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Euro: ce parfum de "Nuits magiques" qui fait du bien à l'Italie

Grâce au bel Euro des "Azzurri", il flotte en Italie un petit parfum de "Nuits magiques", ces soirées du Mondial-1990 à domicile restées dans la mémoire collective, nourries cette année de l'envie de se rassembler de nouveau après plus d'un an de pandémie.

Ces "nuits magiques, à la poursuite d'un but", mantra tiré de la chanson-hymne du Mondiale 90 "Un'estate italiana", il est difficile d'y échapper depuis le début de l'Euro, lancé au Stadio Olimpico de Rome le 11 juin.

Seulement cinq joueurs de la Nazionale actuelle étaient nés lorsque l'Italie a accueilli en juin 1990 la Coupe du monde dans une effervescence générale et la confiance absolue d'une victoire à venir des "Azzurri". Et pourtant, tous ont adopté cet hymne, le chantant dans leur bus ou pour leurs supporters devant leur hôtel à Rome.

La chanson, composée par la légende italienne Giorgio Moroder, est aussi à la mode sur Spotify, avec des écoutes en hausse de 142% pendant l'Euro par rapport au mois précédent, selon la plateforme de streaming.

Au-delà de ce refrain entêtant, les rassemblements de plus en plus importants pour célébrer les victoires de la Nazionale, malgré les craintes encore bien présentes liées à la pandémie, rappellent aussi des jours oubliés.

En Italie, plus que le titre mondial de 2006 remporté dans un climat pollué par le scandale du Calciopoli, c'est bien le Mondiale 90 qui reste la référence. Même si, cette année-là, l'Italie s'était arrêtée en demi-finale devant l'Argentine de Diego Maradona.

- "Grand moment de partage" -

Le Mondial-1990, dernière grande compétition organisée en Italie, "a été pour l’Italie le couronnement d’une décennie de grande croissance économique, pour un pays sorti des années de plomb, et qui repartait", explique à l'AFP Matteo Fontana, auteur d'un récent livre sur le sujet.

"C'est un sentiment qui est resté, comme une histoire commune, l'attachement à une certaine +italianité+. Dans ce pays qui a tant de divisions, ce fut pendant quelques semaines un grand moment de partage collectif, qu'on un peu avec cet Euro", ajoute-t-il.

Le joli parcours des "Azzurri", en finale dimanche contre l'Angleterre à Wembley, est aussi l'une des premières grandes occasions de se rassembler pour les Italiens et les tifosi après un an et demi de restrictions et des stades à huis clos.

"Il y a une inévitable rhétorique de la guérison dans ce juillet de football qui remplit les rues dans une longue fête, avec une certaine prudence mais un sentiment général de soulagement", a estimé l'écrivain Michele Serra dans un éditorial dans la Repubblica.

"De tous les rites de masse à nouveau possibles (vacances, vie nocturne, restaurants...), aucun n'est en mesure de mettre en harmonie le pays comme le sport. On ne part pas en vacances ensemble sous le même parasol, mais à l'inverse on hurle +but!+ tous ensemble", a-t-il écrit cette semaine.

- "Un nouveau début"? -

Tout premier pays en Europe à avoir connu un foyer de contagion de Covid-19 au premier trimestre 2020, l'Italie est l'un des pays les plus gravement frappés par la pandémie.

Et le "soulagement" a été perceptible devant les écrans géants de la fan-zone de Rome, malgré une jauge limitée à 2.000 personnes maximum, comme à l'Olimpico lors des matches de l'Italie devant 16.000 spectateurs.

La plus belle de ses nouvelles "nuits magiques", l'Italie l'espère dimanche pour la finale, même si le gouvernement a appelé à la prudence en préconisant le port du masque, "même en extérieur, où il y a un risque de rassemblement".

"L’importance du moment actuel dans la mémoire collective, on ne le mesurera vraiment qu'avec le temps, mais je crois que cela restera", dit à l'AFP Furio Zara, journaliste à la RAI, auteur également d'un livre sur les "Nuits magiques" de 1990.

"Après tout ce qu’on a vécu, avec la douleur, le confinement, je crois qu'on s'en rappellera comme d'un nouveau début. Et une victoire pourrait coïncider avec le sentiment d'une confiance et d'un optimisme nouveaux", ajoute-t-il, avant que les Italiens ne s'en retournent vers leurs clubs favoris: "En Italie on s'intéresse surtout à la Nazionale pendant les grands tournois et puis on l'oublie. Dès la semaine prochaine, chacun s'intéressera de nouveau aux clubs et au mercato."

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