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Le Premier ministre britannique Boris Johnson et son homologue irlandais Leo Varadkar ont ravivé jeudi l'espoir d'un accord sur le Brexit d'ici à sa date prévue le 31 octobre, assurant entrevoir "un chemin" vers un compromis sur la question clé de la frontière irlandaise.
Sans expliquer sur le fond comment ils comptaient sortir les négociations de l'impasse de ces derniers jours, les deux dirigeants ont assuré "continuer de croire qu'un accord est dans l'intérêt de tous", dans une déclaration commune publiée à l'issue d'une rencontre dans un manoir à Birkenhead (nord-ouest de l'Angleterre), près de Liverpool.
"Ils ont convenu qu'ils pouvaient voir un chemin vers un possible accord", relève le texte.
Jusqu'alors très pessimiste, le chef du gouvernement irlandais a jugé devant la presse un accord "possible d'ici à la fin octobre". "Il reste bien sûr des problèmes à régler", a-t-il reconnu. "J'espére que ce qui s'est passé aujourd'hui sera suffisant pour permettre la reprise des négociations à Bruxelles".
L'horloge tourne: il ne reste plus qu'une semaine avant un sommet européen crucial pour éviter une sortie de l'UE sans accord aux conséquences économiques potentiellement catastrophiques le 31 octobre.
Dans cette optique, l'UE a donné jusqu'à vendredi au gouvernement britannique pour lui présenter un compromis acceptable sur la frontière et arriver à une séparation à l'amiable plus de trois ans après la victoire du "Leave" au référendum de juin 2016.
Dès vendredi matin, le ministre britannique du Brexit Steve Barclay doit rencontrer à Bruxelles le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier.
L'Irlande est une question clé, Londres et Bruxelles ne parvenant pas à s'accorder sur la manière d'éviter un retour à une frontière physique entre l'Irlande du Nord, province britannique, et la République d'Irlande, qui restera membre de l'UE, et de préserver la paix sur l'île, qui a connu plusieurs décennies de violences.
- Optimisme des marchés -
Au début de sa rencontre avec Boris Johnson, Leo Varadkar avait tweeté plusieurs photos montrant les deux hommes tout sourire.
Les dirigeants britannique et irlandais n'ont donné aucun détail sur la manière concrète dont ils comptaient surmonter les points de désaccord persistant ces derniers jours, notamment sur la manière d'éviter la mise en place de contrôles douaniers et le droit de regard donné aux autorités locales d'Irlande du Nord dans le mécanisme.
Signe de l'espoir suscité malgré tout par cette rencontre dans les milieux financiers qui craignent un "no deal", la livre sterling, sous pression ces derniers temps, s'est nettement renforcée face au dollar et à l'euro.
La principale organisation patronale britannique, la CBI, avait exhorté jeudi matin les deux parties à "mettre toute leur énergie dans un compromis".
- "Crise intérieure" -
Depuis la présentation la semaine dernière par Boris Johnson d'un plan de Brexit, rejeté par les Européens, aucun progrès majeur n'a été annoncé et les deux camps semblaient jusque là se préparer à un échec des négociations et s'en renvoyer la responsabilité.
Emmanuel Macron a qualifié jeudi le Brexit de "crise intérieure britannique, pas européenne". Qu'il y ait un accord pour une sortie de l'UE, pas d'accord ou une annulation du Brexit, "à la fin, c'est une responsabilité britannique", a ajouté le président français.
Faute d'accord le 19 octobre, une loi récemment adoptée par le Parlement britannique impose au Premier ministre de demander un report de trois mois, bien qu'il ait promis un Brexit "coûte que coûte" le 31 octobre.
Cette demande de report devra être approuvée à l'unanimité des autres Etats membres, et devra être motivée par la perspective d'élections anticipées ou d'un nouveau référendum, a souligné mercredi la secrétaire d'Etat française aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin.
Des élections anticipées semblent inévitables vu la profondeur de la crise politique dans laquelle le Brexit a plongé le Royaume-Uni, et tous les partis s'y préparent activement.
Dans un discours jeudi à Northampton, Jeremy Corbyn, le chef du principal parti d'opposition, le Labour (gauche), a promis s'il arrivait au pouvoir, de décrocher un accord de Brexit dans les trois mois et de présenter celui-ci au vote des Britanniques, ainsi que l'option de rester au sein de l'Union européenne.