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Covid-19: à Lyon, patients plus jeunes en "réa", soignants "à bout de souffle"

Alors que la quatrième vague de Covid-19 tend vers un léger fléchissement en France, les services de réanimation de l'hôpital Lyon-Sud ne désemplissent pas pour autant, avec des patients "plus jeunes et non-vaccinés" touchés par le variant delta ainsi que des soignants "à bout de souffle".

Dans un des bâtiments de l'imposant centre hospitalier de 80 hectares répartis sur trois communes proches de Lyon, près de 40% des 41 lits des trois unités de réanimation et de surveillance continue sont occupés par des cas graves liés au virus.

"C'est une maladie gravissime et pas une +petite grippe+ comme on peut l'entendre de part et d'autre", s'agace Anne-Marie Poirault, cadre de santé dans l'unité "Réa Nord" dédiée uniquement au Covid-19.

La dernière accalmie, début juillet, a été de brève durée. Le visage grave, cette responsable supervise actuellement douze malades, huit hommes et quatre femmes, pour beaucoup "des trentenaires" ne "souffrant pas forcément d'antécédents de pathologies chroniques". Autour d'eux, s'affairent en journée une vingtaine de médecins et d'infirmiers, protégés des pieds à la tête par des équipements spéciaux.

Onze des patients, nus sous leur blouse, gisent inertes sur leurs lits, oxygénés, intubés voire sous sédatif. Aucun d'entre eux n'est vacciné. Cinq soignants se mobilisent "deux fois par jour" pour les retourner sur le ventre pour faciliter leur respiration.

Seule la douzième personne alitée est parfaitement consciente, ouvre les yeux et semble récupérer. Cette jeune femme avait reçu une des deux doses du vaccin avant d'être contaminée et prise en charge.

Chez les patients traités à la "Réa Nord", quelques jours ou quelques mois, on trouve généralement celui "qui allait se faire vacciner" avant d'attraper le virus, celui qui "a très peur du vaccin ARN" au point de le refuser ou encore celui "qui regrette" de n'avoir rien fait "parce qu'il ne s'est pas senti en danger", détaille le Dr Olivia Vassal, du service d'anesthésie-réanimation à Lyon-Sud (HCL). Et avant tout, une "population jeune".

"L'hôpital à bout de souffle"

"Dans nos services de réanimation, on n'a clairement plus la population âgée qu’on avait au début, puisque c’est la population qui est majoritairement vaccinée", souligne le chef du service, le professeur Vincent Piriou, également responsable du pôle d'activités médicales (PAM) des urgences.

"Pour la vaccination, le seul discours, c'est que ça marche !", insiste-t-il.

A l'heure de la quatrième vague, un tiers des patients Covid-19 en réanimation à Lyon-Sud décède. Un tiers s'en sort avec des séquelles "majeures" et le reste sans conséquences graves, selon les dernières données du centre hospitalier.

Sur le site, il y a une forme d'unanimité "avec plus de 90% du personnel vacciné", selon le Pr Piriou. Cette tendance de fonds permet une continuité des soins, malgré le flux tendu.

"On a pu absorber cette 4e vague car il y a un amortissement lié au vaccin", une affluence moindre en réanimation, explique le responsable. Lors de la première vague, il avait fallu ouvrir jusqu'à 51 lits de réanimation Covid. Non sans casse.

"Concrètement l’hôpital est à bout de souffle", déplore Anne-Marie Poirault, évoquant des "arrêts-maladies" en cascade parmi un personnel de réanimation "épuisé" qui "n'arrive plus à revenir" ou qui "démissionne" pour beaucoup.

"Nous n’arrivons plus à recruter par le biais des intérims (...) Si jamais, il y a une vraie vague comme la première, deuxième et troisième vague, je ne sais pas comment on arrivera à se réadapter pour accueillir tous les patients", dit-elle.

En France, le nombre d'hospitalisations dues au Covid-19 reste stable, autour de 10.500, et celui des contaminations continue sa lente décrue, avec 2.224 patients actuellement en réanimation, soins intensifs ou unité de surveillance continue, selon les chiffres officiels.

Sur 58 millions de Français éligibles, un cinquième ne sont pas vaccinés contre le Covid-19, soit parce qu'ils n'ont reçu pour l'heure qu'une première dose, soient parce qu'ils n'en ont reçu aucune.

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