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"Je viens pour me rassurer": dans les Ardennes, démarrage timide du dépistage

La campagne de dépistage "massif" dans les Ardennes peine à décoller quatre jours après son lancement, mais Denise Gelin, 84 ans, en a quand-même profité, soucieuse de ne prendre aucun risque pour elle et sa famille: "Noël approche. Je me fais tester."

Comme environ 1.500 Ardennais depuis lundi, Mme Gelin a pris jeudi, dans la petite ville de Vrigne-aux-Bois, le chemin d'un des huit gymnases transformés en centres de prélèvement Covid mis en place par Ardenne Métropole sur son territoire.

"A Vrigne-aux-Bois, nous enregistrons environ une soixantaine de personnes par jour", explique Yannick Jallet, maire-adjoint de cette commune à la campagne de 3.600 habitants, située entre Charleville-Mézières et Sedan. "Ceux qui viennent, ce sont les plus prudents", estime-t-il.

A 15 heures jeudi, ils sont une quinzaine à attendre l'ouverture des portes du gymnase Pierre Bérégovoy.

"Ma femme est passée hier. Elle n'a pas le Covid. Je viens aujourd'hui pour me rassurer, pour être sûr de ne rien avoir", explique Rabah Benchilla, 73 ans. "Ma fille vient pour Noël avec nos trois petits-enfants", murmure-t-il.

A quelques mètres de là, Claudie Leplan, 63 ans, est elle aussi en attente de son test antigénique.

"Je prends bientôt l'avion pour aller voir mes enfants dans le sud. C'est plus prudent", justifie-t-elle. Et si elle est positive ? La réponse fuse: "je ne pars pas!".

"C'est fluide, mais le dispositif monte en puissance. Plus on approchera de Noël ou du jour de l'An, plus les gens viendront se faire tester", veut croire Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières et président d'Ardenne Métropole, lui aussi en attente du résultat de son test, qui a milité pour cette campagne se voulant à grande échelle.

- "Seule réponse" -

Mais à ce stade, le dépistage ardennais n'a de massif que le nom.

Depuis le début de l'opération lundi, 1.477 personnes seulement se sont présentées dans les huit centres. S'y ajoutent 465 testées dans diverses entreprises du département, alors que les autorités espéraient toucher "entre 15 et 20% de la population ardennaise soit environ 50.000 personnes" sur douze jours, répartis en trois phases en décembre. La première phase doit s'achever vendredi.

Pas de quoi aujourd'hui enrayer une pandémie en pleine expansion dans le département: le 9 décembre, 9.810 cas positifs avaient été recensés par l'Agence régionale de santé Grand Est. Mercredi, ils étaient 10.794. Entre ces deux dates, le taux d'incidence est passé de 229 cas pour 100.000 habitants à 329,5.

Pour M. Ravignon, le dépistage massif demeure en tout cas "la seule réponse" à l'épidémie, tablant sur la mobilisation des élus comme des habitants.

A Vrigne-aux-Bois, ce sont trois bénévoles, conseillers municipaux d'un village voisin, qui accueillent les nouveaux entrants d'un jet de gel hydroalcoolique avant de les diriger sur un parcours soigneusement balisé de rubans de chantier.

Après vérification des identités et signature d'un document administratif, les entrants se dirigent vers six élèves infirmières réquisitionnées pour l'occasion, en sur-blouses blanches. "Cela nous apporte de l'expérience" relève l'une d'entre elles, retournant rapidement à sa tâche.

"Ce dépistage, c'est très bien. Heureusement qu'il y a des actions comme celle-là" défend aussi Claudie Leplan.

"Globalement, les gens pensent qu'il s'agit d'une bonne initiative", confirme M. Ravignon.

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