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Covid-19: le tocilizumab n'est pas efficace contre les formes graves

Le médicament suppresseur tocilizumab, utilisé contre la polyarthrite rhumatoïde, n'est pas efficace pour soigner les patients gravement atteints par le Covid-19, selon les résultats d'un essai clinique publié jeudi.

Cet essai a dû être arrêté prématurément par précaution en raison d'une proportion de décès plus importante chez les patients qui recevaient ce traitement, sans pour autant que cela puisse être attribué au médicament.

Ces résultats contredisent d'autres études, observationnelles celles-là (aucune comparaison n'avait été faite entre des patients recevant le traitement et d'autres ne le recevant pas) et donc avec un niveau de preuve moins élevé. Elles suggéraient que le tocilizumab pouvait apporter un bénéfice.

Début janvier, le ministre de la Santé britannique Matt Hancock s'était appuyé sur ce type d'études pour annoncer que les patients hospitalisés en soins intensifs pourraient recevoir du tocilizumab.

L'étude publiée jeudi dans la revue médicale BMJ porte sur 129 patients hospitalisés au Brésil, tous dans un état grave.

Soixante-cinq patients ont reçu du tocilizumab en plus des soins classiques, et 64 n'en ont pas reçu, pour pouvoir comparer (on appelle cela le "groupe contrôle").

Au bout de 15 jours, 28% des patients sous tocilizumab étaient soit placés sous ventilation artificielle soit décédés, contre 20% dans l'autre groupe.

En outre, 17% des patients sous tocilizumab sont morts d'une défaillance respiratoire aiguë ou d'une défaillance de plusieurs de leurs organes, contre 3% dans l'autre groupe. Cette différence a poussé les chercheurs à interrompre l'essai.

"Prendre du tocilizumab en plus des soins standard n'a pas été efficace pour améliorer l'état clinique des patients à 15 jours, et pourrait augmenter la mortalité", concluent les auteurs de l'étude.

Ils pointent toutefois le fait que le nombre peu élevé de patients inclus dans cet essai est une limite importante à leurs travaux, qui empêche de tirer une conclusion définitive.

En outre, "la proportion de 3% de patients décédés dans le groupe contrôle est anormalement basse chez les malades graves du Covid", a relevé un scientifique qui n'a pas participé à l'étude, Peter Horby, cité par l'organisme britannique Science Media Centre.

"Ce taux bas de décès pourrait être dû au hasard, ce qui pourrait avoir affecté les résultats", a poursuivi le Pr Horby, de l'université d'Oxford.

Ce chercheur est l'un des responsables du vaste essai britannique Recovery, qui évalue l'efficacité de plusieurs traitements, dont le tocilizumab, mais à plus large échelle, sur plusieurs milliers de patients.

Des chercheurs espèrent depuis des mois que le tocilizumab puisse lutter contre le phénomène inflammatoire responsable des cas les plus graves de Covid-19. Mais jusqu'à présent, les études n'ont pas permis d'apporter une réponse catégorique.

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