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19e jour de grève chez Delhaize: "Moi et mon épouse, on risque de perdre 16.000€ par an net", regrette Fernando

Au terme d'un nouveau conseil d'entreprise extraordinaire qui n'a abouti à aucune avancée, la direction de Delhaize annonce ce mardi avoir demandé au vice-Premier ministre, Pierre-Yves Dermagne, de nommer un médiateur social.

"Delhaize veut ainsi souligner, encore une fois, sa volonté d'investir dans le dialogue social et continuera à le faire", ajoute la chaîne de supermarchés. La direction dit espérer obtenir un "signal équivalent" de la part des syndicats et leur demande de rendre tous les supermarchés à nouveau accessibles aux clients. 

"S’il n’y avait pas d’espoir, on ne serait pas là, et aujourd’hui, on va venir en nombre. Les travailleurs ont voulu venir à ce conseil d’entreprise. On est déterminé", avait confié ce matin Rosetta, manutentionnaire depuis 36 ans chez Delhaize.

"Delhaize doit nous écouter. Jusqu’à présent, ils n’ont fait que donner leur plan. On veut une ouverture. Les travailleurs ne veulent pas de ce plan. On n’a pas fait toutes ces années de travail pour nous balayer comme de la vieille marchandise. Delhaize nous dit qu’on va partir avec notre sac à dos, mais on sait très bien qu’un franchisé est incapable d’assumer un nombre de travailleurs comme il y a aujourd’hui dans les magasins Delhaize. A courte et longue échéance, les travailleurs vont perdre leur emploi tout simplement. On est au 19e jour de grève consécutif. Les travailleurs continuent de se mobiliser. Ils voulaient être là pour montrer à la direction que c’est leur combat."

Fernando, travailleur chez Delhaize, s'est également exprimé à notre micro: 

"L'espoir, c'est qu'on puisse avoir des garanties, en tout cas jusqu'à jusqu'à la fin de notre carrière, qu'on puisse garder nos anciennetés, qu'on puisse garder nos salaires. Là, dans les conditions actuelles, en tout cas pour le moment, on risque de perdre, moi et mon épouse en tout cas, on est tous les deux chez Delhaize et on va perdre 25 % de notre salaire. On perd 16.000 € par an net pour nous deux. On représente 9000 personnes en fait. 9000 personnes qui vont être dans le doute tous les matins, à savoir comment ça va se passer ? Si on va changer leurs horaires ? Si on va ... si on va leur dire qu'ils ne conviennent pas parce qu'ils ont des restrictions médicales ? Parce que parce que voilà, les années ont fait qu'on est quand même usés, usés par ce qu'on a fait toutes ces années. Et donc voilà, donc tout ce qu'on veut, nous, c’est... On ne veut pas la guerre, on ne veut pas cette bataille comme ça qui dure depuis trois semaines. On veut juste des garanties quoi."

"En termes de mépris, on atteint des sommets"

Les syndicats réagissent positivement à la désignation d'un conciliateur social, mais doutent des intentions de la direction d'ouvrir une réelle négociation. Ils dénoncent un manque d'ouverture et de dialogue de la part de la chaîne de supermarchés. "En termes de mépris, on atteint des sommets", déplore la présidente du Setca Myriam Delmée.

Les syndicats et la direction de Delhaize se sont rencontrés ce mardi matin dans le cadre du troisième conseil d'entreprise extraordinaire depuis l'annonce du projet de franchiser les 128 magasins encore gérés par l'enseigne. Aucune avancée n'a cependant été enregistrée, confirmant le blocage du dialogue social. "La direction a répété son intention comme un disque rayé, avec des mots rassurants sur l'emploi et les conditions de travail, mais sans aucun échange ou ouverture", explique Myriam Djegham, secrétaire permanente Commerce à la CNE. "Elle reste sur son mantra: franchiser les magasins est la seule solution d'avenir. Mais ses justifications ne nous suffisent pas. Elle se décharge surtout de ses responsabilités patronales et fait pression à la baisse sur les conditions de travail."  

Les représentants des travailleurs s'interrogent donc sur l'attitude de la direction de Delhaize après la désignation d'un conciliateur social, annoncée ce mardi par le ministre du Travail Pierre-Yves Dermagne. "La direction devra commencer à négocier alors qu'elle refuse de discuter depuis le début. On espère que l'arrivée d'un médiateur montrera à Delhaize que sa position est insoutenable", ajoute Myriam Delmée.  

Le mouvement de grève se poursuit

En attendant, le mouvement de grève se poursuit dans les magasins intégrés. "La lutte continue et doit s'élargir à tout le secteur", souhaite même Myriam Djegham. "Il faut obtenir des avancées générales face à ces multinationales, comme Ahold Delhaize, qui écrasent les droits des travailleurs pour obtenir plus de marges bénéficiaires."

Début mars, Delhaize a annoncé son intention de franchiser ses 128 magasins en gestion propre. Depuis lors, les syndicats et les travailleurs ont organisé de nombreuses actions de protestation, dont la fermeture des magasins intégrés. Soixante-quatre n'ont pas ouvert ce mardi.

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Commentaires

8 commentaires

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  • "toutes ces années de travail " Pour rappel, les travailleurs ne sont pas de gentils bénévoles qui donnent des années de travail aux patrons. Ce sont des salariés, ils font un job (souvent le minimum possible) pour un salaire. L'entreprise ne leur doit rien. S'ils ne sont pas contents, ils peuvent aller ailleurs... Mais ils se rendent compte qu'ils ont été surpayés et qu'ils ne trouveront rien ailleurs avec leurs qualifications inexistantes...

    Thierry Frayer
     Répondre
  • On ne peut pas avoir le sac, les poires et le sourire de la caissière. Juste savoir ce qu'on veut !

    jacques Jacques
     Répondre
  • Et le pire reste à venir. Il est quasiment certain que Delhaize ne fera pas marché arrière !

    J B
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  • Mensonges !

    Maxime Brunet
     Répondre
  • J'ai du mal à comprendre : L'intervenant au micro du journaliste dit qu'il va perdre 16000 € net par an avec son épouse. Donc 16000 : 2 = 8000 € de perte pour lui se qui réprésente d'après lui 25 % de son salaire Cela veut dire qu'il gagne 32000 € NET soit près de 62000 € brut par an et idem pour son épouse soit plus de 124000 € pour eux deux. Je comprend que Delhaize veuille vendre ses magasins en Franchise avec des salaires pareils.

    Daniel Deleu
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