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La nouvelle meute de loups identifiée en Wallonie représente-t-elle une menace? Notre enquête

Un loup a été retrouvé mort en Wallonie. C'est une première depuis son retour dans nos contrées. Il a été récemment percuté par une voiture, dans la commune de Raeren, près de la frontière allemande. Nous avons rencontré ses habitants, qui ne se sentent pas en danger. "C'est un animal qui habite dans les bois, c'est rare qu'il sorte de là", nous répond une riveraine. 

De son côté, la présidente de la Commission européenne s'est exprimée sur le sujet début septembre. "La concentration de meutes de loups dans certaines régions européennes est devenue un réel danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'homme", a estimé la responsable allemande dans un communiqué. Pour la Commission, "le retour du loup dans des régions de l'UE où il était absent depuis longtemps entraîne de plus en plus de conflits avec les communautés locales d'agriculteurs et de chasseurs, en particulier lorsque les mesures visant à prévenir les attaques sur le bétail ne sont pas pleinement mises en oeuvre". Ursula Von der Leyen s'est montrée favorable à une révision du statut d'espèce protégée accordée au loup. Il n'y a toutefois rien de concret pour l'instant.

Notons que madame von der Leyen a elle-même eu une mauvaise expérience avec le loup: en septembre 2022, l'un d'eux s'est introduit dans un enclos de la propriété de sa famille von der Leyen, dans le nord de l'Allemagne, et tué son vieux poney, Dolly. Enfin, la prise de position de la responsable allemande a été interprétée par certains comme une annonce en direction du monde rural et de son propre parti. Bref, de la communication politique.

Voyons maintenant si le loup est inoffensif pour l'homme, ou plutôt dangereux.

Rendez-vous chez un spécialiste

Pour le vérifier, nous avons pris rendez-vous avec un spécialiste. Le métier de Pascal Ghiette est de suivre au quotidien la présence du loup. Il nous emmène dans les Fagnes, dans un territoire occupé par une meute. "C'est un chemin que les loups empruntent régulièrement. Et on trouve régulièrement des traces. En hiver, on trouve des empreintes dans la neige et en été, on trouve très régulièrement des excréments", nous explique-t-il sur place. 

Il faut énormément de chance pour tomber dessus

Des loups, il en a croisé... Et à plusieurs reprises. "Il faut énormément de chance pour tomber dessus. C'est vraiment tout à fait aléatoire. Se dire que je pars le matin pour voir un loup, non, ça n'arrive pas. C'est vraiment une question de chance", affirme Pascal Ghiette, membre du "réseau loup" du Service public de Wallonie. 
 
Et de la chance, il en a eu. Ici, il a passé près de 3 heures avec un couple. Puis, surpris, il a découvert à ses pieds ces louveteaux. "C'est le seul cas où on dit qu'un loup peut éventuellement attaquer un être humain, c'est lorsqu'on est vraiment à côté de ses louveteaux. Moi, c'était mon cas et ils n'ont absolument jamais essayé de m'attaquer, absolument pas", assure-t-il. 

"Cet animal n'est vraiment pas du tout dangereux pour l'être humain. Il est excessivement craintif, donc dès qu'il repère un être humain, soit à la vue, soit à l'odeur, il va l'éviter", poursuit Pascal Ghiette.

Un danger pour nos animaux domestiques?

Pas de danger majeur pour l’homme. Mais qu’en est-il pour les animaux domestiques ? On recense, en Wallonie, 9 attaques de loups cette année... Avec des victimes. En majorité des moutons. Des cibles alléchantes pour le prédateur. Nathalie De Spa, éleveuse de moutons, en est consciente. "J'ai, jusqu'à présent, eu la chance de ne pas avoir eu mes moutons attaqués. Mais il y a quand même plusieurs éleveurs qui le sont. Bien sûr, je pense à mon troupeau et je me dis que peut-être un jour j'aurai une mauvaise surprise...", avoue-t-elle.

Pour protéger les bêtes, Sophie Clesse installe des clôtures électriques spécifiques. "On va mettre un premier fil au niveau du sol. On se place à maximum 20 cm du sol, parce que le premier réflexe du loup, ça va être d'essayer de gratter le sol et d'essayer de passer par le dessous", développe la responsable de "Wolf Fencing Team Belgium".

Une solution parmi d’autres face au danger que représente l’animal. "Ça reste un danger potentiel pour les animaux qui ne sont pas protégés. Si l'animal est protégé, pour moi, on est déjà dans une situation bien plus favorable où il y a beaucoup moins de risques. Le mieux, ce serait évidemment de protéger un maximum de personnes pour faire en sorte qu'il y ait un minimum de dégâts possibles", rajoute Sophie Clesse.

Faut-il abattre le loup?

Problème? Ces dispositifs ont un coût. Malgré des soutiens financiers, il n'est pas évident, voire impossible, de protéger l’ensemble des troupeaux. Faut-il alors abattre le loup ? Aujourd’hui déjà, son statut d’espèce protégée ne lui garantit pas la vie sauve. "Si des loups prenaient vraiment l'habitude de spécialisés sur des troupeaux domestiques, la loi permet d'avoir des dérogations pour éliminer les animaux à problèmes. Donc, c'est tout à fait possible", note Pascal Ghiette, du "réseau loup" au SPW. 

Pour le tuer, les conditions à respecter sont strictes. Doit-on aller les alléger ? Revoir son statut pour faciliter le tir ? Pour Mathieu Halford, expert en protection des élevages, c’est prématuré. 

Combien de loups chez nous?

En Wallonie, il y a pour l’instant 3 meutes installées, dont une qui vient d’être identifiée cette semaine dans les Hautes Fagnes. Une vingtaine de loups au total. Une meute en Flandre. 7 individus supposés... Auxquels se rajoutent des loups de passage. 

"On n'est qu'au début de la colonisation, donc parler de régulation des populations, c'est beaucoup trop tôt. C'est peut-être justifié dans d'autres pays, d'autres territoires... Mais pas chez nous. Et encore, c'est un sujet qui est largement débattu par rapport à l'efficacité des tirs de farouchement ou des tirs de régulation. Ce n'est pas pour autant que les attaques diminuent", souligne le conseiller "Loups et activités d'élevage" à l'ASBL NatAgriWal. 

Mais alors, l’animal peut-il occuper les forêts wallonnes l’esprit serein ? Beaucoup d’éleveurs veulent élargir les possibilités d’abattage. Souvent pour anticiper de potentiels problèmes plus importants à l’avenir. Car la population de loups devrait continuer à augmenter au fil des ans.  

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Commentaires

3 commentaires

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  • Quels est l'interet concret de leur presence apres plus d'un siecle et demi de tranquilite ? La region Wallonne deja sinistree financierement va devoir encore assumer les caprices d'illumines .

    Aspeg D
     Répondre
  • La nouvelle meute de loups identifiée en Wallonie représente-t-elle une menace? Il serait bon d'inverser le postulat et de se demander à quel point l'homme est dangereux pour cette meute..!! Car c'est lui "l'espèce dangereuse et menaçante "... Pas les loups..!!

    Gérard G
     Répondre
  • La nouvelle meute de loups identifiée en Wallonie représente-t-elle une menace? Il serait bon d'inverser le postulat et de se demander à quel point l'homme est dangereux pour cette meute..!! Car c'est lui "l'espèce dangereuse et menaçante "... Pas les loups..!!

    Gérard G
     Répondre