plus propice pour qu'un enfant qui n'est pas malade se développe. Faute de places disponibles, ils vont errer entre services d'urgence le temps qu'une place se libère pour eux ou le temps qu'une famille d'accueil à long terme soit disponible pour eux", précise Julie Blondiau, directrice adjointe Accompagnement en accueil familial d'urgence. Les enfants restent en moyenne un an dans la pouponnière.

Une famille pour Éloïse

A quelques kilomètres de là, Eloïse, un an, a trouvé un nouveau foyer pour grandir, le temps que ses parents biologiques aillent mieux. "À 7 mois, nous, on était déjà sa cinquième maison. C'était beaucoup de changements pour un si petit bébé", raconte Béatrice, mère de 3 enfants dont deux sont déjà grands. Le petit dernier, Eliott, a désormais une petite sœur, car Eloïse fait partie de la famille.

Béatrice et Alain se sont demandés comment la petite fille allait les appeler. Finalement, les mots "maman" et "papa", sont venus naturellement.

"Au début, quand on fait la démarche, on se pose évidemment beaucoup de questions par rapport aux noms, aux rapports... Est-ce qu'on est un vrai papa et une vraie maman ? Est-ce que c'est une vraie famille ? Après toutes les démarches, les choses sont très claires", précise Alain.

C’est la première fois que la famille accueille un enfant en difficultés. "On s'est dit à un moment qu'on avait déjà beaucoup de chance d'avoir trois enfants avec qui on s'entend bien et qui sont heureux et que ce serait chouette d'inclure quelqu'un dans cette famille-là, quelqu'un qui avait peut-être un petit peu moins de chance à la base", détaille Béatrice.

La procédure pour devenir famille d’accueil prend en moyenne 9 mois. Si vous êtes intéressés, rendez-vous sur le www.familledaccueil.be.

Béatrice et Alain espèrent que de nouvelles familles d’accueil vont les rejoindre dans leur démarche.

 

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Commentaires

1 commentaire

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  • Bénis soient tous ceux qui s'occupent à redonner une vie d'amour à tous ces enfants..

    Gérard G
     Répondre