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"Je subis tout le temps des moqueries" : vivre avec un handicap visuel, un combat quotidien

En Belgique, une personne sur 1.000 est aveugle et une personne sur 100 est malvoyante selon l’OMS. Une enquête de la ligue braille révèle que pour 7 aveugles ou malvoyants sur 10, ce handicap visuel a un impact négatif sur leur vie sociale, culturelle ou sportive.

Pratiquer un art martial…sans rien voir ou presque. Mucyo, 21 ans, n'a qu'une perception visuelle du combat très limitée. Pas évident de contrer les attaques, mais le jeune homme se débrouille tant bien que mal. Atmosphère plus paisible pour Monique, 63 ans, elle aussi malvoyante. Lors d'un atelier céramique, elle parvient à donner forme à des objets malgré un champ de vision très réduit. Son secret ? Se fier à d’autres sens. 

Pour Mucyo, un apport en oxygène a décollé sa rétine peu après sa naissance. Monique est elle malvoyante depuis ses 7 ans. Tous les deux sont très sociables. Mais ce handicap impose des limites à leurs envies. "Je ne peux pas faire de compétiton. C'est assez frustrant", témoigne le jeune homme. Pour Monique, par contre, "le problème, c'est la dépendance à la voiture. Quand je veux aller quelque part, je dois le demander à quelqu'un".

Un quotidien compliqué

Pour mieux comprendre ces difficultés sociales, Monique nous donne rendez-vous chez elle. Alors qu'elle se fait couler un café, la senior aborde avec nous la délicate question… des moqueries. "Je subis tout le temps des moqueries. On vit avec, mais on fait semblant de ne pas les entendre", explique-t-elle. Sa maitrise fragile des outils numériques altère aussi la qualité de ses relations. "Les gens préfèrent passer par mon mari parce que ça va plus vite. Je suis frustrée de ne pas pouvoir le faire, mais c'est comme ça", déplore Monique.

De l'autre côté, pour Mucyo l’usage des réseaux sociaux est loin d’être un problème. Il dispose d'un logiciel de synthèse vocale pour l’épauler. L'application lui décrit ce qui est visible à l'écran. Mucyo est encore jeune, mais son expérience lui permet déjà de prendre un certain recul sur son handicap et sa vie sociale. "Pour les questions d'amour, par exemple, c'est plus compliqué car je dois me sentir à l'aise", explique-t-il.

Un handicap visuel qui façonne leur existence

La vue de Monique risque de se dégrader. Celle de Mucyo aussi. Mais tous les deux tiennent à démontrer qu’ils vont se battre pour une vie aussi riche que possible. L'adolescent suit des cours pour devenir agent d’accueil et n’exclut pas de se lancer ensuite dans des études de psychologie. Quant à Monique, un rendez-vous aujourd’hui lui redonne de l’espoir. Des lunettes qui modèrent la luminosité vont lui apporter un peu plus confort. "Cela va peut-être permettre d'enlever cet effet brouillard", espère-t-elle. Ce handicap visuel leur demande des efforts au quotidien et façonne leur existence. Mais ils assurent tous les deux être confiants et sereins quant à leur avenir.

 

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