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Gaz: Berlin et Vienne activent un plan d'urgence en cas de coupure russe

L'Allemagne et l'Autriche se préparent au risque d'un arrêt des livraisons de gaz russe entraînant d'éventuelles pénuries, et ont activé mercredi un dispositif d'alerte en trois étapes pour gérer au plus près leur approvisionnement.

Les deux pays s'organisent pour le cas où la Russie décide de ne plus honorer les contrats gaziers des clients qui refusent de régler leur facture en roubles, comme exigé par le Kremlin en riposte aux sanctions occidentales.

Vienne et Berlin ont déclenché mercredi le premier niveau d'un plan d'urgence qui en compte trois. Il s'agit pour l'Autriche de "garantir une réaction rapide" en cas d'arrêt des livraisons, selon le chancelier Karl Nehammer.

En Allemagne, une "cellule de crise" est désormais en place, a indiqué le ministre de l'Economie Robert Habeck, lors d'une conférence de presse.

Toutefois "la sécurité de l'approvisionnement" est à ce stade garantie en Allemagne où les réserves de gaz sont remplies à 25%, a-t-il précisé, insistant sur le caractère "préventif" du dispositif activé. En Autriche, le niveau des stocks se situe à 13% de la capacité.

"Le gaz et le pétrole arrivent actuellement conformément aux commandes", a détaillé M. Habeck.

- Hôpitaux prioritaires -

Au premier niveau du plan dit "d'alerte précoce", les fournisseurs de gaz et les exploitants des gazoducs sont "tenus d'évaluer régulièrement la situation" et d'en informer le gouvernement, a précisé Berlin. Mais l'État n'intervient pas encore.

Ce n'est qu'au troisième niveau que les pouvoirs publics prendraient des mesures pour "réguler" la distribution. Les entreprises peuvent subir un rationnement.

Un statut d'exception est prévu pour les ménages et certains acteurs essentiels (services publics, hôpitaux, etc.) dont l'approvisionnement, notamment pour le chauffage, est garanti.

L'Italie se trouve depuis le 27 février en "pré-alerte" concernant les fournitures de gaz, mesure permettant "un suivi permanent de la situation énergétique nationale", selon le gouvernement.

Rome n'envisage pas pour le moment de passer au stade suivant, celui "d'alerte", a indiqué l'agence AGI, citant des sources gouvernementales.

La France se prépare aussi à de possibles coupures ciblées de gaz chez d'importants consommateurs en cas d'arrêt du flux russe et un projet de décret vise à organiser ce délestage.

Jeudi, la Banque centrale et le gouvernement russes, ainsi que l'entreprise Gazprom, doivent présenter le nouveau système de paiement en roubles.

Se voulant rassurant, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé mercredi que ce passage à un paiement en devise russe se ferait progressivement et n'entrerait pas intégralement en vigueur dès cette semaine.

Vladimir Poutine a lui affirmé au chancelier allemand Olaf Scholz que le paiement en roubles ne devait pas désavantager les acheteurs européens de gaz russe.

Les pays du G7 et l'UE ont qualifié d'inacceptable la demande du président russe.

"Nous n'allons pas accepter de violation des contrats de livraison", a réitéré mercredi M. Habeck.

Ne pas se soumettre à cette exigence fait prendre le risque d'une interruption unilatérale des approvisionnements en gaz, le scénario que l'Europe, dépendante des hydrocarbures russes, cherche à tout prix à éviter depuis le début de la guerre en Ukraine.

- Dépendance allemande -

Berlin, qui se fournissait avant la guerre à plus de 55% auprès de la Russie, a déjà réduit cette part à 40% et multiplie les démarches pour trouver d'autres fournisseurs.

Mais l'Allemagne n'envisage pas de pouvoir se passer de gaz russe avant mi-2024 et est fermement opposée à l'embargo immédiat sur les hydrocarbures demandé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs pays comme la Pologne.

A défaut d'embargo, Varsovie a demandé mercredi à l'Union européenne d'introduire une taxe sur les importations de gaz, de pétrole et de charbon russes, qui pénaliserait les clients de Moscou.

Renoncer aux livraisons de gaz ou de pétrole en provenance de Russie "du jour au lendemain" reviendrait à "plonger notre pays et toute l'Europe dans la récession", avait averti Olaf Scholz.

"Des centaines de milliers d'emplois seraient menacés. Des secteurs industriels entiers seraient en difficulté", avait-il mis en garde.

Pour préparer l'hiver prochain, une loi votée vendredi par le parlement allemand oblige les fournisseurs de gaz à remplir leurs réservoirs progressivement jusqu'à 90% d'ici à décembre.

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