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A l'heure des attaques personnelles et des querelles partisanes, le parcours de l'ancienne Première dame Barbara Bush, décédée mardi à 92 ans, rappelle à la bulle politique de Washington l'importance des valeurs qu'elle incarnait: la pudeur et l'élégance.
Les responsables politique de tous bords ont rendu hommage à "la Première Grand-Mère" de l'Amérique, connue pour ses cheveux blancs et son style vestimentaire bourgeois.
Son mariage de 73 ans avec George H.W. Bush, plus longue union présidentielle de l'histoire américaine, a renforcé son image de partenaire loyale et honnête, dans une ville où l'hypocrisie est monnaie courante chez les politiques.
"Il est important que les gens aient à l'esprit la dignité, le civisme et l'élégance qu'elle a apportés à la vie publique", a expliqué à l'AFP John Cornyn, numéro deux des républicains au Sénat.
"Il est rassurant de se souvenir qu'il y a des gens comme elle, son mari et sa famille qui placent la barre très haut", a ajouté l'élu du Texas, Etat d'adoption de Barbara Bush.
Une barre que ne parvient pas à atteindre la vie politique actuelle, rythmée par les invectives et les insultes du président Donald Trump.
Le démocrate Patrick Leahy, doyen du Sénat, se souvient d'une époque où le respect était de mise même en cas de désaccord politique, comme cela a souvent été le cas entre lui et le républicain George H.W. Bush (président de 1989 à 1993).
"Ma femme comme moi avons énormément d'estime pour eux", explique l'élu du Vermont, qui siège au Congrès depuis 1975.
"Beaucoup de gens aiment parler des valeurs familiales, mais ils n'appliquent pas leur discours", ajoute-t-il.
- "Dignité et civisme" -
Après son départ de la Maison Blanche, Barbara Bush a cherché à rapprocher démocrates et républicains, expliquant notamment sur la radio nationale NPR en 1994 que les partis devraient être "très inclusifs, et non exclusifs".
Pour l'ancienne représentante républicaine Connie Morella, la personnalité "humble" de Barbara Bush, sa candeur et son approche diplomatique, sa disposition à trouver des compromis et son respect manquent au Congrès actuellement.
"Maintenant, c'est comme si on était en pleine guerre tribale", a déclaré jeudi l'ancienne représentante américaine à l'OCDE, choisie en 2003 pour ce poste par le président George W. Bush, le fils de Barbara.
"Ils ne se connaissent pas, donc c'est impossible pour eux de se respecter", a-t-elle ajouté.
Pour la cheffe de la minorité démocrate à la Chambre des représentants Nancy Pelosi, qui a fait son arrivée au Congrès quand George Bush père était président, l'ancienne Première dame "apportait de la dignité, du civisme et de l'esprit à tout ce qu'elle faisait".
Des qualités qui détonneraient avec le ton abrasif, et parfois corrosif, utilisé de nos jours à Washington.
Le sénateur républicain Bob Corker, qui a déjà été la cible de tweets rageurs du président Trump, se souvient d'une visite de George et Barbara Bush chez lui, dans le Tennessee, en 2000.
"Il n'y avait pas de fanfare mais beaucoup d'humilité", détaille-t-il. Est-ce qu'une telle approche pourrait encore être synonyme de succès de nos jours dans la capitale fédérale? La réponse est sans appel: "Oh mon Dieu, oui".