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Il y a deux mois et demi, la Belgique s’est confinée pour lutter contre la propagation du coronavirus. Des mesures exceptionnelles pour éviter de saturer les hôpitaux et tenter de limiter le nombre de décès. Après un pic en avril, la situation s’est progressivement améliorée et les premières phases du plan de déconfinement ont pu se concrétiser.
Les derniers chiffres en baisse
Les derniers chiffres concernant l’évolution de l’épidémie de Covid-19 dans notre pays ont tendance à diminuer: moins de décès et moins de personnes hospitalisées. Généralement, on dépasse désormais légèrement la barre des 20 morts par jour.
Face à ces statistiques relayées quotidiennement, Yves nous pose une question via le bouton orange Alertez-nous: "Est-ce qu’un malade du virus a plus de chance de survivre aujourd’hui que s’il avait été malade en mars ? Car je me dis que malgré l’absence d’un traitement dédié, les hôpitaux parviennent peut-être mieux à soigner les malades grâce aux connaissances accumulées".
Premier facteur : le manque de places en soins intensifs
Philippe Devos, président du syndicat des médecins (Absym), souligne d’abord que deux facteurs influencent la mortalité. Le premier est les places disponibles en soins intensifs. "En mars, il n’y avait pas de souci à ce niveau-là en Belgique. L’accès à une place était garantie chez nous, on était donc soigné de la même façon, contrairement à d’autres pays où les soins de santé étaient saturés", rappelle le chef des soins intensifs au CHU de Liège.
Deuxième facteur: la connaissance du virus
Le deuxième facteur est la connaissance de ce nouveau virus. Et c’est là qu’il existe effectivement une différence. "Au début de l’épidémie, on ne comprenait pas certaines complications et réactions. Il n’y avait pas d’explications claires. Depuis un mois, grâce aux échanges internationaux entre médecins, on connaît mieux la maladie. On peut donc réagir aux soins intensifs de façon adéquate pour traiter les patients", indique le médecin.
Le Covid-19 peut notamment provoquer une réaction immunitaire excessive et des anomalies, à savoir un dysfonctionnement des organes.
"Nous sommes aguerris et on peut anticiper ce qui va arriver"
"Aujourd’hui, on anticipe par exemple le risque de thrombose, un caillot de sang dans un vaisseau. On donne donc un traitement en prévention aux patients dans un état grave. Depuis au moins un mois, on a réussi à sauver plus de malades", assure Philippe Devos.
Et l’avenir semble donc moins inquiétant même si un jour le nombre de contaminations repartait à la hausse. "Si dans un pays, il y avait une deuxième vague, la mortalité sera sûrement moins importante parce que nous somme aguerris, on connaît la maladie et on peut anticiper ce qui va arriver", prévoit le chef des soins intensifs.
Une réalité confirmée par Yves Van Laethem, infectiologue au CHU Saint-Pierre à Bruxelles. "Le management est mieux connu. Aujourd’hui, on administre quasiment à tous les malades des anticoagulants pour éviter les thromboses. On s’est rendu compte que c’est une nécessité. On ventile également mieux les patients", explique le porte-parole interfédéral pour le coronavirus.
"Mais il n’existe pas encore de traitement magique"
Malgré ces avancées au niveau scientifique, le coronavirus continue d’endeuiller des familles. On déplore toujours des décès tous les jours dans notre pays. "Malheureusement, il y a toujours des morts parce que le virus est parfois trop fort et, dans ce cas-là, on ne sait rien faire pour le moment. Il n’existe pas encore de traitement magique pour diminuer la charge virale", regrette Philippe Devos.
"Nous n’avons toujours pas d’antiviral mais sans doute bientôt une première molécule efficace d’après les Américains, le remdesivir. Ce n’est pas de l’eau bénite évidemment", souligne Yves Van Laethem.
Selon une étude menée par des chercheurs américains, cette molécule écourte la durée de rétablissement des patients atteints du Covid-19. Le remdesivir est ainsi devenu le premier médicament ayant prouvé son efficacité dans le cadre d’un essai clinique randomisé avec un échantillon négatif. Ce qui donne de l’espoir à la population du monde entier touchée par la pandémie.
A choisir, je préférerais être malade aujourd’hui qu’il y a deux mois et demi
Chez nous, une chose est sûre: la situation actuelle est en tout cas plus positive. "A choisir, je préférerais être malade aujourd’hui qu’il y a deux mois et demi. Nous avons accumulé un know-how, même si nous n’avons pas encore de traitement miracle", résume le porte-parole interfédéral pour le coronavirus.
Visible dans les statistiques ?
"Et est-ce que cela est observable dans les chiffres », demande Yves. Pour le docteur Philippe Devos, la réponse est non. "Cela ne change pas le taux de cas graves en termes de statistiques. La mortalité a diminué. Comme on a cassé l’épidémie depuis 15 jours, le nombre de décès baisse. Mais ce n’est pas possible de démonter une différence statistique significative", estime le président du syndicat des médecins.
De son côté, Yves Van Laethem trouve cette question intéressante mais souligne également que ce n’est pas "observable dans les statistiques" délivrées jusqu’à présent par Sciensano, l'institut de santé publique belge.