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La Fed se réunit entre espoir lié aux vaccins et perspectives sombres pour l'hiver

La Banque centrale américaine (Fed) donnera mercredi ses prévisions pour l'économie américaine, deux jours après les premières vaccinations contre le Covid-19 aux Etats-Unis, et pourrait agir sur les marchés obligataires pour éviter une hausse des taux à long terme.

Mardi et mercredi, au cours de sa dernière réunion de 2020, la Réserve fédérale pourrait ainsi, comme elle l'a promis à maintes reprises, venir à la rescousse d'une économie à la peine.

"Alors que la dynamique économique ralentit et que les cas de Covid augmentent, nous pensons que les responsables de la politique monétaire vont fortifier le pont qui soutient l'économie jusqu'à ce que les vaccins deviennent largement disponibles", a souligné Kathy Bostjancic, d'Oxford Economics, dans une note.

L'arrivée des vaccins permet en effet de voir enfin la lumière au bout du tunnel, mais il faudra des mois pour atteindre l'immunité collective, et en attendant, l'hiver s'annonce rude.

Les cas de Covid-19 atteignant aux Etats-Unis des niveaux jamais vus, et l'aide financière nécessaire pour permettre aux ménages et entreprises de garder la tête hors de l'eau tarde à arriver, les élus du Congrès ne parvenant pas à s'entendre.

- Soutien monétaire -

Kathy Bostjancic s'attend ainsi "à ce que la Fed prolonge la maturité de ses achats de bons du Trésor pour fournir plus de soutien monétaire".

En effet, détenir ces obligations pendant une période longue permet de maintenir des taux bas. Une action complémentaire et qui permet d'agir à plus long terme que l'abaissement des taux, à laquelle la Fed avait immédiatement eu recours en mars, lorsque la pandémie s'était étendue dans le pays.

Elle les avait alors abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25, et assuré qu'elle les y maintiendrait tant que nécessaire, sans doute pendant plusieurs années. Ces taux déterminent le coût des prêts consentis par les banques commerciales à leurs clients, pour soutenir la consommation.

"L'objectif principal de la Fed, je pense, sera de s'assurer que les marchés comprennent qu'elle ne veut pas que le marché obligataire fasse monter les taux d'intérêt à long terme", a également dit à l'AFP David Wessel, économiste pour la Brookings Institution.

Lors de leur dernière réunion, en novembre au lendemain de l'élection présidentielle, les membres du comité monétaire de la Fed avaient fait état de leur intention d'accroître les achats de bons du Trésor et de produits financiers adossés à des prêts immobiliers (MBS).

La Fed y a massivement recours depuis l'émergence de la pandémie en mars, afin d'inciter les banques à continuer à prêter malgré le risque de voir les emprunts non remboursés et à se prêter de l'argent entre elles.

- Une semaine après la BCE -

"Les traders obligataires se concentrent sur le potentiel pour (la Fed) d'élargir la maturité moyenne ou non", relève Karl Haeling, analyste pour LBBW.

Pour lui, cette réunion devrait "servir de rappel aux investisseurs (...) (que) la Fed et les autres grandes Banques centrales +ont les épaules+ pour fournir plus de soutien si nécessaire".

Une semaine plus tôt, la Banque centrale européenne (BCE) avait ainsi renforcé son soutien à l'économie de la zone euro, en musclant son programme de rachats de dette privée et publique (PEPP).

Les responsables de la politique monétaire des Etats-Unis se réunissent au moment où 19 millions d'Américains qui ont perdu leur emploi ou leurs revenus vivent grâce aux allocations chômage et aux aides du gouvernement fédéral. Mais une large partie d'entre eux risque de se retrouver sans ressource au lendemain de Noël, car ces mesures expirent.

Joe Biden, qui prendra ses fonctions à la Maison Blanche en janvier, a insisté sur l'urgence, et a d'ores et déjà indiqué qu'un vaste plan de relance serait la priorité de sa future secrétaire au Trésor Janet Yellen, l'ancienne présidente de la Fed.

Le Produit intérieur brut (PIB) de la première économie du monde s'était contracté de 5% au premier trimestre et avait enregistré un plongeon historique de 31,4% au deuxième trimestre, en rythme annualisé, avant de connaître un rebond tout aussi inédit de 33,1% au troisième trimestre.

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