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Crack : les mairies de Paris, Pantin et Aubervilliers saisissent la justice

Les mairies de Paris, Pantin et Aubervilliers, ainsi que le département de Seine-Saint-Denis, annoncent avoir saisi mercredi le tribunal administratif pour obliger l'Etat à une prise en charge médico-sociale des consommateurs de crack installés depuis septembre dans un square porte de la Villette.

La requête en référé "mesures utiles", que les quatre collectivités disent avoir déposé devant le tribunal administratif, vise à enjoindre l'Etat de prendre "des mesures d'urgence afin de résoudre la situation très préoccupante à laquelle nous assistons depuis des mois porte de La Villette", a déclaré Nicolas Nordman, l'adjoint (PS) à la sécurité de la maire de Paris Anne Hidalgo, lors du conseil municipal.

L'État doit, "à titre provisoire et conservatoire", proposer "un hébergement d'urgence permettant une prise en charge médico-sociale des toxicomanes installés dans les XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements de Paris et à la lisière de la Seine-Saint-Denis, ou, à tout le moins, toute mesure utile permettant de préserver la santé, la dignité des personnes concernées ainsi que leur sécurité et celle des riverains", estiment les collectivités dans un communiqué commun.

Depuis septembre et le déplacement de ces 150 à 200 toxicomanes afin de soulager les Jardins d'Eole (XVIIIe), précédent point de regroupement, "l'inertie des pouvoirs publics étatiques est patente alors qu'ils sont compétents tant en matière sanitaire (...) qu'en matière d'hébergement d'urgence ou d'ordre public", estiment encore les collectivités.

Le 1er février, les services de l'Etat avaient annoncé le financement de 70 places d'hébergement supplémentaires pour ces toxicomanes, correspondant au nombre de toxicomanes dormant en permanence sur place, et portant à 510 le nombre de places totales financées par le plan crack.

Fin janvier, le préfet de police Didier Lallement avait annoncé vouloir déplacer ce même groupe de toxicomanes du nord-est parisien, leur quartier historique, vers une friche ferroviaire de Bercy (sud-est). Il avait renoncé trois jours plus tard devant la "virulente opposition" de la mairie de Paris, rejointe par les élus de droite du Val-de-Marne.

Présent au Conseil de Paris pour les questions d'actualité, M. Lallement a fustigé l'action en justice entreprise par la mairie de Paris. "Vous ne pouvez pas à la fois appeler à des solutions communes et en même temps expliquer qu'il y a un débat devant les tribunaux. Je ne comprends plus rien et j’en suis navré", a-t-il déclaré.

"La chose est très simple à comprendre, nous mettons en cause la non-action de l'Etat", lui a répondu Mme Hidalgo, assise juste à côté.

L'échange tendu avait commencé quand Mme Hidalgo a mis en cause l'action du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans ce dossier: "Le Premier ministre a arbitré une position qui consiste à dire: +il faut une approche globale+, et puis nous avons un problème puisque cette solution n’est pas soutenue par le ministre de l'Intérieur."

"Nous n'avons pas le soutien de la force de police nécessaire à faire vivre des lieux dans lesquels on peut à la fois sécuriser les riverains et accompagner les personnes toxicomanes", a ajouté la candidate du PS à l'élection présidentielle.

"Je ne peux pas, madame la maire, vous laisser mettre en cause publiquement le ministre de l'Intérieur", un "excellent ministre de l'Intérieur qui fait son travail", a répondu M. Lallement.

"Vous n'avez aucun élément qui vous permette de juger de sa loyauté et vous n'êtes pas juge de sa loyauté au sein du gouvernement", a encore dit le préfet.

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