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Les hôpitaux sont dans le rouge vif: plus d'un établissement sur deux est en perte, et cela a un impact sur les patients

Le secteur hospitalier belge accuse, pour la première fois, une perte sur ses activités clés en 2022, révèle la 29e analyse MAHA (Model for Automatic Hospital Analyses) publiée mercredi par Belfius. Le résultat d'exploitation ordinaire est dans le rouge à hauteur de 181 millions d'euros.

Parmi les causes avancées pour expliquer cette situation, le rapport pointe l'augmentation continue de plusieurs postes clés tels que la rémunération du personnel (+14,5%), l'énergie (+62%) et les produits alimentaires (+17%). L'indexation des salaires de 8% a notamment pesé sur le budget. Les hôpitaux ont également procédé à l'embauche de 2.134 équivalents temps plein (ETP), soit une augmentation de 2% des effectifs totaux. C'est en Wallonie que le personnel a le plus augmenté, de 2,6%.    

Cette augmentation du personnel est toutefois à relativiser. En effet, le personnel soignant n'a augmenté que de 402 ETP. Entre 2018 et 2022, les hôpitaux n'ont enregistré qu'une hausse de 2.028 soignants (+3,7%). Le taux d'absentéisme, qui atteint 11,4% continue également à peser sur le bon fonctionnement des structures. En 2022, près de 2.800 postes de personnel soignant étaient à pourvoir, soit un cinquième de plus que l'année précédente.    

Sur les 86 hôpitaux généraux (les hôpitaux universitaires et cliniques psychiatriques ne font pas partie de l'étude, NDLR) inclus dans le rapport, 49 enregistrent une perte sur leur résultat d'exploitation. Vingt-quatre parviennent seulement à atteindre un résultat d'exploitation ordinaire de moins de 1% du chiffre d'affaires. "84% des hôpitaux se trouvent dès lors dans une situation précaire", estiment les auteurs du rapport. Aucune région du pays n'échappe à ce phénomène.

En tenant compte des éléments exceptionnels dans le résultat, tels que les mouvements de rattrapage des années précédentes, le résultat de l'exercice 2022 est toutefois positif, à hauteur de 37 millions d'euros. Autre phénomène jugé inquiétant, la solvabilité des hôpitaux est pour la première fois sous pression, en plus de la liquidité. Une combinaison qui, selon le rapport, "constitue un signal d'alarme pour les hôpitaux généraux". L'endettement des hôpitaux généraux continue en parallèle à augmenter et représente 32% du bilan. L'augmentation est frappante surtout en Wallonie (38,3% du total du bilan) et à Bruxelles (41,1%). "La Flandre connaît actuellement un ralentissement de la vague d'investissements dans la rénovation de ses hôpitaux. L'endettement y diminue quelque peu pour atteindre 26,1% du total du bilan", précise l'étude.    

Cette situation pèse notamment sur la capacité d'investissement des structures et l'entretien du patrimoine. Elle nuit également à la stratégie visant à encourager les hospitalisations de jour, selon le docteur Philippe Devos, président de la fédération multisectorielle des structures d'accueil et de soins (Unessa). "Les hôpitaux rencontrent des problèmes pour financer le matériel qui encourage ces hospitalisations de jour. Dans les pays plus avancés en la matière, on voit que l'on déplace une partie du matériel vers le domicile du patient. Ici, le système ne permet pas de financer cela", note le médecin.    

Les perspectives pour 2023 font également état de difficultés chroniques pour le secteur, avec un résultat d'exploitation à nouveau négatif et une poursuite de l'augmentation des frais, notamment liés au personnel et à l'énergie. "Ce désintérêt et cette méconnaissance de la situation vis-à-vis des hôpitaux ne peuvent pas continuer. Si des mesures de refinancement importantes des hôpitaux ne sont pas prises rapidement, nous allons inexorablement assister à une baisse de la qualité des soins, de l'innovation et de l'investissement, une pression accrue sur le personnel entraînant encore davantage la fuite des (futurs) personnels de santé et à une inévitable augmentation des coûts pour le patient" dénonce dans un communiqué Santhea, la fédération patronale d'institutions de soins de santé wallonnes et bruxelloises.

 

 

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Commentaires

1 commentaire

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  • La question se pose; comment est-ce possible?? à + - 1.400 € jour, par patients, une nourriture que l'on peut qualifier de "bouffe" et une seule infirmière les WE !! il doit y avoir des trous dans les tiroirs - caisse.

    Jacki Collard
     Répondre