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"On peut être appelé jusqu’à dix fois par nuit" : les médecins généralistes crient leur ras-le-bol dans les rues de Tournai

À Tournai, près de 300 médecins généralistes sont descendus dans la rue ce matin. Leur motif ? Protester contre la réorganisation des gardes de nuit. Depuis plusieurs semaines, les appels au numéro d’urgence 1733 ne sont plus triés… Un changement qui augmente considérablement leur charge de travail. 

Depuis février, les nuits de ces généralistes ont bien changé : avec deux à trois gardes par mois, la fatigue s’installe. Surtout depuis qu’ils reçoivent, sans filtre, les appels des patients. Selon Vincent Parmentier, généraliste à Beloeil, ils ont changé un système qui fonctionnait "très, très bien" pour un système visiblement moins efficace. "Actuellement, on peut être appelé jusqu’à dix fois par nuit. (…) On n’a plus de tris, donc on est sollicité toutes les nuits pour n’importe quoi".

Être réveillé entre 23h et 8h pour des futilités, c’est leur nouvelle réalité. "Une fois, c’était un enfant qui avait mal à ses doigts parce qu’il s’était un peu trop rongé les ongles. Donc vous voyez jusqu’où ça va. Quand on a une grosse journée lundi, puis qu’on est de garde et qu’on est appelé pour ça, ça va pas", déplore Jules Moulion, généraliste à Mouscron.

Parfois, il arrive à Kathleen Dewaele de faire trois quarts d’heure de route… Pour rien. "Ils n’ouvrent pas ou la visite est annulée alors qu’on est devant la porte".

Autre problématique : la sécurité des médecins lors de leurs déplacements. "Parfois, je demande à mon mari de m’accompagner ou alors, quand je sens que le patient est trop agressif, je téléphone avant à la Police pour savoir si c’est judicieux de me déplacer", raconte Dominique Cardinal, président de l’association des généralistes du Tournaisis. "C’est tout ce qu’on peut faire en préventif. On a déjà des médecins qui ont été séquestrés, qui ont été agressés".

Cette manifestation permet aussi de mettre en lumière une crainte plus générale : que le métier n’attire plus. Cette tendance s'observe par ailleurs déjà en Wallonie où la moitié des communes sont en pénurie de médecins. 

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